FILI D'AQUILONE
rivista d'immagini, idee e Poesia

Numero 15
luglio/settembre 2009

In cornice

 

LA CORNICE COME SOGLIA
Rubens visto da Jacques Darras

di Viviane Ciampi



All’interno della cornice esiste il dipinto che possiamo esaminare in molti modi. Uno dei modi più originali è quello di calarsi nei panni del pittore e di ripercorrere tutta la storia che lo ha portato a dipingere la tela in quella determinata maniera perché forse qualcosa d’importante è avvenuto durante la sua creazione. Jacques Darras “in altra vita” come ama dire quasi scusandosi, oltre che poeta e viaggiatore fu anche pittore. Ma in fondo tutti i veri poeti sono “anche” pittori inconsapevoli.
“Obbligare l’occhio a lavorare è imperativo categorico”, scrisse Darras in una sua Lettre a Caspar David Friedrich à Greifswald e a questo imperativo categorico è rimasto fedele, tanto che nel poemetto qui presentato e tradotto per la prima volta in Italia, prende il punto di vista del grande pittore fiammingo (e anch’egli instancabile viaggiatore) Peter Paul Rubens mentre dipinge l’amata moglie Helena Fourment, nuda, sotto una pelliccia nera, nel massimo della sua bellezza, nella stagione grigia in cui lui, invecchiato, vulnerabile ma pur sempre innamorato, ancora ispirato dalla passione per la vita appare in questo dialogo come già proiettato in un al di là.

La mente va indietro a quando nasceva il desiderio tra una posa e l’altra come spesso sarà capitato e capiterà in tutti gli studi degli artisti, quando intenti a osservare la modella, così fragile e prepotentemente bella vorrebbero capire se è fatta di carne e sangue e tenterebbero talvolta un gesto in più, pur sapendo che quel gesto fatidico, quello sfioramento rischia di distruggere o di alterare il sottile equilibrio delle sue guance, il rosa dell’incarnato, la piega della bocca. E forse, a causa di una parentesi potrebbe per sempre rompersi un indefinibile incantesimo. Intanto il silenzio si riempie con qualcosa di grave.
Lo spettatore-lettore rimane dentro e fuori dalla tela per una riflessione sulla bellezza, sulla nascita del desiderio e sullo scambio tra chi guarda e chi è guardato. Rubens avverte il senso della perdita (morirà due anni dopo aver dipinto il quadro) e ne riceve piacere e dolore, in una sorta di “dolce naufragar” leopardiano. Lo si immagina, dapprima con il carboncino pronto a disegnare i contorni dell’amata vista quasi come divinità, mentre valuta quanti strati di colori saranno sufficienti a mettere in luce l’estrema trasparenza della pelle. Ora, in un gesto professionale stringe gli occhi a fessura per contenerla tutta.

Lei, nel suo pallore quieto tenta di dimenticare il freddo, la stanchezza, di mantenere la posa per offrirgli il meglio di sé. Esentata durante lunghe ore dalla realtà del mondo là fuori, traversata da tutto ciò che il cuore e la mente sono in grado di recepire. Non sa verso quale zona del corpo si attarderà Rubens, ma pian piano un dolce calore la invade. Curiosa, chiederà al suo compagno uno specchio per assistere alla progressione del dipinto, per seguire il movimento del pennello, carpirne il segreto? O magari, preferirà la sorpresa finale e saprà attendere fino a quando il dipinto avrà trovato la sua cornice e allora lui prenderà la mano di lei e le farà trovare il quadro amorevolmente appeso in una stanza della dimora.
Sono versi, quelli di Jacques Darras che portano il lettore ad allunghi del proprio pensiero, lo trascinano verso un’angelica oltremisura. Le sequenze incalzano, passo dopo passo, mattone dopo mattone. In una traiettoria d’eleganza, di cantabilità, inaspettati richiami si dispongono in modo quasi naturale nella trama di una dolce, struggente, umanissima vicenda.





Pierre-Paul Rubens dialoguant avec Helena Fourment, sa femme, nue sous une fourrure noire.

La beauté parle avec une voix de femme.

Elle se nomme la beauté, beauté est féminin.

Ceux qui font parler la beauté se nomment les peintres.

Ils demandent à une femme de rester debout devant eux.

Restez debout, s’il vous plaît, restez debout, ne bougez pas.

La beauté consent, la beauté est consentante, la beauté ne proteste pas.

Cela est très important, la beauté est une femme qui consent.

À quoi consent-elle?

À ce qu’on la regarde, qu’un homme la regarde longuement.

Un homme, un modiste un modéliste un couturier un photographe un peintre.

Mieux que tout la peinture, dans la fusion du trait la pâte.

Dans la fusion du fusain que le tissu chasse, que la couleur recouvre.

Une femme attend par consentement qu’un peintre l’habille la déshabille.

Parlent-ils ensemble?

Ils dialoguent cela ne fait aucun doute.

N’échangeraient-ils que deux trois mots avec la voix, ils dialoguent.

Que peut-on faire d’autre avec la beauté que dialoguer avec elle?

La prendre dans ses bras comme un homme prend une femme, la beauté cesse.

La beauté cesse d’être la beauté pour devenir désir réalisé.

Le désir de beauté demande la distance, la distance juste.

La beauté est une image peinte de la beauté.

Une femme s’est tenue debout, assise, couchée pendant plusieurs heures.

Plusieurs séances plusieurs poses.

Plusieurs jours plusieurs semaines, revenez me voir demain s’il vous plaît.

Et l’on imagine que le peintre quelquefois certes n’a pas pu n’a pas dû résister.

Qu’il s’est approché doucement de son modèle, ses brosses reposées.

Et l’on imagine que le modèle a cru à une correction de sa pose.

Et l’on se représente le peintre lui prendre délicatement le bras.

Le déplier, déplier lentement le bras du modèle de la beauté.

Puis souffle coupé, poser la main paume ouverte sur le sein de la beauté.

Poser la paume ouverte doigts légèrement pressants contre son sein.

Le modèle, la beauté s’est demandée, est-ce une correction de pose?

Surprise, la beauté a pu croire à une indication nouvelle.

Puis, non, doucement une fois, non deux fois, reprenez votre pose de peintre.

Puis non, la beauté n’a pas cédé sur la beauté, d’un pouce d’une paume.

Reprenez vos outils de peintre la brosse les pinceaux, a-t-elle dit au peintre.

Quand la beauté était véritablement la beauté imprimant sa distance au désir.

Cela se sera-t-il passé vraiment toujours ainsi, sommes-nous bien sûrs?

Non, pas totalement, pas à chaque fois, il y aura eu des exceptions.

Quelquefois la beauté n’aura pas résisté à son propre désir.

Quelquefois l’émotion de la femme l’aura emporté sur les distances.

Quelquefois sans doute, mais après?

Après s’être remise debout, que se sera-t-il passé?

La beauté aura vraisemblablement repris la pose.

Posé au peintre la question, continuons-nous?

Confus ravi honteux libéré d’être passé à travers la toile maillée du désir, lui.

Lui que fait-il dans cette situation, a-t-il encore le sens des distances en lui?

A-t-il la tension énergique nécessaire en lui pour reprendre ses distances?

Ce sera selon les cas.

Mais dans le cas majeur d’un respect réciproque, le dialogue a lieu.

Le dialogue de la main avec la toile, le crayon l’huile, l’œil les formes.

A lieu le dialogue, cependant l’on n’entend rien.

Rien ne dit rien à rien, le crayon est d’un mutisme total, il trace il écrit.

Et c’est toute cette puissance de dialogues tus, de gestes amoureux mimés.

Toute cette conversation à paroles converties en leur contraire silencieux.

Tout ce long suspens des mots retenus dans les deux bouches fermées.

L’une mince et souriante, comme souriant vers l’intérieur d’elle-même.

L’autre, crispée, lèvres nerveuses par l’appréciation insatisfaite.

Oui ce sera cette retenue de la parole au profit des traits qui donnera la beauté.

La beauté est une femme qui pourrait parler, une femme qui va parler.

Mais chut! qui ne doit pas qui ne peut pas, qui se l’interdit à elle-même.

La beauté est une interdiction faite par la beauté à elle-même.

Est-ce pourquoi nous sommes interdits par elle, interdits par la beauté?

Interdits de la beauté, suspendus de, suspendus à la beauté?

La beauté est un acte d’amour douloureusement amoureusement différé.

À cette condition, cette seule condition la beauté parle.

La beauté dans la peinture parle, taisons-nous à notre tour écoutons-la.

Écoutons-la nous-même parler toutes les paroles qu’elle conserve en elle.

Car la peinture est comme la parole dans une conversation sacrée.

Car la parole est comme le sacre de la parole dans une conversation profane.

Regardez la femme à la fourrure de Pierre-Paul Rubens.

La beauté faite femme dans le regard du peintre d’Anvers.

Ne parlons pas de tout ce que Rubens dit ici avant Rembrandt.

Laissons cela, l’incarnation profane de la beauté, laissons-le à l’histoire.

L’histoire de la peinture l’écrira dans les livres, le parlera dans les micros.

Laissons les autres parler de cela, parler cela.

Une autre conversation a lieu en dessous, au delà, au dedans.

Écoutons Rubens, eût dit le vieil ambassadeur d’Amsterdam Paul Claudel.

Il faut écouter la peinture avec l’oreille, l’œil ligué à l’oreille.

Écoutons Pierre-Paul Rubens, est-ce que vous l’entendez à voix basse?

Il parle, il parle tout en peignant, il appelle à voix basse.

Il appelle son modèle, Helena sa femme, Helena Fourment sa femme.

Il a cinquante-neuf ans soixante-ans, il a environ cet âge, à peu près.

Il n’a plus que deux ans à vivre, il ne le sait pas vraiment, il le sait.

Il le sait comme un homme de cette époque, qui a rempli sa vie.

Il peint sa femme contre l’horizon de la mort, la limite.

Il l’appelle à voix basse, c’est son âme d’amoureux qui parle malgré lui.

Toi qui a dix-huit ans vingt ans ou peut-être plus, Helena ô Helena!

M’entends-tu t’appeler comme je t’appellerai quand je ne serai plus là.

Demain tout à l’heure tu n’entendras plus ma voix je ne t’entendrai plus.

Il n’y aura plus de parole entre nous, je serai dans les nuages du ciel.

Je volerai je monterai parmi les ascensions célestes que j’ai préfigurées.

Serai-je très loin dans le bleu dans l’opacité des vapeurs, qui peut le dire?

Il y aura beaucoup de monde là-haut, je n’ai pas peint l’Enfer, il y aura foule.

Tu ne m’entendras plus te parler, le concert des anges obscurcira ma voix.

Chanter, nous le pouvons, si nous aimons l’indistinction de la musique.

Mais la voix Helena, mais ta voix la mienne converser entre nous, comment?

Par quelle bouche dans quelle langue converserons-nous encore?

Mon oiseau ma chair ma nudité profane m’entends-tu te parler à voix basse?

M’entends-tu te parler à travers la fourrure de sable que j’étends sur ton dos?

Laisse-moi t’enrouler t’envelopper jusqu’à la fin dans un tissu de caresses.

Helena tu es la fille des tapisseries d’Anvers, tu es fourrure tu es fourrement.

Dans notre palais génois d’Anvers quand tu te promèneras, tends l’oreille.

Tu n’entendras ma voix ni au ciel ni sur terre ni d’aucune rive de l’Escaut.

Je ne t’appellerai pas par l’embouchure du fleuve qui passe derrière nous.

Viens à la toile, plutôt, viens au portrait de toi-même ta beauté en fourrure.

Het Pelsken, Het Pelsken, souviens-toi du jour où nous posâmes, toi et moi.

Posâmes des deux côtés de la toile, de la cloison des couleurs notre peau.

Je t’ai faite l’Anvers de moi, je t’ai peinte l’Anvers de toi ma beauté anversoise.

Je t’ai habillée dans la nudité d’Ève notre mère, le renversement du vêtement.

Te regardant mon bleu d’azur ma terrienne nuageuse tu m’entendras te parler.

M’entendant te parler tu me verras te caresser, moi te peignant avec les mains.

La beauté est le souvenir anticipé de tous les gestes d’amour que nous taisons.

La beauté est la toison noire de toutes les nuits qu’auront traversées nos corps.

La beauté est l’envers de nos peaux animales, de nos muqueuses mortelles.

La beauté, nous embrassons la parole avec les lèvres, elle gardera le silence.

(D’après Moi j’aime la Belgique. Poème parlé chanté, L’Arbalète/Gallimard, 2001)


Peter Paul Rubens mentre dialoga con Helena Fourment, sua Moglie, nuda sotto una pelliccia nera

La bellezza parla con una voce di donna.

Si chiama la bellezza, bellezza è femminile.

Coloro che fanno parlare la bellezza si chiamano i pittori.

Chiedono a una donna di rimanere in piedi davanti a loro.

Resti in piedi, per favore, resti in piedi, non si muova.

La bellezza consente, la bellezza è consenziente, la bellezza non protesta.

Questo è importante, la bellezza è una donna che acconsente.

A che cosa acconsente?

A che la si guardi, al fatto che un uomo la guardi a lungo.

Un uomo, un modista un figurinista un sarto un fotografo un pittore.

Meglio di tutto la pittura nella fusione del tratto l’impasto.

Nella fusione del carboncino che il tessuto respinge, che il colore ricopre.

Una donna in attesa consensuale che un pittore la vesta la spogli.

Parlano insieme?

Dialogano non c’è dubbio.

Se anche scambiano soltanto tre parole con la voce, dialogano.

Che cosa si può fare d’altro con la bellezza se non dialogare con lei?

Prenderla tra le braccia come un uomo prende una donna, la bellezza smette.

La bellezza smette di essere la bellezza per divenire un desiderio realizzato.

Il desiderio di bellezza richiede la distanza, la giusta distanza.

La bellezza è un’immagine dipinta della bellezza.

Una donna è rimasta in piedi, seduta, allungata per delle ore.

Più sedute più pose.

Più giorni più settimane, torni a trovarmi domattina per favore.

E immaginiamo che il pittore magari qualche volta non abbia potuto o non abbia saputo resistere.

Che si sia avvicinato piano alla sua modella, posando le sue spazzole.

E immaginiamo che la modella abbia creduto a una correzione della sua posa.

E ci raffiguriamo il pittore mentre le prende delicatamente il braccio.

Piegarlo, dispiegare lentamente il braccio della modella della bellezza.

Poi col fiato corto mentre posa la mano palmo aperto sul seno della bellezza.

Posare il palmo aperto dita leggermente premute sul seno.

La modella, si è chiesta la bellezza, è una correzione della posa?

Sorpresa, la bellezza ha potuto credere a una nuova indicazione.

Poi, no, piano una volta, no due volte, riprendete la vostra posa di pittore.

Poi no, la bellezza non ha ceduto alla bellezza, d’un pollice d’un palmo.

Riprendete i vostri attrezzi da pittore la spazzola i pennelli, ha detto al pittore.

Quando la bellezza era davvero la bellezza che imprimeva la sua distanza al desiderio.

Sarà capitato sempre così, siamo davvero sicuri?

No, non del tutto, non ogni volta, ci saranno state delle eccezioni.

Qualche volta la bellezza non avrà resistito al suo stesso desiderio.

Qualche volta l’emozione della donna avrà avuto la meglio sulle distanze.

Qualche volta forse, ma dopo?

Dopo essersi rimessa in piedi, che cosa sarà accaduto?

La bellezza avrà verosimilmente ripreso la posa.

Avrà posto al pittore la domanda, andiamo avanti?

Lui, confuso felice vergognoso liberato di essere passato attraverso l’armatura di maglia del desiderio.

Lui che cosa fa in quella situazione, ha ancora il senso delle distanze, in lui?

Ha la tensione energica necessaria in lui per riprendere le proprie distanze?

Avverrà secondo i casi.

Ma nel caso probabile di un rispetto reciproco, il dialogo s’instaura.

Il dialogo della mano con la tela, la matita l’olio, l’occhio le forme.

S’instaura il dialogo tuttavia non si sente niente.

Niente non dice niente a niente, la matita è di un mutismo totale, traccia scrive.

Ed è tutta una potenza di dialoghi taciuti, di amorosi gesti mimati.

Tutta quella conversazione con parole convertite nel loro silenzioso contrario.

Quella lunga sospensione di parole trattenute nelle due bocche chiuse.

Una sottile e sorridente, come se sorridesse verso l’interno di sé.

L’altra tesa, labbra nervose per l’apprezzamento insoddisfatto.

Sì sarà questo ritegno della parola a vantaggio dei tratti che faranno scaturire la bellezza.

La bellezza è una donna che potrebbe parlare, una donna che sta per parlare.

Ma sss! che non deve che non può, che lo proibisce a se stessa.

La bellezza è una proibizione fatta dalla bellezza a se stessa.

È perché siamo censurati da lei, censurati dalla bellezza?

Censurati dalla bellezza, sospesi da, sospesi alla bellezza?

La bellezza è un atto d’amore dolorosamente amorosamente differito.

A questa condizione, a quest’unica condizione la bellezza parla.

La bellezza nella pittura parla, chetiamoci a nostra volta.

Ascoltiamola noi stessi parlare tutte le parole che serba in se medesima.

Poiché la pittura è come la parola in una conversazione sacra.

Poiché la parola è come il sacro della parola in una conversazione profana.

Guardate la donna dalla pelliccia di Peter Paul Rubens.

La bellezza fattasi donna nello sguardo del pittore di Anversa.

Non parliamo neppure di tutto ciò che Rubens qui dice prima di Rembrandt.

Tralasciamo questo, l’incarnazione profana della bellezza, lasciamola alla storia.

La storia della pittura la scriverà nei libri, la dirà nei microfoni.

Lasciamo gli altri parlare di questo, parlare di quello.

Un’altra conversazione avviene al di sotto, al di là, al di dentro.

Ascoltiamo Rubens, avrebbe detto il vecchio ambasciatore di Amsterdam, Paul Claudel.

Bisogna ascoltare la pittura con l’orecchio, l’occhio coalizzato con l’orecchio.

Ascoltiamo Peter Paul Rubens, lo sentite a bassa voce?

Egli parla, parla mentre dipinge, parla a bassa voce.

Chiama la sua modella, Helena sua moglie, Helena Fourment sua moglie.

Ha cinquantanove anni sessant’anni, ha circa quell’età, più o meno.

Ha soltanto due anni da vivere, non lo sa fino in fondo, lo sa.

Lo sa come un uomo di quell’epoca che ha riempito la sua vita.

Dipinge sua moglie contro l’orizzonte della morte, il limite.

La chiama a bassa voce, è la sua anima d’innamorato che parla suo malgrado.

Helena, Helena tu che hai diciotto anni venti anni o forse più, oh Helena!

Mi senti chiamarti come ti chiamerò quando non ci sarò più.

Domani tra poco non sentirai più la mia voce non ti sentirò più.

Non ci sarà più nessuna parola tra noi, sarò tra le nuvole del cielo.

Volerò salirò tra le ascensioni celesti che ho prefigurato.

Sarò molto lontano nell’azzurro nell’opacità dei vapori, chi può dirlo?

Ci sarà tanta gente lassù, non ho dipinto l’Inferno, ci sarà folla.

Non mi sentirai più parlare, il concerto degli angeli renderà oscura la mia voce.

Cantare, lo possiamo se amiamo l’indistinto della musica.

Ma la voce Helena, ma la tua voce la mia conversare tra noi, come?

Da quale bocca in quale lingua converseremo ancora?

Uccello mio carne mia mia nudità profana mi senti parlarti a bassa voce?

Mi senti parlarti attraverso la pelliccia di sabbia che stendo sulla tua schiena?

Lasciami stringerti avvilupparti fino alla fine in un tessuto di carezze.

Helena sei la figlia degli arazzi di Anversa, sei pelliccia sei fodera.

Nel nostro palazzo genovese di Anversa quando passeggerai, tendi l’orecchio.

Non sentirai la mia voce né in cielo né sulla terra né in alcuna riva dello Schelda.

Non ti chiamerò attraverso la foce del fiume che scorre dietro di noi.

Vieni alla tela, piuttosto, vieni al ritratto di te stessa la tua beltà impellicciata.

Het Pelsken, Het Pelsken, ricordati del giorno in cui posammo, tu e io.

Tu e io posammo ai due lati della tela, della parete dei colori della nostra pelle.

Ti ho creata l’Anversa di me, ti ho dipinta l’Anversa di te mia bellezza di Anversa.

Ti ho vestita nella nudità di Eva nostra madre, l’inverso dell’abito.

Guardandoti mio blu d’azzurro mia nuvolosa terrena mi sentirai mentre ti parlo.

Sentendomi parlarti mi vedrai carezzarti, mentre io ti dipingo con le mani.

La bellezza è il ricordo anticipato di tutti i gesti d’amore che celiamo

La bellezza è il vello nero di tutte le notti che avranno attraversato i nostri corpi.

La bellezza è l’inverso delle nostre pelli animali, delle nostre mucose mortali.

La bellezza, baciamo la parola con le sue labbra, farà silenzio.


Traduzione dal francese di Viviane Ciampi




JACQUES DARRAS
nato nel 1939 nel Ponthieu vicino alla manica, compone dal 1988 un lungo poema in molteplici canti, La Maye, dal nome di un piccolo fiume che costeggia il nord della Francia. Ha pubblicato, negli ultimi anni, un frammento del Chant VII, Moi j’aime la Belgique! poème parlé marché, Gallimard 2001), il Chant V Vous n’avez pas le vertige ? (Gallimard 2004), e il Chant VI Tout à coup je ne suis plus seul. Roman chanté compté (Gallimard, janvier 2006); La Maye réfléchit (Le cri, 2009). Dirige la rivista "Inuits dans la jungle" (Le Castor Astral) insieme a Jean Portante et Jean-Yves Reuzeau. È docente emerito dell’Università di Picardia dove ha insegnato la poesia angloamericana. Ha tradotto Walt Whitman (NRF/Poésie, Gallimard), Malcom Lowry (Grasset et Denoël), Ezra Pound (Flammarion, traduction collective), Samuel Taylor Coleridge (NRF/Poésie, Gallimard 2007), e anche numerosi poeti britannici e americani contemporanei (Hill, Bunting, Mac Diarmid, Hughes etc.). Ha inoltre pubblicato diversi saggi, tra cui Qui parle l’Européen ? (Le Cri, 2001), Nous sommes tous des romantiques allemands (Calmann-Lévy, 2002) e, più recentemente, Nous ne sommes pas faits pour la mort (Stock, 2006), Les Îles gardent l’horizon, (Hermann, Paris, 2007). Dà vita a letture, sia da solo sia in compagnia dell’attore Jacques Bonnaffé (spettacolo Jacques to Jacques, in tournée dalla sua creazione al Théâtre de la Bastille nella primavera 2005, La Grande Folie de Niki de Saint Phalle et Jean Tinguely creazione al MAMAC di Nizza, ottobre 2007 con Luis Sclavis e Jacques Bonnaffé, e infine Les roses rouges de Rotterdam con Jacques Bonnaffé e Sylvan Kassap). Nel 2004 ha ricevuto il Prix Apollinaire e il Grand Prix de Poésie de l’Académie Française per l’insieme della sua opera, nel 2006.

(foto di Monica Di Carlo)


viviane.c@alice.it