FILI D'AQUILONE
rivista d'immagini, idee e Poesia

Numero 69
marzo 2025

Identikit

 

MONOLITHES . CONTEMPLATIONS
MONOLITI . CONTEMPLAZIONI

di Estelle Dumortier



La lumière est posée sur chaque feuille et l’ombre sur chaque dalle.
Le silence est un espace.
Une phrase rompt la monotonie et se livre à chacun de ses états qu’on appelle proies.
On marche avec sa propre dépouille.
Derrière la bouche les mots guettent ou s’effondrent.
Les enfants crient en jouant au ballon. Un chien aboie.
En même temps.

20 octobre 2024

Une mélodie bondit dans les veines et aux parois ricoche.
Les émotions du passé se bousculent mais n’ont plus de visage.
Un récit sans mots commence avec la première danse. Une main bat la mesure.
Les rapaces volent bas dans le ciel et les murs brisent le vent.
On s’avance dans le jour comme une cible.
Par accident.

22 octobre 2024

La luce è adagiata su ogni foglia e l’ombra su ogni lastra.
Il silenzio è uno spazio.
Una frase spezza la monotonia e si abbandona a ciascuno dei suoi stati che si chiamano prede.
Si cammina con la propria spoglia.
Dietro la bocca le parole scrutano o crollano.
I bambini urlano giocando a pallone. Un cane abbaia.
Nello stesso istante.

20 ottobre 2024


Una melodia schizza nelle vene e rimbalza sulle pareti.
Le emozioni del passato si accalcano ma non hanno più volto.
Un racconto senza parole inizia con la prima danza. Una mano batte il tempo.
I rapaci volano bassi nel cielo e i muri spezzano il vento.
Avanziamo nel giorno come un bersaglio.
Per sbaglio.

22 ottobre 2024


La peau des choses est une silhouette. Le monde est plein de silhouettes.
Rien n’est aussi proche des os de la mère que l’enfant à naître.
On ramasse ce qu’on peut de lettres pour combler les non-dits.
La biche surprise dans la lumière du soir n’ose bouger. Elle regarde le regard et bientôt ses yeux dans la nuit seront des phares.
Une phrase se retourne qu’on n’avait pas su prononcer dans ses restes vacille.
Il y a de plus en plus de corps.
Réversibles.

25 octobre 2024

Une plainte se lève.
L’ampoule grésille à la table.
Les récits sont hantés par les chutes.
On se demande si tout a une place.
Il y a autant de voix que de corps mais on ne sait pas reconnaître un animal à sa voix.
Un moustique dans une chambre empêche de dormir. Les montagnes poussent et s’effondrent.
Pendant que l’espace-temps continue de courber.

27 octobre 2024

La pelle delle cose è una siluetta. Il mondo trabocca di siluette.
Nulla è così vicino alle ossa della madre quanto il bambino in procinto di nascere.
Si raccoglie quel che si può di lettere per colmare i non detti.
La cerva sorpresa nella luce della sera non osa muoversi. Guarda lo sguardo e presto i suoi occhi saranno fari nel buio.
Una frase si capovolge e noi incapaci di esprimerla nei suoi scarti traballa.
Vi sono sempre più corpi.
Reversibili.

25 ottobre 2024


S’innalza un gemito.
La lampadina sfrigola al tavolo.
I racconti sono infestati dalle cadute.
C’è da chiedersi se tutto abbia un posto.
Ci sono tante voci quanti corpi ma non si sa riconoscere un animale dalla voce.
Una zanzara in una stanza impedisce di dormire. Le montagne crescono e crollano.
Mentre lo spazio-tempo continua a curvarsi.

27 ottobre 2024


Le feu est une pyramide. Les icebergs aussi.
Les vents tiennent le ciel.
Le givre a sorti ses couteaux.
On se demande où vont les rêves oubliés. S’il existe un cimetière des rêves.
Un mot en appelle un autre et les bêtes sortent du bois entre chien et loup.
Nous guettent.
Tant que les morts ne tombent pas du ciel.

29 octobre 2024

La phrase est une saignée.
L’arc-en-ciel une couture.
Un nouveau-né nous oblige.
Quelque chose de fragile arrive et meurt tous les jours.
Aussi sûrement qu’un angle blesse l’espace.
Qu’un point arrête une phrase.
En silence.

30 octobre 2024

Il fuoco è una piramide. Anche gli iceberg.
I venti sorreggono il cielo.
La brina ha sguainato i suoi coltelli.
Ci si chiede dove vanno i sogni dimenticati. Se esiste un cimitero dei sogni.
Una parola ne chiama un’altra e le bestie escono dal bosco all’imbrunire.
Ci scrutano.
Finché i morti non cadono dal cielo.

29 ottobre 2024


La frase è un sanguinare.
L’arcobaleno una cucitura.
Un neonato ci costringe.
Qualcosa di fragile arriva e muore ogni giorno.
Così sicuramente quanto un angolo ferisce lo spazio.
Quanto un punto chiude una frase.
In silenzio.

30 ottobre 2024


Les mots sont des serments. Sont des ordres aussi.
Les armoires débordent.
Un barrage cède.
On voudrait déposer ses armes comme ses inquiétudes.
Les yeux de la plupart des poissons jamais ne se ferment.
Une vague ne meurt pas sur une plage.
S’obstine.

1er novembre 2024

Une voix trahit le silence. Un récit s’ouvre.
Une personne dessine ce qu’elle a devant ses yeux qui ne sont pas ses yeux.
Les photographies sont les restes de nos souvenirs.
On achève bien les bêtes.
La table du festin n’est pas débarrassée.
On visite les châteaux et leurs ruines.
Deux comètes se fracassent au fond du ciel qui n’est pas encore arrivé.

3 novembre 2024

Le parole sono giuramenti. E anche ordini.
Gli armadi esondano.
Una diga si sgretola.
Vorremmo deporre le armi come le proprie inquietudini.
Gli occhi della maggior parte dei pesci non si chiudono mai.
Un’onda non muore s’una spiaggia.
S’impunta.

1° novembre 2024


Una voce tradisce il silenzio. Si apre un racconto.
Una persona disegna ciò che ha davanti agli occhi che non sono i suoi occhi.
Le fotografie sono i resti dei nostri ricordi.
Dopotutto uccidiamo le bestie.
La tavola del banchetto non è sparecchiata.
Visitiamo i castelli e le loro rovine.
Due comete si frantumano in fondo al cielo che non è giunto ancora.

3 novembre 2024


Des mannequins derrière une vitre font un peuple d’un autre sommeil.
Un regard insiste jusqu’à l’intime.
Une digue rompt. Des icebergs se renversent.
Combien de matins encore sur nos guerres pendant que des lettres d’amour continuent d’être écrites.
On traîne avec son fantôme.
En sursis.
Des feux brûlent et chacun regarde fasciné son seau d’eau au bout de son bras.

13 novembre 2024

On n’a jamais vu le mot disparaître disparaître.
Ni le mot mourir mourir.
Les langues et les rêves sont faites d’histoires et de gens.
Autant que le nombre d’or dans les pommes de pin. Les combinaisons infinies des nombres dans le nombre pi.
Les vieilles horloges qu’on ne remonte pas arrêtent le temps.
Les grilles du cimetière grincent. La mort parfois aussi.
Qu’on ignorait.
Entaille.

26 novembre 2024

Manichini che dietro una vetrina diventano popolo di un altro sonno.
Uno sguardo insiste fino all’intimo.
Una diga cede. Iceberg che si rovesciano.
Quanti mattini ancora sulle nostre guerre mentre lettere d’amore si scrivono ancora.
Indugiamo col nostro fantasma.
In bilico.
Dei fuochi bruciano e ognuno guarda affascinato il secchio d’acqua in fondo al braccio.

13 novembre 2024.


Non si è mai visto il verbo scomparire scomparire.
Né il verbo morire morire.
Le lingue e i sogni sono fatti di storie e di gente.
Tanto quanto il numero aureo nelle pigne. Le combinazioni infinite dei numeri nel numero pi.
I vecchi orologi che non ricarichiamo fermano il tempo.
I cancelli del cimitero scricchiolano. A volte pure la morte.
Che ignoravamo.
Incisione.

26 novembre 2024.


Ce qui ne s’écrit pas n’atteint pas.
Tout est soudain dans l’instant.
Le silence est un cristal.
Inatteignable.
Les gouttes de pluie sur les pare-brises faillissent.
Les énoncés nous obligent.
Un cerf brame. Un enfant pleure. Le vent dans les arbres.

2 décembre 2024

Les oiseaux froissent le ciel. Les sillons la terre.
On ne sait de quoi sont faits nos refuges.
Parfois on tombe à l’intérieur de soi.
On confond nos ombres avec nos vêtements.
L’hiver installe quelque chose d’un silence.
Les mots sont à peine vissés aux choses.
Impénétrables.

28 décembre 2024

Ciò che non si scrive non tocca.
Tutto è improvviso nell’istante.
Il silenzio è un cristallo.
Irraggiungibile.
Le gocce di pioggia sui parabrezza inciampano.
Gli enunciati ci costringono.
Un cervo bramisce. Un bambino piange. Il vento negli alberi.

2 décembre 2024


Gli uccelli stropicciano il cielo. I solchi la terra.
Non si sa di cosa siano fatti i nostri rifugi.
A volte cadiamo dentro noi stessi.
Confondiamo le nostre ombre con i vestiti.
L’inverno installa qualcosa di un silenzio.
Le parole sono appena avvitate alle cose.
Impenetrabili.

28 dicembre 2024.


Une échelle est posée contre un mur.
Des routes s’engagent à l’horizon.
La voiture des mariés est partie depuis longtemps.
Les souvenirs sont confiés aux photographies.
Les bouches se ferment.
Les certitudes s’éliment dans la solitude.
Quand tout bascule en vingt-six lettres indicibles.

28 décembre 2024

Le poème parfois se refuse qu’on tenait à l’abri en attendant le moment qui ne vient pas.
Les oiseaux aussi volent sans savoir.
On lit pour conjurer les ruines.
L’eau dans les bols ne se renversent pas.
Les jeux des enfants derrière les branches des saules se font et défont.
On protège ses deuils.
Au fond des océans qui sont de grands espaces.

4 janvier 2025

Una scala è appoggiata contro un muro.
Le strade si protendono verso l’orizzonte.
L’auto degli sposi è partita da tempo.
I ricordi sono affidati alle fotografie.
Le bocche si chiudono.
Le certezze si consumano nella solitudine.
Quando tutto precipita in ventisei lettere indicibili.

28 dicembre 2024


A volte la poesia si nega custodita al riparo in attesa di un momento che non arriva.
Anche gli uccelli volano inconsapevoli.
Leggiamo per scongiurare le rovine.
L’acqua nelle ciotole non si rovescia.
I giochi dei bambini dietro i rami dei salici si fanno e si disfano.
Si proteggono i propri lutti.
Nel fondo degli oceani che sono vasti spazi.

4 gennaio 2025


Traduzione dal francese di Viviane Ciampi