*
contrairement à ce que nous sommes dans la nature dans la ville nous sommes toujours à l’origine
barbares et perdus
le paysage n'est pas en face de nous comme un ensemble d'objets
la surface du monde urbain révèle un monde secret
qui sécrète
qui sécrète
les corps s’intègrent à des murs vérolés
de la peinture écaillée
des câbles
des écrous
des charnières
des tuyaux rouillés
ils s’abîment
la ville est un endroit de décomposition
le regard souligne la fusion des objets vivants et des objets putréfiés
chaque détail du corps humain y est un trophée miraculeux
dans la chambre noire de mon esprit je superpose les négatifs de mes images sensorielles
par les mots je peins par couches et projette mes idées idéales sur tout le potentiel du corps humain
je colle et subvertis les signaux de nos origines
je convertis en site spirituel le spectacle éventré de vos habitations
je vous enveloppe et vous traverse et je m'immerge
ici ne se réfère qu'à vous-mêmes
ici là je porte vers vous mes pas et l'horizon se déplace avec moi
je recolle des yeux
je décolle des oreilles
je coupe quelques doigts
je déchire des seins
je taille des bouts de sexes
et mets en pièces des chimères que j'enfante
*
contrariamente à ciò che siamo in natura nella città siamo sempre alla fonte
barbari e perduti
il paesaggio non è di fronte a noi come un’accozzaglia di oggetti
la superficie del mondo urbano rivela un mondo segreto
che secreta
che secreta
i corpi si integrano a muri vaiolosi
a pittura scrostata
cavi
bulloni
cardini
tubi arrugginiti
rovinati
la città è un luogo di decomposizione
lo sguardo sottolinea la fusione degli oggetti vivi e degli oggetti putrefatti
in ogni dettaglio del corpo umano vi è un trofeo miracoloso
nella camera oscura del mio spirito si sovrappongono i negativi delle mie immagini sensoriali
attraverso le parole dipingo a strati e proietto le mie idee ideali su tutto il potenziale del corpo umano
incollo e sovverto i segnali delle nostre origini
converto in segno spirituale lo spettacolo sventrato delle vostre abitazioni
vi avvolgo e vi traverso e m’immergo
qui non ci si riferisce che a voi stessi
qui là porto verso di voi i miei passi e l’orizzonte si sposta con me
incollo occhi
scollo orecchie
taglio sparute dita
strappo seni
taglio frammenti di sesso
e faccio a pezzi chimere che partorisco
*
l’âme serait la vie
dont jouit un animal
une racine qui
respire
elle a des vies successives
une existence qui embrasse
ou se résorbe
dans la vacuité
phénoménaux
phénomènes
elle a du sang et du souffle
elle désire et agit
dialogue avec la détresse
en colère l’émotion
dévaste la poitrine
et disparaît dans les poumons
elle respire
elle est le vent du sommeil
de l’évanouissement
de l’ombre de la mort
elle est notre future consistance perdue
le souvenir déjà de ce qui a été
l’être de l’avoir été
elle bredouille notre fragilité
puis s’efface
et ses faces s’effacent
*
l’anima sarebbe la vita
di cui gode un animale
una radice che
respira
ha vite successive
un’esistenza che abbraccia
o si riassorbe
nella vacuità
fenomenali
fenomeni
lei ha sangue e fiato
lei desidera e agisce
dialoga con la disperazione
inviperita l’emozione
le devasta il petto
e scompare nei polmoni
respira
è il vento del sonno
dello svenimento
dell’ombra della morte
è la nostra futura densità perduta
il ricordo di ciò che già è stato
l’essere dall’essere stato
lei farfuglia la nostra fragilità
poi svanisce
e i suoi volti si cancellano
*
je suis l’homme-plan
l’homme avenue parvenu
l’homme urbain quadrillé
je suis l’homme mûr-mur
en brique rousse brossée
je suis l’homme-bouche et anus
l’homme-vagin des gargouilles
je suis l’homme-sable
l’homme marchand de sommeil
et du rêve qui dort
je suis l’homme-trafic
l’homme-sauterelle
des cellules collectives
qui fourmillent la nuit
je suis l’homme-bassin
l’homme-fontaine des semences
l’homme-eau qui bouillonne
je suis l’homme-de-fer équarri par les chevilles et les écrous
l’homme-tôle des reflets
je suis l’homme-au-carré
l’homme-rond comme Terre
l’homme-au-cube sans volume
je suis l’homme-gaines et câbles
l’homme-aux-fils
et conduites des goûts
je suis l’homme-spirale
l’homme-noir l’homme-blanc
des abîmes sans rampes
je suis l’homme-femme
l’homme-mamelle du désir
l’homme à la face
et au profil rongés
je suis l’homme-escalier
mécanique
terminator des faux pas
de l’homme-pressé
je suis l’homme-page
l’homme-homepage numérique
l’homme-papier l’homme-encre
l’homme-poème ironique
je suis l’homme-sang coagulé
l’homme-globule blanc
rouge ou jaune qui scintille
je suis l’homme-aigle
l’homme-Horus trompe-la-mort
l’homme-à-trompe-qui-mord
en guise de bec
je suis l’homme-petit homme bleu
l’homme-schtroumpf égaré
sur des planètes sauvages
je suis l’homme-poisson rouge
sans bocal
l’homme-requin au regard
de baleine
je suis l’homme-vase végétal
l’homme-mousse précieux
l’homme-algue embourbé
je suis l’homme-bouc et cabri
l’homme-chèvre et l’homme-biche
aux sabots de lichen
je suis l’homme-arc tendu
comme un sexe fébrile
l’homme-flèche qui bande
et qui lime sa cible
je suis l’homme-jungle apaisé
l’homme-palmier des oasis
l’homme-branche qui casse
sous le poids de ses fruits
je suis l’homme-pavé
l’homme-trottoir
l’homme-caniveau
de tous les vices
je suis l’homme-soleil noir
en chaussettes blanches
l’homme-cosmos
l’homme-voûte étoilée
je suis l’homme-tout rouge
l’homme-anar de la rue
l’homme-drapeau des pirates
je suis l’homme-trou
qui s’évide et se lasse
l’homme qui pisse accroupi
je suis l’homme-grue
l’homme-pont l’homme-ferraille
l’homme-métal qui hurle
je suis l’homme fondu
dans les cages d’acier
l’homme-tuyau du futur
l’homme-cyborg et bionique
je suis l’homme sacré du passé
en cuissardes de verre
l’homme-échelle échafaudage
des cathédrales d’espoir
je suis l’homme-vague
et l’homme-onde en ce monde
l’homme-courant électrique
l’homme des risées de surface
je suis l’homme-invisible
qui défait ses bandelettes
et s’exhibe dans la foule
je suis l’homme-nébuleuse
l’homme-lune et voie lactée
l’homme du ciel et de l’espace
je suis l’homme-volutes
des partages fraternels
l’homme-généreux
des différences
je suis l’homme-île
l’homme-toi l’homme-nous
l’homme-jeu l’homme-ailes
je suis tout Homme-Tout
tout et tout
minuscule point du Grand Tout
je suis ici Moi et Vous
*
sono l’uomo-mappa
l’uomo stradone spaccone
l’uomo urbano quadrettato
sono l’uomo muro-maturo
in mattone rosso lisciato
sono l’uomo-bocca e ano
l’uomo vagina delle gargoyle
sono l’uomo-sabbia
l’uomo mercante del sonno
e del sogno che dorme
sono l’uomo-traffico
l’uomo-saltabecca
delle cellule collettive
che formicolano la notte
sono l’uomo-conca
l’uomo-fontana dei semi
l’uomo-acqua che gorgoglia
sono l’uomo-di-ferro battuto da pioli e bulloni
l’uomo-lamiera dei riflessi
sono l’uomo-al-quadrato
l’uomo-rotondo come Terra
l’uomo-al-cubo senza volume
sono l’uomo guaine e cavi
l’uomo dei fili
e condotte di scolo
sono l’uomo-spirale
l’uomo-nero l’uomo-bianco
degli abissi senza rampe
sono l’uomo-donna
l’uomo-mammella del desiderio
l’uomo dal volto
e dal profilo corrosi
sono l’uomo-scala
meccanica
terminator dei passi falsi
dell’uomo-frettoloso
sono l’uomo-pagina
l’uomo-homepage digitale
l’uomo-carta l’uomo-inchiostro
l’uomo-poesia ironica
sono l’uomo-sangue coagulato
l’uomo-globulo bianco
rosso o giallo che scintilla
sono l’uomo-aquila
l’uomo-Horus fotti-la morte
l’uomo dalla proboscide-che-morde
al posto del becco
sono l’uomo-piccolo-uomo azzurro
l’uomo-puffo smarrito
su pianeti selvaggi
sono l’uomo-pesce rosso
senza boccale
l’uomo-squalo dallo sguardo
di balena
sono l’uomo-vaso vegetale
l’uomo-schiuma prezioso
l’uomo alga impantanato
sono l’uomo-caprone e capretto
l’uomo-capra e l’uomo-cerbiatto
dagli zoccoli di lichene
sono l’uomo-arco teso
come un sesso impaziente
l’uomo-freccia a cui si rizza
e che lima il suo bersaglio
sono l’uomo-giungla pacificato
l’uomo-palma delle oasi
l’uomo-ramo che si rompe
sotto il peso dei suoi frutti
sono l’uomo-lastrone
l’uomo-marciapiede
l’uomo-fogna
di tutti i vizi
sono l’uomo-sole nero
in calzette bianche
l’uomo-cosmo
l’uomo-volta stellata
sono l’uomo-tutto rosso
l’uomo-anarchico di strada
l’uomo-bandiera dei pirati
sono l’uomo-buco
che si svuota e s’annoia
l’uomo che piscia accovacciato
sono l’uomo-gru
l’uomo-ponte l’uomo-rottame
l’uomo-metallo che urla
sono l’uomo fuso
nelle gabbie d’acciaio
l’uomo-tubo del futuro
l’uomo-cyborg e bionico
sono uomo sacro del passato
in stivaloni di vetro
l’uomo-scala ponteggio
delle cattedrali di speranza
sono l’uomo-onda
e l’uomo-onda in questo mondo
l’uomo-corrente elettrica
l’uomo degli zimbelli di superficie
sono l’uomo-invisibile
che disfa le sue fasciature
e si esibisce tra la folla
sono l’uomo-nebulosa
l’uomo-luna e via lattea
l’uomo del cielo e dello spazio
sono l’uomo-circonvoluzioni
delle fraterne condivisioni
l’uomo-generoso
delle differenze
sono l’uomo-isola
l’uomo-te l’uomo-noi
l’uomo-gioco l’uomo-ali
sono l’Uomo-Tutto
tutto e tutto
minuscolo punto del Grande Tutto
sono io qui Io e Voi
da Psyché Extérieur Nuit, Ed. Maelström, 2018
Marseille, 2018 pas contre le délaissement (In Du feu que nous sommes)
Le ciel, comme une cotonnade filante se déploie au dessus de mon ombre. Des airs de pas d’air me brûlent les ailes, réceptivité maximale de la chaleur sous les aisselles, jonction de mes coutures par la dilatation. La lumière cogne à mes tempes et fait battre mon cœur.
Je marche, cherchant à me défaire d’une oppression tenace. Je piétine dans la ville au sein de sons identifiés, entre des pas ferrés au béton – sans assurance, pourtant. Je glisse le long de murs graffés, comme du chiendent entre les pierres. Le compas de mes jambes s’active sec, ce mouvement de moi m’essouffle. Mais j’avance, gérant le roulis.
Croisière : visages privés de sens, grimaçants, grimaçant de rires vides : ballet de graffiti faciaux ; colonnes d’enfants, cohorte de cris exponentiels, garages hurlants ; fluorescence des voix, antiquité sauvage des sons.
Des sirènes folles me passent par tout le corps et rejoignent en mon ventre – elles s’y fixent – le grondement d’un animal ailé. Dans la rue, le damier changeant de l’ombre et de la lumière.
(Me relèvera-t-on si je tombe ? Ou serai-je menacé d’enlèvement immédiat, direction fourrière humaine ?)
Un miroitement de ferronnerie m’aide à gravir un raidillon, me poussant brutalement vers un soleil artificiel.
Croisure : pâles façades laquées de crasse, trottoirs lardés de mines canines ; peintures murales : fruits, légumes suturés aux murs – magot à gratter, à écailler, à poncer ; processions de guingois le long de bâtiments tordus, façades intérimaires, squares en friche et graviers ; papiers gras et froissés souillant tout, poubelles crevées.
(Comment rester dans le mouvement, saisir l’esprit, le sens esthétique de la bétonité ?)
La pluie d’hier n’a pas encore séché et mes yeux clignent par la lumière sur le bitume revenu. Le vent chuinte entre les murs, comme un souffle intermédiaire.
Croisière : chardons qui poussent dans l’escalier, dans les rainures du pavé ; gouttes tombant encore des tuiles rouges, draps claquant au vent, linge sur les fils avec des imprimés marins, des couleurs de drapeaux ; géraniums rouge sang, roches brunes taillées.
L’azur transperce enfin les bicoques ouvertes à la brise, de l’eau de lessive régénère les rigoles. La pollution donne à l’air une teinte dorée, comme une crème légère à l’angle des rues. Je me case au travers. J’avance et longe sans m’arrêter tout un ruban de sigles mercantiles.
Percussions de la rue, victoire du désordre !
Ma carcasse rit d’être immobile en mouvement, d’avoir les sens en chantier, d’être comme un chien qui renifle tous les trésors publics du vieux bordel. Je mouline dans un oratorio de bruits mobiles, une musique échographiée.
Croisure : des humiliés, des maltraités, des inégaux, du troisième âge parqué, de la jeunesse assommée. Cartes vitales épuisées, société calcifiée. Pas d’âme sans chair qui souffre.
Effraction d’un gris mauve dans la douleur de mon ciel, strie blanche dans la voûte comme une égratignure, mon ombre gagne les pentes. Et l’ouate, au loin. Je m’imperméabilise, à distance de l’effondrement. J’aspire à un extérieur qui ne m’aspire pas. Je voudrais m’inspirer, traverser vers moi, raser mes murs internes et me rejoindre en perspective.
(Comment trouver une ligne de fuite ?)
Croisière : ici et là, remugles d’odeurs de pisse, aux coins de mes virages ; fontaine à la mémoire qui rouille, vestiges guillotinés, arbres sciés. Terrains inondés par la multifonction, visages intérimaires, mélodie d’uniformes.
Côté colline, je grimpe puis roue libre. Ma façade se dégrade mais pas question que je me ravale quand l’autre est tout autour, borne érigée de mes maux. Alors je me marge, je me bordure, je me carre aux carreaux.
La chaleur jusqu’à l’os, ma chair enfin s’étale, expansion de mes branches en ramures. Les cuisses nues je marche, je marche. Liquidation totale, dernière démarque. Ralentir : Travaux.
(Comment se frayer un passage secret ?)
Croisure : kiosques de textualités jetables, presse qui se déverse et dégouline, binaire ; la presse-burger, la quick-information ; la pharmaceutique épicière, le service public qui rassit, le patronat qui bourgeonne. Notre quotidien moelleux et gluant, notre bâton chéri, notre avenir carotté ; nos vessies, nos lanternes, notre parquet commun.
Ici dans cette ville, on racle les fonds de tiroirs, on ressort la résistance des placards. On sulfate un peu la misère, on laisse des miettes en surface. On attend un heureux événement – la naissance anxiogène d’une ville nouvelle. Et puis on avance quand même, on ravale sa peine, on tresse des cordes avec lesquelles on se pendra – demain, peut-être, dans un nouveau logement à loyer immodéré. Et puis on rit, un peu, passionnément. Quand c’est trop moche on se rétracte, on détourne la tête, on ferme les yeux de l’ouïe. On meurt pour quelques heures, on se brise aux récifs d’un langage divisé, on s’éparpille. On se repose, on remplit la vacance ; on se recolle, se recompose. On se décore en un éclair, on se charpente provisoire.
(Comment m’évacuer ?)
Cette marche est une transaction, un contrat naturel et social : ma langue sort du sommeil, reprend la piste de ce qu’elle trace, s’accroche aux relations entre les gens et les choses.
Je mâchouille des sensations de brume, les mots s’empâtent au sentier de ma bouche, mon ventre pèse. Pourtant, je coiffe l’angoisse au poteau – autant en emporte le vent. Et je circule dans le désir.
Je presse le pas et mâche la vie. Celle qui reste.
Anthologie poétique Du feu que nous sommes, Ed Abordo, 2019
Marsiglia, 2018 passi contro l’incuria (In Du feu que nous sommes)
Il cielo, come cotone sfilacciato si dispiega al di sotto della mia ombra. Arie di non aria mi bruciano le ali, massima percezione del calore sotto le ascelle, collegamento delle mie cuciture per la dilatazione. La luce urta contro le mie tempie e mi fa battere il cuore.
Cammino, cercando di disfarmi di un’angoscia tenace. Indugio nella città di suoni identificati, tra passi incollati al bitume – insicuri, tuttavia. Scivolo lungo i muri ricoperti di graffiti, come gramigna tra le pietre. Il compasso delle mie gambe brusco s’attiva, quel mio movimento mi sfianca. Ma avanzo, gestisco il rullio.
Crociera: volti senza senso, ghignanti, ghignanti di vuote risate: balletti di graffiti facciali; file di bambini, schiere di grida esponenziali, rimesse urlanti; fluorescenze di voci, antica selvaggeria dei suoni.
Sirene impazzite mi traversano il corpo per intero e raggiungono il mio ventre – vi fanno il nido – il tuonare di un animale alato. Per la strada, la scacchiera cangiante dell’ombra e della luce.
(Mi rialzeranno se cado? Oppure sarò minacciato d’immediato sequestro e via dritto al canile umano?)
Un luccichio metallurgico mi aiuta a salire una rampa, spingendomi brutalmente verso un sole artificiale.
Incrocio: pallide facciate laccate di luridume, marciapiedi zeppi di bronci canini; murales: frutta, verdure suturate sui muri – bottino da grattare, da scrostare, da carteggiare; processioni sghimbesce lungo costruzioni sbilenche, facciate interinali, piazzette abbandonate, ghiaia; cartaccia grassa e stropicciata che tutto imbratta, contenitori di spazzatura danneggiati.
(Come rimanere nel movimento cogliere lo spirito, il senso estetico della bitumità?)
La pioggia d’ieri non è ancora asciutta e i miei occhi sbattono attraverso la luce sul bitume tornato. Il vento fischia tra i muri, come un respiro intermedio.
Crociera: cardi che crescono nelle scale, tra le giunture del lastricato; gocce che cadono ancora dalle tegole rosse, lenzuola che schioccano nel vento, panni sui fili con stampe marinare, colori di bandiere; gerani rosso sangue, rocce brune scolpite.
L’azzurro finalmente trafigge le casupole arrendevoli alla brezza, acqua di bucato rigenera i rigagnoli. L’inquinamento dona all’aria una tinta dorata, come una lieve crema all’angolo delle strade. M’infilo in mezzo. Avanzo e costeggio senza fermarmi un intero nastro di sigle mercantili.
Percussioni della strada, vittoria del disordine!
La mia carcassa ride di essere immobile in movimento, con l’aria di avere i sensi in cantiere, di essere come un cane che annusa tutti i tesori pubblici dell’antico bordello. Macino in un oratorio di rumori mobili una musica da ecografia.
Incrocio: umiliati, maltrattati, ineguali, parcheggiati della terza età, della giovinezza stordita. Tessere sanitarie esaurite, società calcificata. Non vi è anima senza carne sofferente.
Irruzione di un grigio malva nel dolore del mio cielo, pallida striatura nella volta come un graffio, la mia ombra conquista i pendii. E l’ovatta, in lontananza. M’impermeabilizzo, a distanza dal tracollo. Aspiro a un esterno che non mi aspira. Vorrei ispirarmi, attraversarmi, rasentare i miei muri interiori e raggiungermi in prospettiva.
(Come trovare una linea di fuga?)
Crociera: qui e là, olezzo di piscio agli angoli delle mie svolte; fontane dalla memoria arrugginita, vestigia ghigliottinate, alberi mozzati. Terreni inondati dalla multifunzione, volti interinali, melodie di divise.
Dal lato della collina, mi arrampico per andare a ruota libera. La mia facciata si deteriora ma è fuori discussione che io mi restauri quando l’altro è tutt’attorno, marcatore di confine erezione dei mali miei. Quindi mi marginalizzo, mi confinizzo, mi recingo nel ring.
Il calore m’attizza fino all’osso, la mia carne infine si dilata, propaggine delle mie fronde ramificantesi. Le cosce nude io cammino, cammino. Liquidazione totale, ultimo ribasso. Rallentare: Lavori.
(Come aprirsi un varco segreto?)
Incrocio: edicole di testualità cestinabili, stampa che fuoriesce e gocciola, binaria; la burger-stampa, la quick-stampa; la farmaceutica spaccio, il servizio pubblico che irrancidisce, il patronato che germoglia. Nostro quotidiano soffice e colloso, nostro caro bastone, nostro futuro carotato; i nostri fischi, i nostri fiaschi, la nostra comune magistratura.
Qui, in questa città, raschiamo i fondi dei cassetti, tiriamo fuori la resistenza degli armadi. Solfatiamo un po’ la miseria, lasciamo le briciole in superficie. Aspettiamo un lieto evento – la nascita ansiogena di una città nuova. E poi avanziamo lo stesso, ingoiamo il dolore, intrecciamo le corde con le quali ci impiccheremo – domani, forse, in un nuovo alloggio dall’affitto smodato. E poi ridiamo, un po’, appassionatamente. Quando vi è troppo squallore ci tiriamo indietro, chiudiamo gli occhi dell’udito. Moriamo per alcune ore, ci frantumiamo sugli scogli di un linguaggio divisi, ci sparpagliamo. Ci riposiamo, riempiamo la vacuità; ci risistemiamo, ci ricomponiamo. Ci addobbiamo in un lampo, ci rifacciamo l’impalcatura provvisoria.
(Come evacuarmi?)
Questo cammino è una transazione, un contratto naturale e sociale: la lingua esce dal sonno, riprende la pista di ciò che traccia, s’aggrappa alle relazioni tra la gente e le cose.
Mastico sensazioni di nebbia, le parole s’impastano al sentiero della mia bocca, il mio ventre pesa. Eppure, pettino l’angoscia al palo – tanto il vento trascina. Ed io circolo nel desiderio.
Allungo il passo e mastico la vita. Quella che rimane.
Nota dell’autore: Questo testo nasce in seguito a una marcia di protesta a Marsiglia quando due anni fa diversi palazzi fatiscenti crollarono nei vecchi quartieri abbandonati all’incuria, alle speculazioni, provocando la morte di otto persone. Furono evacuate 2000 persone. Durante una delle manifestazioni che seguirono, un’anziana donna araba che osservava gli eventi dalla finestra fu colpita da uno sparo della polizia e morì all’ospedale poche ore dopo. Questi drammatici avvenimenti scossero molto la popolazione.
In seguito, l’editore Charles Dujour-Bosquet, a Bordeaux, chiese a 65 autori, di scrivere un testo: Du feu que nous sommes, sul tema «marcia-storia-memoria».
Il testo si trova anche in una speciale versione per la scena e l’oralità in Poéstreet, 2010, Ed. Maelström
En quel pays étrange
Pré-écriture
Tu reviens da capo en une gymnastique surlogique qui cherche dix solutions dans le magma du médiocre.
Célérité. Observation de la mécanique délirante, grattage, échafaudages et déséchafaudages, allers-retours entre assemblages et désintégrations du scénario obtus. Carrefours, interceptions de pensées, substitutions. Automatismes défaits mais où trouver la place des nouvelles données, ce qui t’empêche de délier ?
Persistance du trouble. Tu ne dors plus et dans ces heures tu t’affoles. Tu penses qu’un autre en toi-même te pense ; qu’il colle si fort au réel qu’il ne veut plus dormir. Tu es pensé, peut-être même agi et emmêlé d’émotions dont tu n’as pas d’images.
Tu reviens glissando entre la veille et le sommeil du lendemain. Tu t’éloignes sans quitter les pièces, les illusions en forme de ta réalité et leurs mesures calculées que tu ne peux tenir ensemble. Tu te condamnes aux gestes des muscles, à la danse de ta main qui se met à écrire. Tous les jours tu reviens aux gestes de ta main / solitaire plaisir.
Ta main, comme un nouvel instrument tu en cherches les notes, la corde vibrante des doigts, les lignes de la paume ; les veines mélodiques de son dos comme des tuyaux musicaux, ses cicatrices comme points d’orgue. Inédites harmoniques / simples doubles triples. Aux appels brefs, aux délivrances courtes mais : insoupçonné pouvoir de sonorisation qui fait gueuler l’heure perdue, son fondement de nostalgie, lent et sourd, qui te plonge dans la guerre de tes langues.
Tu pars de la scène que tu vois, elle te perce comme une flèche ; elle te pique elle te blesse, elle te marque et te ponctue. Piqûres, taches et petits trous, petites coupures du hasard qui te repointent et reponctuent.
Tu fraternises avec tes mythes, tes métaphores, tes obsessions. Tu investis ta jouissance et aussi ta douleur / archétypes du Mal. Tu te fais ton théâtre – d’objets primitifs en un tableau vivant. Tu figures la face immobile et fardée de tous les masques sur tes morts, tu brouilles le sens pur qui se dilue dans leur sang, tu rends tes bruits moins aigus.
L’objet te parle, suggère autre chose que sa lettre et t’enduit de pensées qui te révulsent puis t’effraient / loquaces stigmates qui te zèbrent avec détails. Métamorphose emphatique de ta réalité qui cesse de vaciller sans pour autant se dédoubler. Juste la pointe de ton pied, sa trace et puis son ombre qui prend sa place pour t’essuyer / enfin cohésion sans duel de la matière repoussante se répétant sous les espèces de l’insistance. Passage d’un vide sans expansion rhétorique, développement de l’intraitable / interne explosion qui fait une étoile à la vitre du texte.
Tu écris pour chasser.
(éditions Maelström, 2009)
In che strano paese
Pre-scrittura
Torni da capo in una ginnastica sopra-logica che cerca dieci soluzioni nel magma della mediocrità.
Celerità. Osservazione della meccanica delirante, raschiatura, impalcature e disimpalcature, andirivieni tra assemblaggi e disintegrazioni dello scenario ottuso. Crocevia, intercettazioni di pensieri, sostituzioni. Automatismi distrutti ma dove trovare il posto dei nuovi dati, ciò che t’impedisce di sciogliere?
Persistere del disagio. Non dormi più e in queste ore ti agiti. Pensi che un altro in te stesso ti pensa; che aderisce così forte al reale che non vuol più dormire. Tu sei pensato, forse anche agito e aggrovigliato in emozioni di cui non hai immagini.
Torni glissando tra veglia e sonno dell’indomani. Ti allontani senza lasciare le stanze, le illusioni con forma della tua realtà e le loro misure calcolate che non puoi tenere insieme. Ti costringi ai gesti dei muscoli, alla danza della tua mano che si mette a scrivere. Tutti i giorni torni ai gesti della tua mano / piacere solitario.
La tua mano, come un nuovo strumento ne cerchi le note, la corda vibrante delle dita, le linee del palmo; le vene melodiche del suo dorso come tubi musicali, le sue cicatrici come punto culminante. Inedite armoniche / semplici doppie triple. Agli appelli brevi, ai corti rilasci ma: potere insospettabile di sonorizzazione che fa gridare l’ora perduta, il suo fondo di nostalgia, lento e sordo, che ti affonda nella guerra delle tue lingue.
Parli della scena che vedi, ti perfora come una freccia; ti punge ti ferisce, ti marchia e ti punteggia. Punture, macchie e piccoli fori, piccoli ritagli di azzardo che ti riadditano e ripunteggiano.
Tu fraternizzi con i tuoi miti, metafore e ossessioni. Investi nel tuo godimento e anche nel tuo dolore / archetipi del Male. Improvvisi il tuo teatro – di oggetti primitivi in un quadro vivente. T’immagini il volto immobile e truccato di tutte le maschere sui tuoi morti, offuschi il senso puro che si diluisce nel loro sangue, rendi i tuoi rumori meno acuti.
L’oggetto ti parla, suggerisce altra cosa che la sua lettera e t’induce in pensieri che ti ripugnano poi ti spaventano / stigmate loquaci che ti lasciano zebrature a furia di dettagli. Metamorfosi enfatica della tua realtà che finisce di vacillare senza peraltro sdoppiarsi. Appena la punta del tuo piede, la sua traccia, l’ombra che prende il suo posto per asciugarti / insomma coesione senza duello della materia respingente che si ripete sotto le specie dell’insistenza. Passaggi di un vuoto senza espansioni retoriche, sviluppo dell’intrattabile / interna esplosione che fa una stella sul vetro del testo.
Tu scrivi per cacciare.
da Pré-écriture
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