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... blancs comme quitter le nid pour se désaltérer. Je me souviens, à mon retour, un nid calciné par le soleil.
Ainsi serait le commencement d’être. Et toujours le même retour vers ces mêmes choses, autant qu’il m’en souvienne.
Emmitoufler ma désolation ou m’en défaire, me dénouer, quand il peut faire beau dans l’immensité du désert.
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… bianchi come lasciare il nido per dissetarsi. Ricordo, al mio ritorno un nido arso dal sole.
Così sarebbe il principio di essere. E sempre lo stesso ritorno verso queste stesse cose, per quanto mi ricordi.
Infagottare il mio squallore o disfarmene, sciogliermi, quando può far bel tempo nell’immensità del deserto.
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Les feuillages éprouvent mes langueurs. Les galets et les roches noires : j’affectionne leurs empathies.
Le souffle fraternel est infrangible.
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Il fogliame patisce i miei languori. I sassi e l’oscure rocce: prediligo le loro empatie.
Il respiro fraterno è infrangibile.
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Parfois massif est le bleu de la mer.
J’écris avec l’encre de la lisière, avec le réel ancré dans la pierre, avec l’immédiateté de l’air, l’imminence de l’instant, la contiguïté du noir et du blanc.
J’écris à l’orée de ce qui ne me tient plus en lisière, et de ce que je maintiens dans la plus étroite servitude.
Le bleu massif de l’enfance dans la lumière de la colline.
Ma verte contemplation.
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Talvolta compatto è l’azzurro del mare.
Scrivo con l’inchiostro del limite, col reale ancorato nella pietra, con l’immediatezza dell’aria, l’imminenza dell’istante, la vicinanza del nero e del bianco.
Scrivo sul margine di ciò che più non mi costringe nella morsa, e di ciò che trattengo nella più serrata schiavitù.
L’azzurro compatto dell’infanzia nel chiarore dei colli.
Mia verde contemplazione.
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Et quand le ravin était le lieu non des ombres, mais des clartés des oiseaux, à ces endroits de la vie où nous n’étions pas encore dans le souvenir. Où il fait clair, sans que nous ne soyons unis à l’aube.
Et quand le ravin ne se souvient de rien. Comme ce qui est sans souvenir, je me suis fui. Dans un battement de paupières.
Il fait clair, et je contemple ce pan de silence.
Comme la clarté est muette.
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E quando il baratro era il luogo non delle ombre, ma dei chiarori degli uccelli, in quei luoghi della vita dove non eravamo ancora nel ricordo. Dove è chiaro, senza che ci uniamo all’alba.
E quando il baratro di nulla si smemora. Come ciò che è senza ricordo, da me stesso sono fuggito. In un battere di palpebre.
È chiaro, e contemplo questo lembo di silenzio.
Come è muto il chiarore.
da Puisque beauté il y a, Ed. Lanskine 2010
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Dénonciation
coagulation
regarder un tableau c’est entendre ce qui nous accompagne
habiller le pinceau de nos légendes s’initier à la semence
se frayer un passage
gestation
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Denuncia
coagulazione
guardare un quadro è sentire ciò che ci accompagna
vestire il pennello delle nostre leggende accostarsi al seme
aprirsi un varco
gestazione
da Feeling is first, Ed. Le Réalgar 2011
(i versi accompagnano l’opera dell’artista Marie Hercberg)
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il se fait tard trop loin et parfois lents sont les mots à venir qu’on les voudrait guêpes galops et vent dans la nuque qu’on voudrait ne penser à plus rien emphase et néant à jeter aux orties ne pas chercher à se rassurer mais se radoucir raccourcir les crinières des chevaux sans faire de trous se sentir vieillir dans l’âge éclatant de n’avoir rien appris rien compris du noir et du blanc
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Si fa tardi troppo lontano e talvolta lente sono le parole a sgorgare tanto che le vorremmo vespe galoppi e venti nella nuca che vorremmo non pensare più a niente enfasi e il nulla da gettare alle ortiche non tentare di rassicurarci ma calmarci accorciare le criniere dei cavalli senza fare buchi sentirsi invecchiare nell’età scintillante per non aver capito niente del nero e del bianco
LES PRES CHEVAUX
verso la lumière
tant d’opacités où nous sommes
où pas un seul secret nous détient
derrière les fleurs ? ce qui choit ce qui menace sans embrasement la chair corps ce fruit de prophéties les chevaux sellés dès les enclos nous habitent les sonates en sourdine raso terra
force fêlure va du vert au noir grand ouvert dans l’éclat hennit l’air l’horizon du cheval peaufine où flanche la beauté s’affadit le galop peaufine le vivant dans une verdure de fureur
des voix aux fusains d’oiseaux
à cheval dans le paysage
te font partir
même dans le doute ne vouloir plus trembler du vert à l’horizon que tu cherches stries de bleus lys ondulations du chemin
I PRATI CAVALLI
verso la luce
tanta opacità dove siamo
dove neppure un solo segreto ci avvinghia
dietro i fiori? ciò che cade ciò che minaccia senza infuocarsi la carne corpo questo frutto di profezie i cavalli bardati già dai recinti ci abitano le sonate in sordina raso terra
dai incrinatura vai dal verde al nero spalancata nel fulgore nitrisce l’aria l’orizzonte di cavallo liscia dove cede la bellezza dove svigorisce il galoppo liscia il brado in una verzura d’impeto
voci dai disegni d’uccelli
a cavallo nel paesaggio
ti fanno scappare
anche nel dubbio abolire il tremore dal verde all’orizzonte che cerchi strisce d’azzurro fiordaliso serpi del sentiero
in angulo
en replis les mélodies liesse des chevaux liés au monde remonte après la mort après la faim l’amande la menthe où s’élève et retombe la poussière des terres du sud dans une confusion d’esprit vers l’automne dans l’ombre hors de l’enclos ce que j’entends vient des lèvres sans mot robe de couleurs au fond de la grange je n’ai pas d’histoire à raconter mes flèches ne sont pas d’un bois léger
in angulo
si placano le melodie letizia dei cavalli avvezzi al mondo risali dopo la morte dopo la fame la mandorla la menta dove s’innalza e ricade la polvere delle terre del sud in una confusione di spirito verso l’autunno nell’ombra fuori dal recinto ciò che sento nasce dalle labbra senza parola abito di colori in fondo al fienile non ho vicenda da raccontare le mie frecce non sono d’un legno sottile
DANS L’ENCLOS
dans l’eau encore le ciel
trouver terre pour l’âme
trouver séjour dans l’avant
s’ébattre
dans l’enclos des formes de lumière sur les fruits une figure d’or l’éclosion l’ébranlement et puis
il peut l’usure
et puis
il peut l’amour
les quatrains battent le sol les crinières de blé les sabots dans l’enclos
NEL RECINTO
nell’acqua ancora il cielo
trovare terra per l’anima
trovare rifugio nel preesistente
smaniare
nel recinto delle forme di luce sui frutti una figura d’oro la schiusa la scossa e
poi
può il logorio
e poi
può l’amore
le quartine percuotono il suolo le criniere di grano gli zoccoli nel recinto
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Poème qui est élargir rendre intense ne pouvoir s’en tenir au lieu qui aurait perdu tout mouvement à croupir se tenir accroupi Poème parce que toujours plus proche les saveurs la peau troublée qu’on ne sait quoi écrire mais gémir que vous aimez
Plus profond l’air plus présent que vous savez le manque
L’élan à ne pas ployer me toucher au plus près que vous me pensez
En primitive le réel sa terre son eau qui nous rassemblent
Le feu pour le maintenir la guerre c’est-à-dire ?
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Poesia che è spalancare rendere intenso non poter attenersi al luogo che avesse perduto ogni movimento a imputridire ad accovacciarsi Poesia perché sempre più vicini i sapori la pelle turbata da non sapere che cosa scrivere ma lamentarsi che ami
Più profonda l’aria più presente poiché conosci la mancanza
Lo slancio a non crollare sfiorarmi quanto più vicino mi pensi
In origine il reale la sua terra la sua acqua che ci riavvicina
Il fuoco per mantenerlo la guerra vale a dire?
LA OU FLEURS OU FLECHES
Relentless caper for all those who step The legend of their youth into the noon. Hart Crane, Legend.
tout bas défaire le chignon dans la cambrure et la bascule des mots dans le vœu de ne pas emmêler sous les épigrammes du soleil
lui dit : est lisse l’air de ta peau, hiéroglyphes tes lèvres où je m’attarde
ce qu’elle a perdu dans la voix
jusqu’à la couleur de ses cheveux
et le deuil de ses vêtements
mon visage
vague après vague
je vous lis vous déchiffre l’argot de vos amours rose ronce roc & faïence des lectures & les fleurs ont augmenté leurs corolles
entre couleurs et noir&blanc la mémoire est chambre dans ses graphies informes
LADDOVE FIORI DOVE FRECCE
Relentless caper for all those who step The legend of their youth into the noon. Hart Crane, Legend.
sommessamente sciogliere la crocchia nell’incavatura nella stadera di parole nell’auspicio di non imbrogliare sotto gli epigrammi del sole
le dico: è liscia l’aria della tua pelle, geroglifici le tue labbra dove indugio
ciò ch’ella ha smarrito nella voce
fino al colore dei suoi capelli
e il lutto dei vestiti
il mio volto
onda dopo onda
ti leggo ti decifro il gergo degli amori rosa rovo roccia & smalto di letture & i fiori hanno infittito le loro corolle
tra colori e bianco&nero la memoria è stanza nelle sue informi grafie
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mon autobiographie est faite de muscles et d’affects écriture sans hermétisme sans engagement
l’encore plus fleuri en amont du bruit
aux syllabes volatiles des ornements défaits du corsage tourner les pages caresser le cuir du langage et les voyelles de jouir font tinter ta gorge
l’écriture ma botanique mes renouées des ruisseaux mes poivres d’eau les acryliques du verbe bondissent mes graves et mes aigus feulement des flux et replis mes panthères de pierres
le voci grige (1) n’ont pas vie de liesse alors ad alta voce (2) se répète se blesse l’éclat au pré fleuri de la robe au beau vert de la nudité aux pétales de la langue in sonorità prolungata (3)
(1) Les voix grises.
(2) À haute voix.
(3) En un son prolongé.
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la mia autobiografia è composta di muscoli e affetti scrittura senza ermetismo senza
impegno
il più fiorito ancora a monte del chiasso
alle sillabe volatili asole sbottonate della camicetta girare le pagine accarezzare il cuoio del linguaggio e le vocali di godere fanno risonare la tua gola
la scrittura mia botanica mio riannodarsi dei ruscelli miei granelli d’acqua gli acrilici del verbo guizzano i miei gravi e i miei acuti ringhio dei flussi e di spire mie pantere di pietre
le voci grige (1) non hanno vita festante allora ad alta voce (1) si ripete si ferisce lo scintillio fino al prato fiorito del vestito dal verde sgargiante della nudità dai petali della lingua in sonorità prolungata (1)
(1) In italiano nel testo.
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Il faut à l’homme une poésie opiniâtre.
Hennissement du mot emmuré.
Vert à chaque phrase.
Souffle à chaque phrase.
Sabots naseaux qui butent à chaque phrase.
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Occorre all’uomo una poesia tenace.
Nitrito di parola murata.
Verde ad ogni frase.
Respiro ad ogni frase.
Zoccoli froge che inciampano ad ogni frase.
da Variations d’herbes, Ed. du Petit Pois 2012
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