FILI D'AQUILONE rivista d'immagini, idee e Poesia |
Numero 11 luglio/settembre 2008 Generazioni |
DENISE DESAUTELS: ARCHEOLOGIA DELL’INTIMO di Claudine Bertrand e Viviane Ciampi |
«Scrivo […] a tastoni nell’ombra folta d’una memoria, la mia, così simile a tante altre. Sotto molteplici strati di protezione, l’oscurità di un mondo da ripulire, sminare, disseccare».
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POESIE DI DENISE DESAUTELS
1.
déjà il y a un siècle ou deux le vertige éloigne or qui est l’autre devant
Già da un secolo o due la vertigine allontana quindi chi è l’altro davanti
l’obscur, l’incertain ce que je vois une vie à la hauteur de la poitrine aujourd’hui ton corps masqué
l’oscuro, l’incerto ciò che vedo una vita ad altezza del petto oggi il tuo corpo mascherato
je reconnais la rivière on ne sait plus ni qui ni quoi la rivière coule, linceul déjà même sans avenir est-ce encore nous
riconosco il fiume non si sa più né chi né cosa scorre il fiume, sudario già pur senza avvenire siamo sempre noi
ici, autrefois du fond vers la surface la scène s’étend partout
car
qui, un tempo dal fondo verso la superficie la scena si estende ovunque l’angolo retto del mio sguardo
dans l’anonymat de cette chambre mais à la manière d’un roman les mots de la fin se précipitent le jour reste noir soudain j’exige, je crie
nell’anonimato di questa stanza ma alla maniera di un romanzo le parole della fine precipitano il giorno resta buio di colpo esigo, grido
un jour quelqu’un disons toi, nous, intimement avant ce paysage de murs dis-moi où continue le futur avant, toi palpable encore, toi toi, nous, l’espérance peu à peu
un giorno qualcuno diciamo tu, noi, intimamente prima di quel paesaggio di muri dimmi dove continua il futuro prima, tu ancora palpabile, tu tu, noi, la speranza a poco a poco
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Da La dernière rivière (pubblicato nel numero 14 della rivista Pyro, Parigi, Éditions Le Grand Incendie, aprile 2008.
I poemetti La pose e Avant l’aurore di cui proponiamo alcuni frammenti sono stati pubblicati in un primo tempo in un libro collettivo poi in un libro in edizione artistica ed infine presentati sotto il titolo di: L’œil au ralenti, Montréal, Éditions du Noroît, 2007, 224 pagine. |
1.
Elle entre patiemment dans le siècle, l’intention ample, et prend la pose. Son visage couvert de regards se ferme, volontaire, sous un ciel rare. Elle fait la morte, victime plus vraie que nature, encore inapaisée, se donne des airs d’holocauste — son corps répandu partout, hors du cadre, parmi les vrais, ceux qui ne jouent pas, ne trichent pas —, cherche à se fondre dans la masse, pousse loin le simulacre, du malheur plein les pores, la peau, l’espoir, des fibres d’abandon sur ses paupières et jusqu’au bout de ses cils, s’enfonce, fausse, sans attente ni utopie, disparaît le temps du déclic, puis par fragments revient, seule, artiste, à fleur de terre, l’œil paradoxal, là où ses petites histoires, mine de rien, s’emboîtent les unes dans les autres.
Entra pazientemente nel secolo, con ampia intenzione, e si mette in posa.
Il suo volto pregno di sguardi si chiude, volitivo, sotto un raro cielo. Si finge morta, vittima più vera che in natura, ancora implacata, si dà arie d’olocausto – il suo corpo sparso ovunque, fuori dalla cornice, in mezzo ai veraci, coloro che non giocano, non barano –, cerca di fondersi nella massa, porta lontano il simulacro, con l’infelicità che trasuda dai pori, la pelle, la speranza, fibre d’abbandono sulle sue palpebre e fino in fondo alle ciglia, sprofonda, falsa, senza attesa né utopia, sparisce il tempo dello scatto, poi per frammenti ritorna, sola, artista a fior di terra, l’occhio paradossale,
laddove le sue piccole storie, come se niente fosse, s’incastrano le une nelle altre.
Où allons-nous, qui sommes-nous, disséminées parmi les choses terrestres ? Se voit morte. Tout entière. Cernée d’absence. À distance d’elle-même. Ses pupilles aussitôt en arrêt sur les mottes de terre noire, qui étranglent son cou ; sur la laque blonde de ses cheveux ; sur la poussière de craie qui râpe ses joues ; sur l’immobilité têtue de ses paupières encore entrouvertes à l’orée du chaos ; sur ce trop bref silence de sa lèvre supérieure ; sur la saleté granuleuse du vêtement qui recouvre son épaule droite, sans défense, la seule visible, la seule offerte à son propre regard tandis que le reste s’est perdu, a foutu le camp. La mort avance, disponible, constante, gagne du terrain et se propage d’une bouche à une autre ; la mort en pointillé chaque fois plus théâtrale.
Dove andiamo, chi siamo, disseminate tra le cose terrene?
Si vede morta. Nella sua interezza. Cerchiata d’assenza. Distante da sé. Le sue pupille di colpo ferme sulle zolle di terra nera che la strangolano; sulla lacca bionda dei suoi capelli; sulla polvere di gesso che le raspa le guance; sulla testarda immobilità delle palpebre ancora schiuse sul ciglio del caos; su questo troppo breve silenzio del labbro superiore; sulla ruvida sporcizia del vestito che le ricopre la spalla destra, senza difesa, la sola visibile, la sola offerta al suo stesso sguardo mentre il resto si è smarrito, ha tagliato la corda.
La morte avanza, disponibile, costante, guadagna terreno e si diffonde da una bocca all’altra; la morte nel tratteggio ogni volta più teatrale.
Reste l’enjeu. Reste l’effroi greffé sur chaque atome du corps vivant. Peu importe le vrai ou le faux de la mort ; peu importe l’inconfort qui subtilement anime le grain des images et des mots qu’on interrompt au passage, artifices divers sans cesse reportés sur le papier, l’écran ou la scène, sur tant d’univers fabriqués qui retiennent, vissées à leurs planches, des milliards de chevilles ; peu importe la trahison mesurée du dernier souffle, sa folle théâtralité aspirant les corps, les gestes et jusqu’au fond de l’espace, reste l’effroi humain greffé sur chaque atome du corps vivant, continûment mortel, condamné à revivre son épouvante à chaque répétition de la fin. L’artiste se met en jeu, en joue dans les ébauches du réel. D’ailleurs : où l’a-t-on déjà vue, cette scène ?
Resta la posta in gioco. Resta lo spavento trapiantato su ogni atomo del corpo vivente.
Poco importa verità o falsità della morte; poco importa la scomodità che sottilmente anima la tessitura delle immagini e delle parole che vengono interrotte di sfuggita, vari artifici di continuo trasferiti sul foglio, lo schermo o la scena, su così tanti universi fabbricati che trattengono, inchiodate ai loro palchi, miliardi di caviglie; poco importa il tradimento calcolato dell’ultimo respiro, la sua folle teatralità che aspira i corpi, i gesti e fino al termine dello spazio, resta lo spavento umano innestato su ogni atomo del corpo vivente, continuamente mortale, condannato a rivivere il suo spavento ad ogni ripetizione dalla fine.
L’artista si mette in gioco, se ne giova negli abbozzi del reale.
D’altronde: dove si è già vista questa scena?
Peu importe à qui appartient cette tête maquillée par le deuil, car c’est là sans appui que je me repose, que je vous rejoins, dit-elle. À distance de moi-même, égarée parmi des restes interchangeables, magicienne livrée aux subterfuges, à l’horreur que je lis sur vos iris fauves, à l’horreur qui me tue, et qui va et vient entre nous, ardoise striée de prénoms sonores, suaire rigide, debout devant l’horreur, oscillant entre vous et moi, vulnérables à l’excès, jusque dans nos dénis, jusque dans nos évidences, happées par elles, cela va de soi, nos bouches pourtant closes, au repos, complices même, si semblables à la mort avant n’importe quelle mort. Or, immanquablement ce silence rougit nos lèvres.
Poco importa a chi appartiene quel capo truccato dal lutto, poiché è lì senza sostegno ch’io mi riposo, che ti raggiungo, lei dice.
A distanza di me stessa, smarrita tra i resti intercambiabili, maga abbandonata ai sotterfugi, all’orrore che leggo sull’iride tua fulva, all’orrore che m’uccide, andirivieni tra noi, ardesia rigata di nomi sonori, rigido sudario, ritto davanti all’orrore che oscilla tra te e me, vulnerabili oltre misura, fin nei nostri dinieghi, fin nelle nostre evidenze, ghermite da esse, inutile dirlo, le nostre bocche benché chiuse, a riposo, persino complici, così simili alla morte prima di qualsiasi morte.
Tuttavia, immancabilmente quel silenzio arrossa le nostre labbra.
Immanquablement nous mourons, engluées dans nos larmes, après chaque disgrâce. La pose apprise nous revient. Nous sommes bien assises, calées dans nos fauteuils comme au cinéma, légèrement en retrait de la tragédie, et cependant portées par l’élan de ses cimetières qui défilent devant et derrière nos rétines barbouillées de ruses. Des personnages et leurs ombres, d’instinct reconnaissables, ont installé en nous leur dernier bruit. Nous sommes habitées. À chaque nouvelle catastrophe, nous reviennent la pose, et les répliques apprises, et cette fascination qu’un surcroît de pitié à chaque fin raffermit, et nous jouons, jouons, jouons… Pleureuses impénitentes. Ce rôle nous va comme un gant.
Immancabilmente moriamo, invischiate nelle nostre lacrime, dopo ogni sventura.
Rammentiamo la posa imparata. Siamo sedute in comoda postura nelle nostre poltrone come al cinema, appena distanziati rispetto alla tragedia, tuttavia portate dall’impeto dei suoi cimiteri che sfilano davanti e dietro le nostre rètine imbrattate di furbizia. Personaggi e loro ombre, d’istinto riconoscibili, hanno installato in noi il loro ultimo clangore. Siamo abitate. A ogni nuova catastrofe ci ritornano la posa e le battute imparate, e quella fascinazione che un sovrappiù di pietà a ogni finale rafforza, e recitiamo, recitiamo, recitiamo…
Prefiche impenitenti. Questo ruolo ci calza a pennello. Da La pose
Écho entre fenêtre et fêlure. Elle le sent s’activer dans le vague de l’air ; le sent remuer fort en elle sous le muscle ; le devine, dehors dedans, jais qui s’acharne, se déploie, ample, touffu, grave, semblable à lui-même. Lui donne un nom, tout droit sorti de l’enfance et de l’automne : «Noir». Répète : «Noir». Le matin s’ouvre, vieux déjà, et la nuit s’y expose. Même broyé, même mobile, elle le reconnaît. En a l’habitude, en sait long sur son compte, forcément rejointe par ses assauts, ses mystères, ses ruses et l’empreinte qu’il laisse, à chaque instant, sur la suite du monde : lamento, nocturne, requiem, tombeau, nature morte. Sous cet angle, la lumière n’a plus tout à fait le profil de la lumière.
Eco tra finestra e incrinatura. La sente attivarsi nella vaghezza dell’aria; la sente muovere con forza in lei sotto il muscolo; la indovina, fuori, dentro, pece che si accanisce, si dispiega, ampia, folta, grave, simile a se stessa. Le dà un nome, uscito dritto dall’infanzia e dall’autunno: «Buio». Ripete: «Buio». Il mattino s’apre, già vecchio, e la notte vi si espone. Pur stritolata, pur mobile, la riconosce. Ne ha l’abitudine, la sa lunga su di lei, necessariamente raggiunta dai suoi assalti, misteri, furbizie e dall’impronta che lascia, a ogni istante, sul seguito del mondo: lamento, notturno, requiem, tomba, natura morta. Da quell’angolatura, la luce non ha più del tutto il profilo della luce. Da Avant l’aurore |
Traduzione dal francese di Viviane Ciampi
DENISE DESAUTELS È nata a Montréal, nel 1945, ha pubblicato, in Québec e all’estero, più di trenta raccolte di poesie e libri in edizioni artistiche grazie ai quali ha ricevuto numerosi premi e onorificenze, in particolare il prix du Festival international de poésie de Trois-Rivières, prix du Gouverneur général du Canada e la bourse de carrière du Conseil des arts et des lettres du Québec.
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