I
on va on va on va toujours plus vite on va on va on va toujours plus vite on va on va on va toujours plus vite comme si les os comme si les os comme si les os pouvaient s’étendre pouvaient s’étendre les os les os les os de tout leur long de tout leur large sur nos longs et larges bureaux les bureaux sont climatisés aseptisés bien éclairés et surtout très propres très très propres les bureaux climatisés aseptisés bien éclairés
pourquoi sont-ils très propres ? tu veux tu veux tu veux savoir ? pourquoi pourquoi pourquoi ils sont très propres les bureaux ? parce qu’on les nettoie, da !
on les nettoie, oui – on les nettoie
enfin « on » les nettoie – quand je dis « on » quand je dis « on » quand je dis « on » c’est pas moi, hein sinon j’aurais dit « je les nettoie » j’aurais dit ça oui « je les nettoie » j’aurais dit ça oui
mais nenni nenni
les bureaux on – pas moi – on les nettoie on sous-traite on sous-traite on sous-traite la climatisation on sous-traite l’aseptisation on sous-traite l’éclairisation on sous-traite la proprétisation des bureaux
on prend on prend on prend un stylo entre certains de nos os et les os les os les os signent tout un tas de papier stipulant stipulant stipulant que les os les os les os de quelqu’un d’autre seront en charge de nettoyer les bureaux les os les os les os de quelqu’un d’autre se lèveront avant le soleil les os de quelqu’un d’autre avant le soleil le plus souvent avant le coq et le pinson le plus souvent les os les os les os sur les surfaces les os les os les os sur les surfaces les os les os les os feront briller les surfaces c’est… c’est… c’est… le stylo qui l’a dit c’est… c’est… c’est… le tas de papier qui l’a dit
le tas de papier il dit aussi que quand on – pas je – quand on – pas je – quand on nettoie les bureaux comme ça en large et en long quand on nettoie les bureaux les os les os les os doivent faire ça toujours plus vite toujours plus vite avant vite avant avant avant que les employés n’arrivent dans les bureaux le tas de papier signé au stylo il dit comme ça
et tant pis tant pis tant pis si le nom tant pis si le nom si le nom de la personne à qui appartient les os les os les os étendus sur les surfaces en long et en large des surfaces tant pis si ce nom-là on – c’est-à-dire je – tant pis si ce nom-là on ne le connait pas si ce nom-là on ne le connait pas c’est pas grave
c’est un monsieur à la télé qui a dit ça c’est pas grave – il avait une belle cravate ce monsieur-là c’est pas grave – on lui avait arrangé ses beaux cheveux à ce monsieur-là c’est pas grave il avait dit comme ça et un autre monsieur très énervé il avait dit qu’au contraire au contraire au contraire tout cela était très grave – et il avait l’air offusqué ce monsieur-là et l’autre – le premier – il avait dit que c’était pas grave il avait dit comme ça « c’est l’économie, bébé »
et moi je ne savais pas – si c’était grave ou pas – si c’était tant pis ou pas – si c’était l’économie ou pas
moi je ne sais pas
je ne connais pas non plus le nom du monsieur à qui appartiennent les os qui nettoient les bureaux
alors j’ai pris un stylo entre mes os – mes os à moi
je l’ai fait courir sur le papier
puis j’ai pensé à tes os – tes os à toi
je connais ton prénom
j’ai souri
je me suis demandé combien tu en avais toi des os
je me suis rapidement rendu compte que je ne savais pas
et j’ai conclu que ça au moins j’étais sûr que ce n’était pas trop grave
I
andiamo andiamo andiamo sempre più veloci andiamo andiamo andiamo sempre più veloci andiamo andiamo andiamo sempre più veloci come se le ossa come se le ossa come se le ossa potessero allungarsi potessero allungarsi le ossa le ossa le ossa per tutta la loro lunghezza per tutta la loro larghezza sulle nostre lunghe e larghe scrivanie le scrivanie sono climatizzate assettizzate ben illuminate e soprattutto molto pulite molto molto pulite le scrivanie climatizzate assettizzate ben illuminate
perché sono molto pulite? vuoi vuoi vuoi sapere? perché perché perché sono molto pulite le scrivanie? Perché noi le puliamo, sì!
noi le puliamo, sì – noi le puliamo
insomma “noi” le puliamo – quando dico “noi” quando dico “noi” quando dico “noi” non sono io, eh altrimenti avrei detto “io le pulisco” avrei detto così sì “io le pulisco” avrei detto così sì
ma no no
le scrivanie le – non io – le puliscono, noi subappaltiamo subappaltiamo subappaltiamo la climatizzazione subappaltiamo l’assettizzazione subappaltiamo l’illuminazione subappaltiamo la pulitizzazione delle scrivanie
prendiamo prendiamo prendiamo una penna tra alcune delle nostre ossa e le ossa le ossa le ossa firmano una serie di fogli stipulando stipulando stipulando che le ossa le ossa le ossa di qualcun altro saranno incaricate di pulire le scrivanie le ossa le ossa le ossa di qualcun altro si alzeranno prima del sole le ossa di qualcun altro prima del sole il più delle volte prima del gallo e del fringuello il più delle volte le ossa le ossa le ossa sulle superfici le ossa le ossa le ossa sulle superfici le ossa le ossa le ossa faranno brillare le superfici è… è… è… la penna che l’ha detto è… è… è… la pila di fogli che l’ha detto
la pila di fogli dice anche che quando si – non io – quando si – non io – quando si puliscono le scrivanie così in lungo e in largo quando si puliscono le scrivanie le ossa le ossa le ossa devono farlo sempre più velocemente sempre più velocemente prima presto prima prima prima che i dipendenti arrivino negli uffici la pila di fogli firmata con la penna dice così
e pazienza pazienza pazienza se il nome pazienza se il nome se il nome della persona a cui appartengono le ossa le ossa le ossa stese sulle superfici in lungo e in largo delle superfici pazienza se quel nome lì non lo – cioè io – pazienza se quel nome lì non lo conosciamo se quel nome non lo conosciamo non è grave
l’ha detto un signore in televisione non è grave – aveva una bella cravatta quel signore lì non è grave – gli avevano sistemato i bei capelli a quel signore lì non è grave lui ha detto così e un altro signore molto arrabbiato ha detto che al contrario al contrario al contrario tutto questo era molto grave – e sembrava indignato quel signore lì e l’altro – il primo – ha detto che non era grave ha detto così “è l’economia, baby”
e io non sapevo – se era grave o no – se era lascia perdere o no – se era l’economia o no
io non lo so
non conosco nemmeno il nome del signore a cui appartengono le ossa che puliscono gli uffici
allora ho preso una penna tra le mie ossa – le ossa mie
l’ho fatta scorrere sul foglio
poi ho pensato alle tue ossa – le ossa tue
conosco il tuo nome
ho sorriso
mi sono chiesto quanti ne avessi tu di ossa
mi sono rapidamente reso conto che non lo sapevo
e ho concluso che almeno di questo ero sicuro che non fosse troppo grave
II
J’oublie beaucoup de choses, il dit comme ça, dans un souffle.
J’oublie beaucoup de choses ces temps-ci. Il faut que je me renseigne.
Il faut que je cherche des informations à propos des choses que j’oublie.
Beaucoup de choses ne sont plus à leur place ces temps-ci, vous ne trouvez pas ?
Par exemple : les casseroles. Les casseroles sont rangées avec les casseroles dans une armoire en bois. Les casseroles sont rangées les unes sur les autres.
Plus précisément, les casseroles sont empilées les unes dans les autres. Les plus grandes casseroles accueillent les plus petites casseroles. Les plus grandes casseroles soutiennent les plus petites casseroles. Les plus petites casseroles affrontent un risque accru de poussière.
Mais l’important ici, la chose à retenir, il dit comme ça, dans un souffle, c’est que les plus grandes casseroles accueillent les plus petites casseroles.
J’oublie beaucoup de choses ces temps-ci mais je crois que dans la vie, c’est l’inverse.
Dans la vie, je crois que les grandes casseroles-personnes s’empilent sur les petites casseroles-personnes. Dans la vie, je veux dire. Les grandes casseroles-personnes s’empilent sur les petites casseroles-personnes.
Et c’est pour ça qu’il n’y a plus de place dans l’armoire-monde. C’est pour ça qu’il n’y a plus de place. C’est pour ça que la poussière s’infiltre de partout et étouffe l’armoire-monde. J’oublie beaucoup de choses mais je crois que c’est pour ça.
Beaucoup de choses ne sont plus à leur place, pas vrai ?
Et les casseroles se traînent dans la poussière, sur des mètres et des mètres d’armoires en bois. Et les casseroles-personnes aussi se traînent sur des kilomètres et des kilomètres de vie-poussière bientôt juste poussière-poussière. Dans une armoire-monde qui craque de partout. Dans une armoire-monde bientôt cassée. Une armoire-monde cassée-cassée.
Et des casseroles-personnes cassées-cassées bientôt poussière-poussière, il dit comme ça, dans un souffle.
II
Dimentico molte cose, dice lui così, d’un fiato.
Dimentico molte cose in questo periodo. Devo informarmi.
Devo cercare informazioni sulle cose che dimentico.
Molte cose non sono più al loro posto in questo periodo, ci avete fatto caso?
Per esempio: le pentole. Le pentole sono riposte con le pentole in un armadio di legno. Le pentole sono impilate una sull’altra.
Più precisamente, le pentole sono impilate l’una dentro l’altra. Le pentole più grandi ospitano le pentole più piccole. Le pentole più grandi sorreggono le pentole più piccole. Le pentole più piccole affrontano un rischio maggiore di polvere.
Ma l’importante qui, la cosa da ricordare, dice lui così, d’un fiato, è che le pentole più grandi ospitano le pentole più piccole.
Dimentico molte cose in questo periodo ma credo che nella vita avvenga il contrario.
Nella vita, credo che le grandi pentole-persone si impilino sulle piccole pentole-persone. Nella vita, intendo. Le grandi pentole-persone si impilano sulle piccole pentole-persone.
Ed è per questo che non c’è più spazio nell’armadio-mondo. È per questo che non c’è più spazio. È per questo che la polvere si insinua dappertutto e soffoca l’armadio-mondo. Dimentico molte cose ma credo che sia per questo.
Molte cose non sono più al loro posto, vero?
E le pentole si trascinano nella polvere, per metri e metri di armadi di legno. E anche le pentole-persone si trascinano per chilometri e chilometri di vita-polvere e a breve solo polvere-polvere. In un armadio-mondo che scricchiola dappertutto. In un armadio-mondo presto rotto. Un armadio-mondo rotto-rotto.
E delle pentole-persone rotte-rotte presto polvere-polvere, dice lui così, d’un fiato.
III
Tu avais dit que les pages de ton livre étaient plus solides que les murs de ta maison
C’était vrai – malheureusement
Tu avais dit que tu relèverais ta mèche de cheveux
Quand ton pays se regarderait dans les yeux
Et depuis c’est le monde entier qui détourne le regard
Moi
Petit tout petit poète
Souvent je lis les nouvelles
pour ne pas te demander de m’expliquer.
Je ne comprends pas grand-chose
mais j’essaie.
Aujourd’hui, seulement deux missiles.
Journée calme.
Dors bien, tu me dis
Dors bien
C’est insensé
Toi tu ne dors plus
Tu restes éveillée
Pour mieux saisir l’ignoble
Avoir la certitude que certains noms ne s’affichent pas
Sur le site d’informations en continu
T’assurer qu’ils ne bombardent pas tes souvenir d’enfance
Pour l’instant
Dors bien, tu me dis
Alors je rêve
Je rêve d’agrandir le ciel
de telle façon
que s’y perdent
et n’y reviennent jamais
les avions de chasse.
Un rêve encore :
pendant que l’un de nous
déclame un long poème
l’autre enfouit toutes les armes du monde
dans un très grand trou
que nous rebouchons ensuite
avec nos pieds
et un rire d’enfant.
Dors bien, tu me dis
Dors bien pour tous ceux d’entre nous
Qui ne dorment plus
Et moi
Petit tout petit poète
Parce que j'ai un bon cardio
Et que je suis courageux
Je traverserais volontiers
56 océans infinis
39 plaies d'Égypte
Et 12 ventres de baleines
Pour que rien de tout cela n'existe
Mais chaque jour ils sont là
Océans, plaies et ventres
Tout est vidéofilmé
Malheureusement tout est vrai
Et sur les images
Rien d'humain
À l'horizon
III
Avevi detto che le pagine del tuo libro erano più solide dei muri di casa tua
Era vero – purtroppo
Avevi detto che avresti sollevato la tua ciocca di capelli
Quando il tuo paese si sarebbe guardato negli occhi
E da allora è il mondo intero che distoglie lo sguardo
Io
Piccolo, piccolissimo poeta
Spesso leggo le notizie
per non chiederti di spiegarmi.
Non capisco molto
Ma ci provo.
Oggi, solo due missili.
Giornata tranquilla.
Dormi bene, mi dici
Dormi bene
È insensato
Tu non dormi più
Resti sveglia
Per cogliere meglio l’ignobile
Avere la certezza che certi nomi non compaiano
Sul sito di notizie in continuo aggiornamento
Assicurarti che non bombardino i tuoi ricordi d’infanzia
Per ora
Dormi bene, mi dici
Allora sogno
Sogno di espandere il cielo
in modo tale
che vi si perdano
e non tornino mai più
i caccia bombardieri.
Un altro sogno:
mentre uno di noi
declama una lunga poesia
l’altro seppellisce tutte le armi del mondo
in una grandissima buca
che poi richiudiamo
con i nostri piedi
e una risata di bambino.
Dormi bene, mi dici
Dormi bene per tutti noi
che non dormiamo più
E io
Piccolo, piccolissimo poeta
Perché ho un buon cardiologo
E sono coraggioso
Attraverserei volentieri
56 oceani infiniti
39 piaghe d’Egitto
E 12 ventri di balene
Perché nulla di tutto ciò esista
Ma ogni giorno sono lì
Oceani, piaghe e ventri
Tutto è video-ripreso
Purtroppo tutto è vero
E nelle immagini
Niente di umano
All’orizzonte
IV
Frédériqua devait partir dans le Sud – elle avait fait les démarches auprès du chef de station – il y avait des tonnes de formulaires électroniques qu’Acrobat Reader ne lisait qu’une fois sur deux – et le café montait dans la cafetière italienne (fabriquée en Union soviétique) – il fallait préparer les dollars arctiques sur ce coup-là – et l’Agence était devenue plus tatillonne sur les frais de bouche – il fallait que les plats soient au moins 38% vegan – que les assiettes ne soient pas trop en plastique dans l’ensemble – que les pailles soient en bambou – etc etc – et l’Agence c’était une chose mais la Sécu en était une autre – d’autres formulaires (en papier ceux-là) mais la photocopieuse faisait [ n’importe quoi, tout bonnement n’importe quoi ] – et le monde entier était connecté sur l’algorithme de réservation en ligne – et le prix des billets augmentait de minutes en minutes – et le café s’impatientait sur le gaz liquéfié américain – et l’oncle Sam était serein [ ça oui ] – une erreur d’encodage ou une hésitation trop longue et les dollars arctiques de fondre comme la banquise [ ha ha ] – Frédériqua devait partir dans le Sud – elle en parlait comme [ une nécessité ] [ quelque chose de plus grand ] qu’elle – c’est comme le besoin impérieux de sortir d’un bus alors que le voyage n’est pas terminé – c’est arriver au bureau le matin et courir aux toilettes pour se passer de l’eau sur le visage – on se passe l’eau sur le visage et pourtant [ ça ne suffit pas ] [ qu’est-ce qu’il m’arrive bon sang ] [ reprends-toi ] ça ne suffit pas – il faut sortir – pour respirer – s’engouffrer dans le hall de l’aéroport – avec une rose, des chaussures pas adaptées, toutes les pièces d’identité prouvant que nous sommes bien qui nous sommes, tous les formulaires papier et tous les formulaires électroniques de la terre – dire au revoir et ne pas se retourner – Frédériqua devait partir dans le Sud – la station Nord ne lui disait rien – tout ça c’était [ tracasseries ] impressions que tout conspirait contre elle – et des primes de risque misérables – toutes ces heures passées sur les routes pour tenter de convaincre – pour [ faire pression ] influencer l’opinion en étant toujours parfaite – toujours resplendissante – et [ resplendissante ] Frédériqua l’était toujours – mais le prix à payer était trop élevé – la cafetière italienne avait vu passer trop de café – trop de mots aussi – il y a trop de mots dans la station Nord – tous les canaux sont inondés – les digues communicationnelles ont cédé [ depuis belle lurette ] [ c’est une parole de vieux con mais c’était mieux avant ] [ avant on se parlait ] [ les câbles n’étaient pas instantanés ] – etc etc – Frédériqua devait partir dans le Sud – et c’est ce qu’elle avait fini par faire – un agent de liaison l’avait déposée à l’aéroport – et elle s’était envolée pour la station Sud – avec une rose qu’elle s’était offerte elle-même, des chaussures pas adaptées à la destination, un étui à guitare rempli d’amour de contrebande et une Clark Nova reconditionnée, héritée de notre agent à Tanger – un vieux bonhomme en pardessus gris – presque invisible [ le monde est rempli de Checkpoint Charlie, my dear ] – aux dernières nouvelles, Frédériqua sillonne les routes du Sud, encore plus longues que celles du Nord – le cahotement des bus soviétiques battant au rythme de son cœur – travaillant les bribes d’un nouvel alphabet – souriant au son des cafetières italiennes quand elles sont à bout [ language is a virus, darling ]
IV
Frédériqua doveva partire per il Sud – aveva già fatto tutto con il responsabile di settore – c’erano montagne di moduli elettronici che Acrobat Reader leggeva una volta su due – e il caffè saliva nella caffettiera italiana (fabbricata nell'Unione Sovietica) – bisognava preparare i dollari artici per quella faccenda – e l'Agenzia era diventata più cavillosa riguardo ai rimborsi per il vitto – i piatti dovevano essere almeno al 38% vegani – i piatti non troppo di plastica in generale – le cannucce di bambù – ecc ecc – e l’Agenzia era una cosa ma la Previdenza Sociale un'altra – altri moduli (di carta quelli) ma la fotocopiatrice faceva [ qualunque cazzata, davvero, qualunque cazzata ] – e il mondo intero era connesso all’algoritmo della prenotazione online – e il prezzo dei biglietti aumentava di minuto in minuto – e il caffè s’innervosiva sul gas liquefatto americano – e lo zio Sam era tranquillo [ questo sì ] – un errore di codifica o un'esitazione troppo lunga e i dollari artici svanivano come il ghiaccio polare [ ah ah ] – Frédériqua doveva partire per il Sud – ne parlava come di [ una necessità ] [ qualcosa di più grande di lei ] – è come l'impulso imperioso di scendere da un autobus anche se il viaggio non è finito – è arrivare in ufficio la mattina e correre in bagno per spruzzarsi l’acqua sul viso – ci si spruzza l’acqua sul viso eppure [ non basta ] [ cosa mi succede, cavolo ] [ riprenditi ] non basta – bisogna uscire – per respirare – infilarsi nella hall dell’aeroporto – con una rosa, delle scarpe inadatte, tutti i documenti che provano che siamo davvero chi diciamo di essere, tutti i moduli cartacei e tutti i moduli elettronici della terra – dire addio senza voltarsi indietro – Frédériqua doveva partire per il Sud – la stazione Nord non le diceva più niente – tutto questo era [ scocciature ] sensazione che tutto cospirasse contro di lei – e misere indennità di rischio – tutte quelle ore trascorse per la strada per tentare di convincere – per [ fare pressione ] influenzare l'opinione stando sempre perfetta – sempre raggiante – e [ raggiante ] Frédériqua lo era sempre – ma il prezzo da pagare era troppo alto – la caffettiera italiana aveva visto passare troppo caffè – e anche troppe parole – ci sono troppe parole nella stazione Nord – tutti i canali sono sommersi – le dighe comunicative hanno ceduto [ da tempo immemorabile ] [ è una cosa da vecchio rincoglionito, ma era meglio prima ] [ prima si parlava ] [ i cavi non erano istantanei ] – ecc ecc – Frédériqua doveva partire per il Sud – ed è quello che fece alla fine – un agente di collegamento l’aveva accompagnata all’aeroporto – ed era volata alla stazione Sud – con una rosa che si era regalata da sola, delle scarpe inadatte alla destinazione, una custodia per chitarra zeppa d’amore di contrabbando e una Clark Nova rigenerata, ereditata dal nostro agente a Tangeri – un tipo stantìo in un soprabito grigio – quasi invisibile [ il mondo è pieno di Checkpoint Charlie, my dear ] – nell'ultimo aggiornamento risulta che Frédériqua percorre le strade del Sud, ancora più lunghe di quelle del Nord – il sobbalzare dei bus sovietici battendo al ritmo del suo cuore – lavorando su frammenti di un nuovo alfabeto – sorridendo al suono delle caffettiere italiane quando sono alla frutta [ linguage is a virus, darling ]
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