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Parfois l’oiseau n’est qu’un oiseau malgré la transparence de ses ailes la jeune fille à la perle n’est qu’une image malgré le visage de la jeune fille la nuit étoilée est séparée de ses étoiles malgré le peintre et son génie. Parfois l’âme réside au fond des yeux prisonnière au fond de son cachot.
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Talvolta l’uccello non è che un uccello nonostante la trasparenza delle sue ali la ragazza dell’orecchino di perla non è che un’immagine nonostante il volto della ragazza la notte stellata è separata dalle sue stelle nonostante il pittore e la sua genialità. Talvolta l’anima risiede in fondo agli occhi prigioniera in fondo alla sua tana.
ELLES
Elle est entre la vie et la mort je suis entre ce qu’il dit et ce que je vis en cet instant de ma vie où je suis entre ma nuit et ta nuit. La nuit nous a souvent séparés souvent réunis réunis. Nous avons fait l’amour nous n’avons plus fait l’amour puis fait l’amour puis… il n’y a plus eu depuis.
ESSE
Lei è tra la vita e la morte Io sono tra ciò ch’egli dice e ciò che vivo in questo istante della mia vita dove sono tra la mia notte e la tua notte. La notte ci ha spesso separati spesso riuniti riuniti. Abbiamo fatto l’amore non abbiamo più fatto l’amore poi fatto l’amore poi… Non c’è più stato il poi.
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Je n’ai pas su vivre dans ma vie j’en fus parfois l’assassin mais il était une fois nous avons fait lumière de nos yeux de tes yeux qui sourient quand tu souffres.
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Non ho saputo vivere nella mia vita ne fui talvolta l’assassino ma c’era una volta abbiamo fatto luce dei nostri occhi dei tuoi occhi che sorridono quando soffri.
LE TRÉSOR DE LOUIS
J’ai ouvert la porte il a ouvert son besoin de parler de me parler d’elle de l’île où l’on se dit bonjour dix fois par jour où l’escargot a priorité sur le passant où le bruit des galets est un chant qui empêche de dormir ceux qui ne rêvent pas d’elle.
IL TESORO DI LOUIS
Ho aperto la porta ha aperto il suo bisogno di parlare di parlarmi di lei dell’isola in cui ci si saluta dieci volte al giorno dove la chiocciola ha la precedenza sul passante dove il rumore dei ciottoli è un canto che impedisce il sonno a coloro che non la sognano.
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J’ai ouvert la porte au facteur dans sa main la lettre que j’attendais dans ses yeux ce poème que je n’attendais pas.
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Ho aperto la porta al postino nella sua mano la lettera che aspettavo nei suoi occhi questa poesia che non aspettavo.
MADELEINE
Il faut bien que cela finisse je me souviendrai mais il faut bien que cela finisse. Il y a longtemps nous avons ri et souri d’avoir ri ensemble. Sa maison était la maison du bon Dieu auquel dans sa voix j’ai senti qu’elle ne croyait pas.
MADELEINE
Tutto ciò deve ben finire mi ricorderò ma tutto ciò deve ben finire. Da molto tempo abbiamo riso e sorriso d’aver riso insieme. La sua casa era la casa del buon Dio al quale per mezzo della sua voce ho sentito che non credeva.
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C’était dimanche même le lundi et les jours où ce n’est pas tous les jours dimanche c’était comme une mère et comme une sœur et comme c’était comme un paradis dans l’enfer, parfois de notre vie c’était comme ça comme disaient autrefois les indiens dans un poème très ancien. Elle aimait les histoires qu’il y a dans les poèmes quand ils se cachent comme des cadeaux sous la couleur des rubans.
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Era domenica anche il lunedì e i giorni in cui non è tutti i giorni domenica era come una madre e come una sorella e come era come un paradiso nell’inferno, talvolta della nostra vita era così come dicevano un tempo gli indiani in una poesia antichissima. Amava le storie che ci sono nelle poesie quando si nascondono come regali sotto il colore dei fiocchi.
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Autour d’une assiette vide une cuillère près d’une fourchette un verre de vin qui manque et dont le son se mélangeait à l’autre quand la couleur dans leurs yeux disait oui. En face d’une table vide une image qui cognait à la vitre et ses yeux souriaient d’être du bon côté de la nuit du bon côté de leur nuit.
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Attorno a un piatto vuoto un cucchiaio vicino a una forchetta un bicchiere di vino che manca e il cui suono si mischiava all’altro quando il colore degli occhi diceva sì. Di fronte a una tavola vuota una immagine che batteva sul vetro e i suoi occhi sorridevano d’essere dal lato buono della notte dal lato buono della loro notte.
CE QUE JE T’AI DONNE
le paysage à la fenêtre l’oiseau dans le paysage qui chante le paysage qui passe par la fenêtre.
CIÒ CHE TI HO DATO
il paesaggio alla finestra l’uccello nel paesaggio che canta il paesaggio che passa dalla finestra.
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La fenêtre franchissait les lisières du monde à la vitesse de la lumière rapportait dans ses vitres comme l’hiver, des dessins sur le givre les paysages dont nous avions rêvé la blancheur d’un bouleau cousue à la blancheur d’un bouleau qui éclaire les forêts là-bas dans le nord où vivent des poèmes que nous lisions l’argent des peupliers au bord des rivières de Castille où rodent les yeux du peintre dont les couleurs éclairaient la cuisine et aujourd’hui ton absence.
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La finestra valicava i limiti del mondo alla velocità della luce riportava nei suoi vetri come l’inverno, i disegni sulla brina i paesaggi che avevamo sognato il biancore d’una betulla cucita al biancore d’una betulla che rischiara le foreste laggiù nel nord dove vivono i poemi che leggiamo l’argento dei pioppi sulla riva dei fiumi di Castiglia dove s’aggira lo sguardo del pittore i cui colori illuminavano la cucina e oggi la tua assenza.
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Parfois je passais à travers la feuille pour que dans ton corps mon désir et mon amour se rejoignent comme dans le poème les morts et les mots se retrouvent.
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Talvolta passavo attraverso la foglia affinché nel tuo corpo il mio desiderio e le parole si raggiungessero come nella poesia i morti e le parole si ritrovano.
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Aujourd’hui vers huit heures du soir vingt heures comme on dit à l’heure du journal télévisé j’ai acheté dans un grand magasin la voix d’Albert Camus gravée et lisant l’Étranger et j’ai pensé à toi.
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Oggi verso le otto della sera le venti come si dice all’ora del telegiornale ho comprato in un grande magazzino la voce di Albert Camus incisa mentre leggeva Lo Straniero e ti ho pensata.
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Dans la même journée le désir le chagrin la nuit le désir de la mer par vagues de grimper jusqu’au ciel et des vagues de s’envelopper de lumière le désir de la jeune fille de toucher l’âme du jeune homme en passant par ses lèvres le désir du vieil homme de ralentir la marche du temps que le jeune homme bouscule le chagrin de l’homme de n’être plus le jeune homme de n’être pas le vieil homme.
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Nello stesso giorno il desiderio il dolore la notte il desiderio del mare di salire fino al cielo a ondate e quello dell’onde d’avvilupparsi di luce il desiderio della ragazza di toccare l’anima del giovane passando attraverso le sue labbra il desiderio del vecchio di rallentare il cammino del tempo che il ragazzo scompagina il dolore dell’uomo di non essere più l’uomo giovane di non essere più l’uomo vecchio.
da Chambres d’écho, Ed. Rougerie
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Entre l’automne 2006 et le printemps 2007, je résidai à trois reprises dans la Maison Radieuse du Corbusier. J’y avais été invité par la bibliothèque Diderot de Rezé, par Jasmine, Martine, Nicole…
J’ y fus très bien accueilli. Mon séjour se partagea entre l’écriture et les rencontres avec des enfants de toutes tailles, des personnes de tous âges, avec la vie qui résonne partout si on l’écoute.
En 2002 déjà, j’étais venu roder dans les rues de Rezé. J’en avais ramené une petite histoire et des courts poèmes que j’appelai mes haïkus des villes pour changer de mes haïkus des champs publiés dans les années 1990.
Je suis un homme né à la campagne qui vit aujourd’hui au bord d’un estuaire. Je ne suis pas un homme de la ville, de la grande ville, bien que j’en aie beaucoup visitées. Je suis encore moins un homme des tours de béton qu’affectionnait tant Le Corbusier, même celles plantées au milieu d’un rêve, aussi radieux soit-il.
Je suis né dans une petite maison plantée en face d’une autre petite maison dont le propriétaire n’a jamais pris le train, n’a jamais poussé sa voiture sans permis plus loin que le village d’à côté et que nous appelions dans notre enfance une ville. C’est dire si, du haut de la tour aux deux horizons, j’étais dépaysé, déphasé, déphrasé. Aussi quand je posai ma feuille de papier sur la table de bois donnant sur la Loire, je fus pris comme jamais du vertige de la page blanche. Pour la première fois j’échangeai ma plume Sergent Major contre le clavier d’un ordinateur. Au moins dans celui-ci, il y aurait des nouvelles qui m’attendraient. Je ne serais pas seul au monde. Car malgré les presque mille personnes qui m’accompagnaient dans cette tour, dès le premier soir je m’y sentis abandonné, comme Robinson sans son Vendredi. Le bateau du retour était reparti. Il me faudrait du temps pour apprivoiser cette nouvelle vie, cette nouvelle voie. Cette nouvelle écriture.
Comme souvent, le poème fut le bon chemin. Le poème de l’autre, celui qui tombe de l’enfant au retour de l’école, de l’homme, de la femme à la sortie du bureau, de l’usine, du café, du jour ou de la nuit ; le poème de n’importe quel inconnu qui passe devant mes yeux, au bord de mes oreilles et dont les pas laissent traîner des mots sous leurs semelles de plomb et de vent. J’étais venu pour lire, pour écouter.
J’étais venu pour écrire cela qui se raconte d’abord dans le silence. Peu à peu des phrases sont montées à la surface. Mon livre s’est écrit entre les rumeurs de la ville et les histoires de mes voisins, proches ou lointains. Des histoires verticales qui, comme la tour dans laquelle je vivais entre l’automne 2006 et le printemps 2007, se lisent de haut en bas et de la tête aux pieds.
On les appelle aussi des poèmes.
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Tra l’autunno 2006 e la primavera del 2007, fui residente in tre momenti diversi ne La Maison Radieuse di Le Corbusier. Ero stato invitato nella Biblioteca Diderot di Rezé, da Jasmine, Martine, Nicole…
Vi fui molto bene accolto. Il mio soggiorno si divise tra la scrittura e gli incontri con bambini d’ogni taglia, persone d’ogni età, con la vita che risuona ovunque se la si ascolta.
Già nel 2002, ero venuto a zonzo per le strade di Rezé. Ne avevo riportato un breve racconto e corte poesie che chiamavo i miei haiku delle città per distinguerli dai miei haiku dei campi pubblicati negli anni 1990.
Sono un uomo nato in campagna che vive oggi sull’orlo d’un estuario. Non sono un uomo della città, della grande città, benché ne abbia visitate molte. Sono ancor meno un uomo delle torri di cemento tanto amate da Le Corbusier, persino quelle cresciute in mezzo a un sogno, foss’anche radioso.
Sono nato in una piccola casa piantata di fronte a un’altra casa il cui proprietario non ha mai preso il treno, non ha mai spinto la sua macchina senza patente più lontano del villaggio vicino e che chiamavamo città quando eravamo bambini. Questo per dirvi che, dall’alto della torre dai due orizzonti, ero spaesato, sfasato, sfrasato. Così quando lasciavo il mio foglio di carta sulla tavola di legno che dava sulla Loira, fui scosso come non mai dalla vertigine della pagina bianca. Per la prima volta scambiavo la mia penna di Sergente Maggiore con la tastiera di un computer. A meno che in quest’ultimo non vi fossero delle notizie ad aspettarmi. Non sarei stato solo al mondo. Poiché nonostante le quasi mille persone che mi accompagnavano in questa torre, già dalla prima sera mi ci sentivo abbandonato, come Robinson senza il suo venerdì. Il battello di ritorno era ripartito. Avrei avuto bisogno di tempo per addomesticare questa nuova vita, questa nuova via. Questa nuova scrittura.
Come spesso accade la strada della poesia fu quella giusta. La poesia dell’altro, quella che cade dal bambino al ritorno della scuola, dell’uomo, della donna all’uscita dell’ufficio, dello stabilimento, del caffè, del giorno o della notte; la poesia di qualsiasi sconosciuto che passa davanti ai miei occhi sull’orlo delle mie orecchie e i cui passi lasciano trascinare parole sotto le loro suole di piombo e di vento. Ero venuto per leggere, per ascoltare.
Ero venuto per scrivere ciò che si racconta per prima cosa nel silenzio. A poco a poco le frasi salirono in superficie. Il mio libro si scrisse tra i rumori della città e le storie dei miei vicini, prossimi o lontani. Storie verticali che, come la torre nella quale vissi tra l’autunno 2006 e la primavera 2007, si leggono dall’alto in basso e dalla testa ai piedi.
Si chiamano anche poesie.
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Du fil électrique l’oiseau s’est envolé ceux qui restent poursuivent la partition.
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Dal filo elettrico l’uccello è volato colore che restano seguono lo spartito.
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Un homme court pendant qu’un autre vieillit mais l’herbe fraîchement coupée les rapproche.
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Un uomo corre mentre l’altro invecchia ma l’erba tagliata di fresco li avvicina.
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Derrière la palissade une vieille dame prie en regardant le ciel tomber dans la mare derrière la palissade ses salades montent jusqu’à une rose.
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Dietro lo steccato una vecchia prega guardando il cielo cadere nello stagno dietro lo steccato le sue insalate salgono fino a una rosa.
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Des croix des paraboles ce qui traverse le ciel qui ne se voit pas.
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Croci parabole ciò che attraversa il cielo che non si vede.
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Jardins ouvriers les fleurs font ce qu’elles peuvent et le font bien.
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Giardini operai i fiori fanno ciò che possono e lo fanno bene.
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Ce que j’admire chez le coquelicot tu le cueilles il meurt.
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Ciò che ammiro nel papavero tu lo cogli lui muore
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Le Corbusier du béton surgi du vert La petite Amazonie du vert se cache au milieu du béton.
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Le Corbusier cemento sorto dal verde La piccola Amazzonia del verde si nasconde in mezzo al cemento.
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Certains de Nantes craignent ceux du quartier Malakoff même le jour certains de Malakoff craignent les fantômes de La petite Amazonie seulement la nuit.
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Alcuni di Nantes temono quelli del quartiere di Malakoff anche di giorno certi di Malakoff temono i fantasmi de La petite Amazonie soltanto di notte.
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Grâce à la Seconde guerre mondiale et aux bombes de 1944 que l’aviation alliée déversa sur Nantes et sur le silence de l’herbe grâce à la pluie que le ciel déversa dans les cratères creusés par les bombes des saules blancs des saules roux et des frênes poussent aux bords des mares et sur le silence de l’herbe.
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È grazie alla Seconda guerra mondiale e alle bombe del 1944 che l’aviazione alleata rovesciò su Nantes e sul silenzio dell’erba grazie alla pioggia che il cielo rovesciò nei crateri scavati dalle bombe salici bianchi salici rossi e frassini crescono sulle rive degli stagni e sul silenzio dell’erba.
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Héron sans cou tant pis pour la fable grenouille qu’il mange et qui se voulait dans la fable plus grosse que le bœuf.
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Airone senza collo pazienza per la favola rana qu’egli mangia e che nella favola si pretendeva più grossa del bue.
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Jusqu’à mille chansons sur votre mobile une vie n’y suffira pas.
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Fino a mille canzoni sul tuo cellulare una vita non basterà.
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L’homme qui nettoie la pierre sauve le passé la femme qui balaie le balcon entretient le présent depuis toujours.
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L’uomo che pulisce la pietra salva il passato la donna che pulisce il balcone mantiene il presente da sempre.
da A louer chambre vide pour personne seule, Ed. Rougerie
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