FILI D'AQUILONE
rivista d'immagini, idee e Poesia

Numero 17
gennaio/marzo 2010

Dissonanze

 

PATRICK DUBOST: UNA FECONDA AMBIGUITÀ

di Viviane Ciampi




(Foto di Jean-Pierre Cousin)

Per il momento chiamiamolo solo Patrick Dubost, poi vedremo perché.
“Scrivo per non morire” recita un testo in cui possiamo trovare la panoplia delle nevrosi dell’uomo contemporaneo alla ricerca affannosa non tanto della felicità quanto del come vivere nell’attesa di “quel” giorno.
Ma per tentare di tracciare un profilo di Dubost occorre fare una premessa: viene presentato come poeta e performer per le sue vertiginose sperimentazioni sonore, spesso con voce demoltiplicata, miscelata, in campionatura di lingua “performata, in bocca, in corpo, in gesti, in azioni”. L’insieme costituisce una sorta di recital che stuzzica la “multifonia” del nostro immaginario. Eppure, la voce non si pone affatto come un mezzo dominante rispetto alla parola scritta.

Detto questo, la faccenda si complica: entra in scena l’eteronimo Armand le poète, anzi, “Armand le poête” (con un voluto errato accento circonflesso ben in evidenza!). Siamo dunque in presenza di uno stratagemma per evitare l’obbligo del monolitismo? Le cose stanno così: il doppio di Dubost, solo in apparenza meno ansioso e tormentato del primo, personaggio indifeso e spaesato, divertito e divertente, pare non essere stato ancora toccato dalle ipocrisie della quotidianità. Naviga in un candore toccante; scrive aforismi come: “una donna troppo bella diventa illeggibile”; corte poesie tenere e maliziose, zeppe di cancellature, sgrammaticate ad arte. Armand (a tratti pare un innamorato di Peynet) osserva il mondo “attraverso un buco della serratura senza porta” e lascia Patrick alla sua filosofia, alle sue cupezze, alle sue manie. Patrick non lo giudica. Lo guarda vivere come un altro da sé che avesse imboccato sentieri trasversali. Lui è colto, “con un piede sempre nella metafisica per non morire”. Matematico di formazione, usa gli inventari, le elencazioni, le suddivisioni, le accumulazioni: “[…] 4.2.2.1 – il mondo intero meno nove persone, è la metà del mondo” 4.2.2.2. – parlare, spalle al mondo, alle metà perdute”. Assistiamo e partecipiamo ad una sorta di poesia-narrazione esplorativa non priva di distanziazione ironica, inquieta ma mai disperata, saggia ma mai dottrinale. La domanda è sempre la stessa: come misurare l’incommensurabile?




Quelques propositions
écrites fin 1996
pour être lues en 2007 et



POUR NE PAS MOURIR


1
J’écris pour ne pas mourir.

2
Je regarde le monde, chaque année, avec un peu plus de douceur, pour ne pas mourir.

3
Un porte-voix en guise de microscope pour ne pas mourir.

4
Faire l’amour dans une crypte, ne serait-ce qu’une fois, pour ne pas mourir.

5
Le sens des proportions pour ne pas mourir.

6
Détruire tous les éclairages publics, afin d’aimer en paix, sous une juste lumière, et pour ne pas mourir.

7
Je demande « Quelle heure est-il ? » et je me sauve sans attendre la réponse pour ne pas mourir.

8
Bazarder systématiquement les souvenirs, s’attacher au présent jusqu’à l’impossible, ne plus respirer, ne plus vivre pour ne pas mourir.

9
On se réveille tous les jours à tous les instants pour ne pas mourir.

10
Entre l’infiniment petit et l’infiniment grand, un sarcophage adapté pour ne pas mourir.

11
Le 28 novembre 1996, je calligraphie très lentement cette phrase pour ne pas mourir.

12
Je me jette à l'eau puis je crie : « Un homme à la mer ! » pour ne pas mourir.

13
On travaille non pour l’argent, non pour la gloire, mais pour ne pas mourir.

14
S’asseoir au bord d’un étang, sous les trembles, avec son matériel de pêche et ne plus bouger, ne rien pêcher, pour ne pas mourir.

15
Toute phrase contient le peu d’énergie qu’il faut pour ne pas mourir.

16
Aucune horloge au mur, les coucous démantelés, les clochers abattus pour ne pas mourir.

17
Creuser, à tout instant, la question du chaos pour ne pas mourir.

18
Accumuler, additionner, entasser. Des listes d’objets, des listes de mots, des listes de livres. Des kilomètres d’écrits pour ne pas mourir.

19
Stylo planté dans les yeux pour ne pas mourir.

20
Oublier, oublier encore, ne jamais cesser d’oublier pour ne pas mourir.

21
Veilleurs endormis pour ne pas mourir.

22
Coudre toute une vie un linceul de lumière, d’espace et de temps, pour ne pas mourir.

23
Nous vivons en équilibre, perché sur le mât d’un navire échoué, pour ne pas mourir.

24
Poésie : un pendentif pour ne pas mourir.

25
Nous attendons la mort, très sûrs et convaincus, hâbleurs, moqueurs, pour ne pas mourir.

26
Je parle tout seul, assis au présent, pour ne pas mourir.

27
Tisser, au fil des ans, un prodigieux manteau de solitude pour ne pas mourir.

28
Un pied toujours dans la métaphysique pour ne pas mourir.

29
Assis au bord du monde, avec tous les autres, les vivants, les morts, les pas encore nés, pour ne pas mourir.

30
Je marcherais volontiers sur les mains pour ne pas mourir.

31
Des enfants toute une après-midi jouent bruyam_ment autour d’une balançoire pour ne pas mourir.

32
On se relit en 2007, en 2070, en 2700, et jusqu’au bord d’un soleil transformé en géante rouge pour ne pas mourir.

33
Les dieux allumés pour ne pas mourir.

34
On tombe amoureux tous les cent mètres, depuis l’enfance, pour ne pas mourir.

35
On aime ses enfants plus que tout au monde tandis qu’au fond une petite voix murmure en grinçant que c’est pour ne pas mourir.

36
Nous sommes morts et regardons encore : cinq taureaux blancs, très jeunes et très fous, se battent sur un pré pour ne pas mourir.

37
Des milliers d’histoires bénignes pour ne pas mourir.

38
Nous guettons la mort dans tous les recoins de la vie pour ne pas mourir.

39
Le silence contient tous les ingrédients pour ne pas mourir.

40
Les mères veillent sur leurs enfants pour ne pas mourir.

41
Tout voir, ou ne rien voir, et ne jamais voir à demi pour ne pas mourir.

42
Je rentre chez moi, je ferme à double tour, je me roule sous une couverture, les côtes me serrent, je vomis par tous les pores, j’avale ma langue, je crache mes yeux, je fais « tout » pour ne pas mourir.

43
Photographie en noir et blanc d’un homme endormi, les couleurs en dedans pour ne pas mourir.

44
Tenter de comprendre quand il n’y a rien à comprendre et ne pas chercher à comprendre quand il faudrait comprendre pour ne pas mourir.

45
Le temps joue de l’invisible pour ne pas mourir.

46
J’écris que je m’arrête d’écrire et je continue d’écrire pour ne pas mourir.

47
Un arrêt de bus. Je suis debout, immobile. J’attends le bus pour ne pas mourir.

48
Nous ne voyons, du désordre inouï, qu’un ordre relatif pour ne pas mourir.

49
Nous baisons toute l’après-midi, en pleine lumière, dans un silence étouffé pour ne pas mourir.

50
On imagine la foule de ses descendants, la foule de ses ancêtres, on ferme les yeux tout seul au point d’étranglement pour ne pas mourir.

51
Un bel enterrement pour ne pas mourir.

52
Cultiver un jardin d’erreurs pour ne pas mourir.

53
Applaudir en silence pour ne pas mourir.

54
Nous sommes morts et morts nous parlons encore pour ne pas mourir.

55
Un bilboquet tombe d’une étagère, bousculé par un chat, mais c’est pour ne pas mourir.

56
Sortir la nuit avec la princesse des mille et une nuits pour ne pas mourir.

57
Le mot « aimer » cousu de fils très fins dans la doublure pour ne pas mourir.

58
Nous composons des bouquets de petites morts très sûres pour ne pas mourir.

59
Trois cent soixante-cinquième soirée “brochettes” pour ne pas mourir.

60
Nous sommes morts, une bonne fois pour toutes, un matin du futur, sans nous retourner, pour ne pas mourir.

61
Naître cinquante mille fois par jour et s'économiser tous les jours pour ne pas mourir.

62
Les musées saturés d’objets pour ne pas mourir.

63
Trois fois le tour d’un monastère pour ne pas mourir.

64
Le vide, en ce qu’il contient toute chose et son contraire, est parfait pour ne pas mourir.

65
Tuer, détruire, déchirer... Intelligent, intemporel, intenable, interminable, interné... Pour ne pas mourir.

66
Crier pour crier et crier encore et se démolir la gorge pour ne pas mourir.

67
On s’habitue dès l’enfance à la lumière pour ne pas mourir.

68
Nous baisons comme les grenouilles, matins et soirs, dans un vacarme infernal, pour ne pas mourir.

69
Toute chose qui tombe tombe pour ne pas mourir.

70
Ecrire la nuit, dans un fauteuil face à la fenêtre : trois mille deux cent cinquante deux fenêtres éclairées pour ne pas mourir.

71
Lire à voix haute et sans prendre sa respiration comme s’il y avait là une issue ou peut-être une clef ou peut-être une solution ou peut-être un un obstacle à franchir pour ne pas mourir.

72
Sortir toutes les nuits sans se relire pour ne pas mourir.

73
Nous baisons toutes les mères, depuis des siècles, sans réfléchir, comme des porcs, des tyrans, pour ne pas mourir.

74
Une logique brisée pour ne pas mourir.

75
On joue de l’éphémère comme d'un instrument de musique pour ne pas mourir.

76
Je creuse, plutôt, la question de mon regard dans le chaos pour ne pas mourir.

77
Comprendre pour comprendre pour comprendre pour comprendre et tout au fond comprendre de n’y rien comprendre pour ne pas mourir.


78
Fou mais pas trop pour ne pas mourir.

79
Plus je suis amoureux plus je me tais et plus je me tais plus je suis amoureux pour ne pas mourir.

80
Jeter des fruits confits dans un aquarium pour ne pas mourir.

81
Le matin, quand il pleut, faut-il désespérer de l’espèce humaine pour ne pas mourir ?

82
Travailler à devenir l’homme le plus oublieux du monde pour ne pas mourir.

83
Ecrire fin 96 dans l’idée de se relire en 2007 et se relire tous les jours pour ne pas mourir.

84
Courir plus vite que la poésie pour ne pas mourir.

85
Affecter au silence la masse volumique d’une étoile à neutrons pour ne pas mourir.

86
Le 28 novembre 1996, je calligraphiais cette phrase très lentement pour ne pas mourir.

87
La beauté fracassée partout pour ne pas mourir.

88
Le monde vu depuis les coulisses pour ne pas mourir.

89
Nous dépensons une énergie colossale pour nous maintenir à 37° C et pour ne pas mourir.

90
L'enfant qui refuse de se laisser photographier ignore encore qu’il se bat pour ne pas mourir.

91
Une déclinaison de l’ensemble de tous les chemins possibles pour ne pas mourir.

92
Nous collectionnons les timbres, les pièces de monnaies, les cartes téléphoniques, les bibelots, les souvenirs, les anecdotes, les moments tendres, les incertitudes, les bégaiements, les invasions de sauterelles africaines pour ne pas mourir.

93
Une bouteille (vide) à la mer pour ne pas mourir.

94
Un chemin du côté de la mécanique quantique pour ne pas mourir.

95
Dormeurs éveillés pour ne pas mourir.

96
Jeter l’argent par les fenêtres pour ne pas mourir, puis descendre dans la rue très rapidement pour récupérer son argent et pour ne pas mourir.

97
Nous parlons doucement sur le papier, avec juste la main qui bouge et très peu de neurones actifs. Une consommation d’énergie minimale. Ecrire est l’activité la plus économe pour ne pas mourir.

98
On se coiffe tous les matins pour ne pas mourir.

99
Nous sommes là, au présent, plantés comme des chênes, avec juste la parole pour ne pas mourir.

100
Aujourd’hui est un jour parfait pour ne pas mourir.


Alcune proposte
scritte fine 1996
per essere lette nel 2007 e

PER NON MORIRE


1
Scrivo per non morire.

2
Guardo il mondo, ogni anno, con maggior dolcezza, per non morire.

3
Un megafono come microscopio per non morire.

4
Fare l’amore in una cripta fosse anche una sola volta, per non morire.

5
Il senso delle proporzioni per non morire.

6
Distruggere tutte le pubbliche illuminazioni, per amare in pace, sotto una giusta luce, e per non morire.

7
Chiedo «Che ora è?» e fuggo senza attendere la risposta per non morire.

8
Evacuare sistematicamente i ricordi, affezionarsi al presente fino all’impossibile, non respirare più, non vivere più per non morire.

9
Ci si sveglia tutti i giorni ad ogni istante per non morire.

10
Tra l’infinitamente piccolo e l’infinitamente grande, un sarcofago fatto apposta per non morire.

11
Il 28 novembre 1996, scrivo in bella calligrafia molto lentamente questa frase per non morire.

12
Mi butto in acqua poi grido: «Un uomo in mare!» per non morire.

13
Si lavora non per soldi, non per la gloria, ma per non morire.

14
Sedersi sulla riva di uno stagno, sotto i pioppi, con la propria attrezzatura da pesca e non muoversi più, non pescare più, per non morire.

15
Ogni frase contiene il poco di energia necessaria per non morire.

16
Nessun pendolo al muro, gli orologi a cucù smantellati, i campanili abbattuti per non morire.

17
Indagare, ad ogni istante, la questione del caos per non morire.

18
Accumulare, addizionare, impilare. Liste di oggetti, liste di parole, liste di libri. Chilometri di scritti per non morire.

19
Stilografica piantata negli occhi per non morire.

20
Dimenticare, dimenticare ancora, non smettere mai di dimenticare per non morire.

21
Guardiani notturni addormentati per non morire.

22
Cucire tutta una vita un lenzuolo di luce, di spazio e di tempo, per non morire.

23
Viviamo in equilibrio, appesi all’albero di una nave inabissata, per non morire.

24
Poesia: un ciondolo per non morire.

25
Aspettiamo la morte molto sicuri e convinti, fanfaroni, beffardi per non morire.

26
Parlo da solo, seduto al presente, per non morire.

27
Tessere, nell’arco degli anni, un prodigioso mantello di solitudine per non morire.

28
Un piede sempre nella metafisica per non morire.

29
Seduto sul ciglio del mondo, con tutti gli altri, i vivi, i morti, i non ancora nati, per non morire.

30
Camminerò volentieri sulle mani per non morire.

31
Bambini tutto un pomeriggio giocano chiassosi attorno ad una altalena per non morire.

32
Ci si rilegge nel 2007, nel 2070, nel 2700, e fino ai bordi d’un sole trasformato in gigantessa rossa per non morire.

33
Gli dei accesi per non morire.

34
Ci si innamora ogni cento metri, dall’infanzia in poi, per non morire.

35
Si ama i propri bambini più di qualunque altra cosa al mondo mentre in fondo una piccola voce mormora cigolando che è per non morire.

36
Siamo morti e guardiamo ancora: cinque tori bianchi, molto giovani e molto folli, si battono su un prato per non morire.

37
Migliaia di storie benigne per non morire.

38
Spiamo la morte in tutti gli angoli della vita per non morire.

39
Il silenzio contiene tutti gli ingredienti per non morire.

40
Le madri vegliano sui loro bambini per non morire.

41
Vedere tutto, o non vedere nulla, e non vedere a metà per non morire.

42
Torno a casa, mi chiudo a doppia mandata, m’infilo sotto una coperta, le costole mi opprimono, vomito da tutti i pori, inghiotto la mia lingua, sputo gli occhi, faccio «tutto» per non morire.

43
Fotografia in bianco e nero di un uomo addormentato, colori al di dentro per non morire.

44
Tentare di capire quando non vi è nulla da capire e non cercare di capire quando bisognerebbe capire per non morire.

45
Il tempo gioca con l’invisibile per non morire.

46
Scrivo che smetto di scrivere e continuo a scrivere per non morire.

47
Una fermata di autobus. Sono in piedi, immobile. Aspetto l’autobus per non morire.

48
Vediamo, del disordine inaudito, soltanto un ordine relativo per non morire.

49
Scopiamo tutto il pomeriggio in piena luce, in un silenzio soffocato per non morire.

50
Immaginiamo la folla dei discendenti, la folla degli avi, ci chiudiamo gli occhi da soli fino al punto di strangolamento per non morire.

51
Un bel funerale per non morire.

52
Coltivare un giardino di errori per non morire.

53
Applaudire in silenzio per non morire.

54
Siamo morti e morti parliamo ancora per non morire.

55
Un saltamartino cade da una mensola, urtato da un gatto, ma è per non morire.

56
Uscire la notte con la principessa delle mille e una notte per non morire.

57
La parola «amare» cucita con fili sottilissimi nella fodera per non morire

58
Componiamo dei mazzolini di piccole morti molto sicure per non morire.

59
Trecento sessantacinquesima serata di “spiedino-party” per non morire.

60
Siamo morti, una volta per tutte un mattino del futuro, non voltandoci, per non morire.

61
Nascere cinquantamila volte al giorno ed economizzarsi tutti i giorni per non morire.

62
I musei stracolmi d’oggetti per non morire.

63
Tre volte il giro di un monastero per non morire.

64
Il vuoto, in quanto contiene ogni cosa e il suo contrario, è perfetto per non morire.

65
Uccidere, distruggere, strappare… Intelligente, atemporale, indifendibile, interminabile, internato… Per non morire.

66
Gridare per gridare e gridare ancora e rompersi la gola per non morire.

67
Ci si abitua già dall’infanzia alla luce per non morire.

68
Scopiamo come rane, mattina e sera, in un chiasso infernale, per non morire.

69
Ogni cosa che cade cade per non morire.

70
Scrivere di notte, in una poltrona di fronte alla finestra: tremiladuecentocinquantadue finestre illuminate per non morire.

71
Leggere ad alta voce e senza prendere il fiato come se ci fosse in ciò un’uscita o magari una chiave o magari una soluzione o magari un ostacolo da superare per non morire.

72
Uscire tutte le notti e non rileggersi per non morire.

73
Fottiamo tutte le madri, da secoli, senza riflettere, come dei porci, dei tiranni, per non morire.

74
Una logica frantumata per non morire.

75
Suoniamo con l’effimero come con uno strumento musicale

76
Scavo, piuttosto, il problema del mio sguardo nel caos per non morire.

77
Capire per capire per capire per capire e alla fine capire di non capirci niente per non morire.

78
Matto ma non troppo per non morire.

79
Più sono innamorato e più taccio e più taccio più sono innamorato per non morire.

80
Buttare frutti canditi in un acquario per non morire.

81
Di mattina, quando piove, bisogna disperare della specie umana per non morire?

82
Lavorare per diventare l’uomo più smemorato del mondo per non morire.

83
Scrivere alla fine del ’96 con l’idea di rileggersi nel 2007 e rileggersi tutti i giorni per non morire.

84
Correre più veloce della poesia per non morire.

85
Destinare al silenzio la massa specifica di una stella a neutroni per non morire.

86
Il 28 novembre 1996, scrivevo in bella calligrafia questa frase molto lentamente per non morire.

87
La bellezza frantumata ovunque per non morire.

88
Il mondo visto dalle quinte per non morire.

89
Spendiamo un’energia colossale per mantenerci a 37° e per non morire.

90
Il bambino che rifiuta di lasciarsi fotografare ignora ancora che si batte per non morire.

91
Una declinazione dell’insieme di tutte le strade possibili per non morire.

92
Collezioniamo i francobolli, le monetine, le carte telefoniche, i gingilli, i ricordi, gli aneddoti, i momenti teneri, le incertezze, i balbettamenti, le invasioni delle cavallette africane per non morire.

93
Una bottiglia (vuota) in mare per non morire.

94
Una via dalla parte della meccanica quantistica per non morire.

95
Dormienti da svegli per non morire.

96
Buttare i soldi dalle finestre per non morire, poi scendere per la strada molto rapidamente per recuperare i propri soldi e per non morire.

97
Parliamo piano sul foglio con la mano che si muove e pochissimi neuroni attivi. Un consumo di energia minimale. Scrivere è l’attività più economica per non morire.

98
Ci pettiniamo ogni mattina per non morire.

99
Siamo qui al presente piantati come querce, con appena la parola per non morire.

100
Oggi è un giorno perfetto per non morire.



(Foto di Jean-Pierre Cousin)


CE QUE JE SAIS

1. Je sais que la langue est à l’intérieur du monde et que, simultanément, le monde est dans la langue. Je sais que nous sommes à la lisière de la langue et du monde.


2. Je n’aime pas les phrases du type “rien de neuf sous le soleil” ou “tout a déjà été dit”. Je sais qu’il est à tout instant possible d’affirmer : “tout est toujours neuf sous le soleil” ou : “presque rien n’a déjà été dit de ce qui peut être dit”.


3. Je sais qu’il n’y a de vraie cohérence que dans une apparente incohérence. Tout objet se vêt de chaos. Toute pensée, pour prendre corps, doit ménager sa part de flou.


4. Au rayon des évidences : je sais que toute activité humaine consiste, d’une manière ou d’une autre, à lutter contre la mort.


5. Je sais que le temps est lié à l’espace. Le temps est l’ombre de l’espace. L’espace l’ombre du temps. Je sais que nous vivons dans l’ombre d’une ombre et que cela revient à la lumière.


6. Je sais que je ne sais rien de l’amour.


7. Je sais que je ne vis pas dans le monde, mais dans l’ombre du monde. Je sais que je vais dans le monde comme un insecte irait, sa vie durant, dans l’ombre d’un talus.


8. Je sais que rien n’est simple. Ou plutôt que ce qui est simple n’est jamais vraiment, jamais complète_ment. Je sais que tout est somme, et que chaque élément de la somme dépend de la somme elle-même.


9. Je sais que tout, autour de moi, n’est qu’une masse d’aléas. Je sais que toute parole s’appuie sur une immense architecture d’aléas.


10.  Je sais que le tonnerre vient après l’éclair et parfois, dans mes songes, le tonnerre précède l’éclair. Je sais qu’à voir dans tout phénomène simultané_ment son contraire, on voit plus large.


11.  Je sais que qui se trouve se perd un peu, s’éloigne un peu.


12.  Je sais que j’aime énormément une femme mais je ne sais pas laquelle.


13.  Je sais que parler c’est marcher sur un fil avec du vide à droite et du vide à gauche. Je sais que rien ne tient ce fil aux deux bouts. Je sais qu’écrire c’est parler dans un temps immobile.


14.  Je sais que le mot “table” est comme mille tables. Qu’une phrase est comme mille fois mille phrases. Et que penser s’apparente aux sports nautiques.


15.  Je sais que tout poète authentique est foutu.


16.  Lire n’est pas nécessairement analyser, n’est pas nécessairement « comprendre ». A la piscine, on ne demande pas au nageur la composition de l’eau, le nombre et la répartition des baigneurs, ou pourquoi telle nage sous tel saint du calendrier. On ne lui demande pas de décrire en crawlant l’architecture ou l’acoustique du lieu, ou d’expliquer un oiseau prisonnier sous les voûtes, ou de singer au mieux la traversée d’un phoque olympique. On ne lui demande pas d’apprendre par cœur les heures d’ouverture ou de s’emmerder à siffler sur un banc toute la durée d’un cours sur la brasse papillon. Non. On ne lui demande pas, pour finir, avant chaque plongeon, de remonter un sens caché de là : tout au fond de la piscine. Non. On laisse nager les nageurs. On laisse nager les nageurs. Et les piscines font le plein.


17.  Je sais que je vis en pensée dans un silo à livres. Quelques livres récents, neufs, remarquables. Mais dans l’immense majorité des livres pourris, moisis, à l’état de très légers amas de poussière. Ne restent que les structures métalliques et de fines particules de savoir, inutilisables. La lumière, issue de rares fenêtres, traverse le silo sans encombre.


18.  Je sais, pour avoir trouvé quelques daguerréotypes au fond d’un grenier – des portraits rongés par le temps et la lumière – que l’oubli est une chose énorme, que l’oubli est notre plus beau lot.


19.  Je sais que Dieu n’existe pas. C’est écrit partout dans le silo. C’est lisible aussi au travers des hublots. Je sais qu’après la mort il n’y a que la mort.


20.  Je sais que, vu depuis la lisière entre la langue et le monde, l’univers est en entropie croissante. Mais je ne sais plus ce qu’il en est si je grimpe au sommet d’un arbre (un de ces arbres sur la lisière entre la langue et le monde) où l’on voit à la fois loin dans la langue et loin dans le monde.


21.  Je sais, pour être grimpé au sommet d’un arbre, que derrière la langue c’est un pré immense, avec des fleurs sombres, et de petits sentiers labyrinthiques.


CIÒ CHE SO

1. So che la lingua è all’interno del mondo e che simultaneamente, il mondo è nella lingua. So che siamo sul confine della lingua e del mondo.


2. Non amo le frasi del tipo “nulla di nuovo sotto il sole” o “tutto è già stato detto”. So che ad ogni istante è possibile affermare: “tutto è sempre nuovo sotto il sole” o: “quasi nulla è stato detto di ciò che può essere detto”.


3. So che non vi è vera coerenza senza un’apparente incoerenza. Ogni oggetto si veste di caos. Ogni pensiero, per prendere corpo, deve riservarsi la sua parte di evanescenza.


4. Nel reparto delle evidenze: so che ogni attività umana consiste, in un modo o nell’altro, nel lottare contro la morte.


5. So che il tempo è legato allo spazio. Il tempo è l’ombra dello spazio. Lo spazio l’ombra del tempo. So che viviamo nell’ombra di un’ombra e che questo riporta alla luce.


6. So che non so niente dell’amore.


7. So che non vivo nel mondo ma nell’ombra del mondo. So che vado nel mondo come un insetto andrebbe, durante la sua vita, nell’ombra di una scarpata.


8. So che nulla è semplice. O piuttosto che ciò che è semplice non è mai veramente, mai completamente. So che tutto è somma, e che ogni elemento della somma dipende dalla somma medesima.


9. So che tutto, attorno a me, è soltanto massa di rischi. So che ogni parola si appoggia su un’immensa architettura di rischi.


10. So che il tuono viene dopo il lampo e talvolta, nei miei sogni, il tuono precede il lampo. So che nel vedere in ogni fenomeno simultaneamente il suo contrario, si allarga lo sguardo.


11. So che chi si trova si perde un po’, si allontana un po’.


12. So che amo enormemente una donna ma non so quale.


13. So che parlare è camminare su un filo con del vuoto a destra e del vuoto a sinistra. So che nulla tiene questo filo ai due lati. So che scrivere è parlare in un tempo immobile.


14. So che la parola “tavolo” è come mille tavoli. Che una frase è come mille volte mille frasi. E che pensare si apparenta agli sport nautici.


15. So che ogni poeta autentico è fregato.


16. Leggere non è necessariamente analizzare, non è necessariamente “comprendere”. Alla piscina non si chiede al nuotatore la composizione dell’acqua, il numero e la disposizione dei bagnanti, o perché tale nuotata sotto tale santo del calendario. Non gli si chiede di descrivere facendo il crawl l’architettura o l’acustica del luogo, o di spiegare un uccello prigioniero sotto le volte, o di scimmiottare al meglio l’attraversata di una foca olimpica. Non gli si chiede d’imparare a memoria le ore di apertura o di rompersi le scatole a fischiare sopra una panca per tutta la durata di un corso sul nuoto a farfalla. No. Non gli si chiede, per finire, prima d’ogni tuffo, di risalire un senso nascosto da lì: dal fondo della piscina. Si lasciano nuotare i nuotatori. Si lasciano nuotare i nuotatori. E le piscine fanno il pieno.


17. So che vivo col pensiero in un silo per libri. Alcuni libri recenti, nuovi, stupendi. Ma nella stragrande maggioranza libri marci, ammuffiti allo stato di leggerissimi cumuli di polvere. Non rimangono che le strutture metalliche e sottili particelle di sapere, inutilizzabili. La luce, uscita da rare finestre, attraversa il silo senza ingombri.


18. So, per aver trovato alcuni dagherrotipi in fondo a una soffitta – ritratti rosicchiati dal tempo e dalla luce – che la dimenticanza è una cosa enorme, che la dimenticanza è la nostra più bella vincita.


19. So che Dio non esiste. È scritto ovunque nel silo. È leggibile anche attraverso gli oblò. So che dopo la morte c’è solo la morte.


20. So che, visto dal confine tra la lingua e il mondo, l’universo è in entropia crescente. Ma non so più che cosa accade se salgo in cima ad un albero (uno di quegli alberi sul confine tra la lingua e il mondo) dove si vede in contemporanea lontano nella lingua e lontano nel mondo.


21. So, per essere salito in cima ad un albero, che dietro la lingua v’è un prato immenso, con fiori scuri, e piccoli sentieri labirintici.


L’ARCHEOLOGUE DU FUTUR

Chants d’oiseaux
Flûtes au lointain

On peut découper des petits bouts et les recoller ailleurs. On peut découper des petits bouts du temps et les recoller demain. On peut découper : demain, et le recoller ailleurs. On peut découper, ici et là, et ne rien recoller du tout.

Sirène n°1
Accident de voiture
Chute d’un arbre & feuillage froissé

On peut découper des heures sans rien modifier. On peut modifier des heures sans rien décoiffer. On peut, pendant des heures, découper, modifier, décoiffer – des heures, des jours, des années – sans rien déranger du tout.

Conglomérat de chants d’oiseaux
Tirs de fusils de chasse
Sirène n°2
Ecoutez l’heure exacte

L’équipe d’exploration avait levé le camp le matin même. Elle était revenue le matin du même jour. C’était une équipe ordinaire, rapide et efficace. Le dernier en passant devant moi tourne la tête et dit : “Bredouilles...” Il me montre ses copains il dit : “Nous revenons bredouilles... On repart demain...”

Tronçonneuse
Avion supersonique
Rafales de mitrailleuses
Mouettes & embruns

Il dit : “Je pars et je reviens demain !” Il part. Il revient le soir même. Il dit que demain c’est trop tôt. Que plus on s’éloigne aujourd’hui et plus demain s’éloigne. Et que ce qui s’éloigne aujourd’hui s’éloi_gne aussi demain. Et que ceci-cela et que demain c’est pour demain et qu’aujourd’hui c’est pas la peine.

Forêt de métiers à tisser
Hélicoptère & parachutage de containers
Grenades & tirs de mortiers

Un homme creuse. Il cherche des traces pour demain. Un homme qui creuse aujourd’hui fait trace pour demain. Un homme qui creuse aujourd’hui ne sait pas qu’il cherche aujourd’hui ce qui fera demain. Toute la nuit il creuse. Le lendemain quelqu’un lui dit : tu as trouvé quelque chose ? Il dit : non, je n’ai rien trouvé. Il dit : demain, c’est encore pour demain. Il recommence à creuser.

Bousculades & cavalcades
Tôles froissées dans les graves
Eboulements

Tout homme qui creuse irrégulièrement, avec bonhomie, est digne d’intérêt. Tout homme qui se tient debout, en plein chantier, la pelle à la main, immobile, est digne d’intérêt. Tout homme digne d’intérêt et muni d’une pelle est : soit archéologue, soit déjà planté dans le futur.

Glissements & crissements
& frottements & flottements

Un archéologue du futur se promène sans pelle, immanquablement. Il se dit sans intérêt. Il dit : je suis sans intérêt. Il creuse au futur avec le bout des ongles. Il se fait les ongles sur de petits fragments du futur. On trouve sous ses ongles de petits fragments du futur.

Conglomérat de cris d’enfants
Chutes de containers métalliques vides
dans les escaliers de Chambord

Un homme se laisse prendre en photo avec une pelle. On le dit archéologue. La photo n’est pas datée. L’homme dit que la photo n’est pas datée. Il pose sa pelle pour dire que la photo n’est pas datée. L’homme a besoin de poser sa pelle pour dire que la photo n’est pas datée. Il vient de creuser un trou qui n’apparaît pas sur la photo. Cet homme est digne d’intérêt. C’est un homme digne d’intérêt. Et comme tout homme digne d’intérêt il est muni d’une pelle et se laisse prendre en photo. Un archéologue ne refuse jamais de se faire prendre en photo. Un archéologue a le souci du futur, il apparaît sur les photos. Il ne fait pas d’histoire. Il creuse des trous en dehors du champ mais il est sur la photo. Avec la pelle. Lisible. Parfaitement lisible. Clair et précis. Comme le sont tous les archéologues ! Vive les archéologues et vive le futur ! Et que tout homme ait sa pelle ! Et son trou ! Et qu’il soit présent sur la photo !

Chute d’un hélicoptère dans les ruines de Chambord
Feu d’artifice au lointain
Accalmie

Parfait silence


L’ARCHEOLOGO DEL FUTURO

Canti di uccelli
Flauti in lontananza

Possiamo ritagliare dei pezzettini e incollarli altrove.Possiamo ritagliare dei pezzettini del tempo e incollarli domani. Possiamo ritagliare: domani, e incollarlo altrove. Possiamo ritagliare, qui e là, e non incollare niente.

Sirena n° 1
Incidente stradale
Caduta di un albero & fogliame stropicciato

Possiamo ritagliare le ore senza nulla modificare. Possiamo modificare delle ore senza combinare nulla. Possiamo, per delle ore, ritagliare, modificare, scombinare – ore, giorni, anni – senza rimuovere niente.

Conglomerato di canti di uccelli
Spari di fucili da caccia
Sirena n° 2
Ascoltate l’ora esatta

La squadra di esplorazione se l’era svignata la stessa mattina. Era tornata al mattino del medesimo giorno. Era una squadra ordinaria, rapida ed efficace. L’ultimo passando davanti a me gira il capo e dice: “con le pive nel sacco…” Mi indica i suoi amici e dice: “torniamo con le pive nel sacco… Ripartiamo domani… ”

Tagliatrice
Aereo supersonico
Raffiche di mitragliatrici
Gabbiani & spruzzi

Egli dice: “Io parto e torno domani!” Parte. Torna quella stessa sera. Dice che domani è troppo presto. Che più ci si allontana oggi e più domani si allontana. E che ciò che si allontana oggi si allontana anche domani. E che questo-quello e che domani è per domani e che oggi non vale la pena.

Foresta di telai
Elicotteri & aviolancio di container
Granate & tiri di mortai

Un uomo scava. Cerca tracce per domani. Un uomo che scava oggi fa traccia per domani. Un uomo che scava oggi non sa che cerca oggi ciò che farà domani. Scava tutta la notte. L’indomani qualcuno gli dice: hai trovato qualcosa? Lui dice: no, non ho trovato niente. Dice: domani, è ancora per domani. Ricomincia a scavare.

Spintoni & cavalcate
Lamiere stropicciate nei terreni
Frane

Ogni uomo che scava irregolarmente, bonariamente, è degno d’interesse. Ogni uomo che sta in piedi, in mezzo al cantiere, pala in mano, immobile, è degno di interesse. Ogni uomo degno di interesse e con una pala è: sia archeologo, sia già piantato nel futuro.

Scivolamenti & cigolii
& strofinamenti & oscillamenti

Un archeologo del futuro va in giro senza pala, immancabilmente. Lui si dichiara privo d’interessi. Dice: sono privo d’interessi. Scava al futuro con la punta delle unghie. Si fa le unghie su piccoli frammenti di futuro. Gli si trova sotto le unghie piccoli frammenti di futuro.

Conglomerato di gridi di bambini
Cadute di container metallici vuoti
nelle scale di Chambord

Un uomo si lascia fotografare con una pala. Lo si chiama archeologo. La foto non è datata. L’uomo dice che la foto non è datata. Posa la pala per dire che la foto non è datata. L’uomo ha bisogno di posare la sua pala per dire che la foto non è datata. Ha appena scavato un buco che non appare sulla foto. Quest’uomo è degno d’interesse. È un uomo degno d’interesse. E come ogni uomo degno di interesse è munito di una pala e si lascia fotografare. Un archeologo non rifiuta mai di farsi fotografare. Un archeologo si preoccupa del futuro, appare sulle foto. Mica fa storie. Scava buchi fuori dal campo ma è sulla foto. Con la pala. Leggibile. Perfettamente leggibile. Chiaro e preciso. Come lo sono tutti gli archeologi! Viva gli archeologi e viva il futuro! E che ogni uomo abbia la sua pala! E il suo buco! E che sia presente sulla foto!

Caduta di un elicottero sulle rovine di Chambord
Fuoco di artificio in lontananza
Tregua

Silenzio perfetto


Questions (1)

Dans un bois, au matin,
sous les chants des oiseaux du matin :

Pourquoi ?
     Pourquoi tout ?
          Pourquoi tout doit-il ?
               Commencer si doucement ?

Est-ce l’oiseau qui est bavard
                         ou celui qui l’écoute ?

Tout paysage
     sonore ou non
          n’est-il pas
               au fond des yeux
                    qu’un grand empilement
                         de paroles insensées ?

Quelle intensité
     de bruit faut-il
          pour affirmer enfin
               qu’il fait jour ?

L’ombre qui avance avec le train
          fait-elle parfois
                    plus de bruit que le train ?

L’homme
     apprendra-t-il un jour
          à distinguer l’ombre d’un bruit
               du bruit d’une ombre ?

Suffit-il
     d’être vivant
          à l’instant
               – là –
                    pour être vivant
                         – là –
                              à l’instant
                                   toujours ?

Faut-il relier
     tous les nids de la forêt
          par des lignes de chemin de fer ?

Combien d’oiseaux
          sont encore
               cachés dans nos yeux
                    tandis que leur chant
                         traverse
                    le noir
               la lumière
          d’une oreille à l’autre ?


Domande (1)

In un bosco, al mattino,
sotto i canti degli uccelli del mattino:

Perché?
     Perché tutto?
          Perché tutto deve?
               Cominciare così piano?

È l’uccello a essere loquace
                         o colui che lo ascolta?

Ogni paesaggio
     sonoro o no
          non è
               in fondo agli occhi
                    soltanto un grande accatastamento
                         di parole insensate?

Quale intensità
     di rumore occorre
          per affermare che finalmente
               è giorno?

L’ombre che avanza col treno
          fa talvolta
                    più rumore del treno?

L’uomo
     imparerà un giorno
          a distinguere l’ombra di un rumore
               dal rumore di un’ombra?

È sufficiente
     essere vivo
          all’istante
               – qui –
                    per essere vivo
                         – qui –
                              all’istante
                                   sempre?


Occorre collegare
     tutti i nidi della foresta
          con linee della ferrovia?

Quanti uccelli
          sono ancora
               nascosti nei nostri occhi
                    mentre i loro canti
                         attraversano
                    il buio
               la luce
          da un orecchio all’altro?


Questions (2)

Quel est ce paysage que je traverse en parlant ? Etais-je, dans l’instant précédent, en train d’écrire, de marcher ou dormir ? Pourquoi, d’entrée, dois-je laisser derrière moi quelques paysages indéfinis ? Puis-je extraire mon regard de ce que je pressens déjà comme une pièce aveugle ? Pourquoi faut-il déposer un soleil en suspens derrière un arbre ? Dois-je composer avec ces regrets colorés de n’être pas photographe ? Pourquoi, jour et nuit, collectionner les papillons – non – collectionner les questions ? Quelle différence y a-t-il entre une question et un papillon de nuit ? Cette phrase existe-t-elle dans le jour où elle est écrite, ou plus sûrement : dans les jours qui suivent ? Puis-je m’arrêter au sommet d’une colline et sortir en plein jour tout mon passé de mon sac à dos ? Puis-je en faire un décor pour demain ? Les réponses dorment-elles toujours dans les vallées ? Une réponse déposée au sommet d’une colline devient-elle une source pour de nouvelles questions ? Pourquoi un homme debout dans le contre-jour est-il une question plutôt qu’une réponse ? Pourquoi, parlant, me vois-je debout dans le contre-jour ? Une parole qui remonte la lumière est-elle plus vive qu’une parole portée par la lumière ? D’où vient qu’il n’est pas besoin d’éclairage pour entendre ces paroles ? D’où vient qu’il n’est pas besoin “d’éclairer” pour entendre ces paroles ? Quelle est cette pénombre d’où naissent les écrits ? Les primitifs ont-ils porté des questions en colliers avant de creuser pour les réponses ? Toute chose, simple ou complexe, doit-elle avoir une source ? La parole a-t-elle ses rivières souterraines ? Suis-je en dedans éclairé par la parole ? Le fait de parler plus ou moins fort a-t-il une incidence sur l’intensité d’un contre-jour ? Un arbre en avant du soleil est-il bavard ? Chaque branche d’un arbre est-elle une question ? Les oiseaux se posent-ils sur des questions ? L’oiseau posé sur une question obtient-il une réponse ? Les oiseaux font-ils leurs nids avec les réponses qu’ils ont collectées au pied des arbres ? Suffit-il de collectionner les nids d’oiseaux pour tout savoir du paysage ?


Domande (2)

Qual è il paesaggio che attraverso parlando? Stavo scrivendo, l’istante precedente, in procinto di scrivere, di camminare o di dormire? Perché di primo acchito, debbo lasciare dietro di me alcuni paesaggi indefiniti? Posso estrarre il mio sguardo da ciò che percepisco già come une scena cieca? Perché mai dovremmo depositare un sole sospeso dietro un albero? Debbo rassegnarmi con questi colorati rimpianti a non essere fotografo? Perché giorno e notte collezionare le farfalle – no – collezionare le domande? Che differenza passa tra una domanda e una farfalla notturna? Questa frase esiste il giorno in cui è scritta, o più sicuramente: nei giorni successivi? Posso fermarmi in cima a una collina e tirar fuori in pieno giorno tutto il mio passato dallo zaino? Posso farne una scenografia per domani? Le risposte dormono sempre nelle vallate? una risposta adagiata ai piedi di una collina diventa una sorgente per nuove domande? Perché un uomo in piedi in controluce è una domanda più che una risposta? Perché, parlando, mi vedo in piedi in controluce? Una parola che risale la luce è più viva di una parola portata dalla luce? Da dove viene l’idea che non ci sia bisogno di chiarore per sentire queste parole? Da dove viene l’idea che non ci sia bisogno di “rischiarare” per sentire queste parole? Qual è questa penombra da dove nascono gli scritti? I primitivi hanno portato le domande in collane prima di scavare per le risposte? Ogni cosa è semplice o complessa, deve avere una sorgente? La parola ha i suoi fiumi sotterranei? Sono dal di dentro rischiarato dalla parola? Il fatto di parlare più o meno forte ha un’incidenza sull’intensità di un controluce? Un albero sul davanti del sole è chiacchierone? Ogni ramo di un albero è una domanda? Gli uccelli si posano sulle domande? L’uccello posato sulle domande ottiene una risposta? Gli uccelli fanno i loro nidi con le risposte che hanno collezionato ai piedi dell’albero? È sufficiente collezionare nidi d’uccello per sapere tutto del paesaggio?

(Frammento)


Da Cela fait-il du bruit ? (écrits pour la voix), Editions Voix


Traduzione di Viviane Ciampi




Dopo studi di matematica e musicologia, Patrick Dubost (francese di Lione) ha pubblicato in poesia una quindicina di libri (in Francia, in Grecia, in Quebec) e due CD, di cui alcuni con lo pseudonimo di Armand le poète, libri che – molto spesso – sono difficili da classificare come poesia o teatro. Dubost pratica, infatti, una poesia che si avvale della pagina scritta (libri d’artista, libri-oggetto, testi-mobili) ma che emerge per mezzo della voce.


(Foto di Pierre Gallais)

  • Chambre blanche, Le Pré de l’Age, 1981
  • Le Cas Anton, MEM/Arte Fact, 1984
  • Celle qu’on imagine, Cheyne Editeur, 1984 – Prix de Poésie de la ville de Lyon
  • Atelier des images, MEM/Arte Fact, 1992
  • Quentin Beaumatin, Editions La Bartavelle, 1995
  • Bleu ! Bleu ! Bleu ! Editions Comp’Act, 1995 – Rééditions La Bartavelle, 1998
  • Pour ne pas mourir, Editions Lieux-Dits, 1999
  • Sous la lumière d’Assise, Editions Voix – Richard Meier, 2000
  • La récréation des morts, Editions Voix – Editions Meier, 2001
  • Big & Bang, Editions Color Gang, 2002
  • Le Manifeste pour un Théâtre Moderne, Editions Color Gang, 2004
  • Cela fait-il du bruit ? (écrits pour la voix), Editions Voix, 2004
  • Fragments d’un homme amoureux, Editions Lieux-Dits, 2006
  • Jonas Orphée, Editions Color Gang, 2007
  • ) le corps du paysage (, Editions La Rumeur Libre, 2008
patrick.dubost.free.fr/livres.html


I film-poesia di Armand Le Poête




Poême d'amour (etc...) n°3 par Armand Le Poête from Armand Le Poête on Vimeo.


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viviane.c@alice.it