TSF
j’ai pas faim pas faim je veux pas manger les mots ça m’entre dans les oreilles dans le ventre ça prend toute la place ça cogne je peux plus manger ils veulent pas éteindre le poste ils disent tais-toi mange tes petits pois le poste je sais pas ce que ça dit ça dit les informations je sais pas mais ça prend toute la place la place du manger les mots c’est rond ça saute comme les petits pois ça m’entre dans les oreilles dans la tête dans le ventre ils disent arrête de faire la sotte mange ton jambon mais dans le poste y a trop de mots ça dit quoi ça dits é-vè-ne-ments là bas ici j’ai pas compris ça dit morts ? ils veulent pas éteindre le poste ils disent chut tais-toi on écoute moi je veux pas entendre je regarde les petits pois mais j’entends quand même le poste il est sur la table à table il pourrait être dans le plat aussi dans l’assiette découpé en tranches avec les petits pois pour eux y a que le poste ce que dit le poste énèvements é-vè-ne-ments je comprends pas blessés disparus ça dit nattentat ça dit sang c’est quoi nattentat ils se fâchent ça suffit maintenant mange quoi les petits pois je veux pas manger des nattentats j’ai pas faim c’est tout serré à l’intérieur y a plus de place pour la viande pour les petits pois ils veulent pas éteindre le poste la voix on sait pas ce qu’elle va dire encore on attend et ça dit toujours pareil morts évènements soldats et quoi ça sort du poste je me bouche les oreilles et je peux pas tenir ma fourchette et me boucher les oreilles en même temps je serre fort mes mains sur mes oreilles je serre fort mes mains mais je vois leurs yeux je vois qu’ils me regardent ils regardent mon assiette ils regardent mes mains ils disent plus rien juste ils me regardent avec leurs yeux alors je retire mes mains la voix est toujours là mais je vois leurs yeux je retire mes mains je mange mes petits pois avec la voix je mange petit pois par petit pois un à la fois le jambon aussi avec leurs yeux qui regardent je mange
TSF
non ho fame nessuna fame non voglio mangiare le parole m’entrano nelle orecchie nel ventre prendono tutto lo spazio martellano non posso più mangiare non vogliono spegnere la radio dicono zitta mangia i tuoi piselli la radio non so quel che dice dice le informazioni non so ma prendono tutto lo spazio lo spazio del mangiare le parole tonde saltano come piselli mi entrano nelle orecchie nella testa nel ventre dicono smetti di fare la stupida mangia il tuo prosciutto ma nella radio ci sono troppe parole cosa dicono? dicono e-ven-ti laggiù qui non ho capito dicono morti? non vogliono spegnere la radio dicono sss zitta sentiamo io non voglio sentire guardo i piselli ma sento lo stesso la radio è sulla tavola a tavola potrebbe essere nel piatto anche nel piatto tagliato a fette con i piselli per loro c’è che la radio ciò che dice la radio etnevi e-ven-ti non capisco feriti dispersi dice nattentato dice sangue cos’è nattentato s’arrabbiano ora basta mangia cosa i piselli non voglio mangiare dei nattentati non ho fame è tutto stretto all’interno non c’è più spazio per la carne per i piselli non vogliono spegnere la radio la voce non sappiamo che cosa sta per dire ancora aspettiamo e dice sempre uguale morti eventi soldati e che cosa esce dalla radio mi tappo le orecchie e non posso tenere la mia forchetta e nel contempo tapparmi le orecchie stringo forte le mie mani sulle orecchie stringo forte le mie mani ma vedo i loro occhi vedo che mi guardano guardano il mio piatto guardano le mie mani non dicono più niente mi guardano soltanto con gli occhi allora ritiro le mani la voce è sempre lì ma vedo il loro occhi ritiro le mie mani mangio i miei piselli con la voce mangio pisello dopo pisello uno per volta anche il prosciutto con i loro occhi che guardano mangio
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J’ai tué ça existe pas ça existe pas j’ai tué même un moustique ou un papillon existe pas même une fourmi pas vrai que ça existe juste ça fait des grands trous et plus rien ne passe et je suis blanche vide sur le banc je suis blanche plus rien dans la main dans les yeux rien aux lèvres blanche j’ai tué ça veut rien dire même une araignée un serpent c’est dans les grands trous plus rien ne rentre tout est blanc sur blanc on voit plus rien on marche dans plein de blanc personne ne donne la main on peut pas crier non plus on peut pas crier je veux pas c’est rien qui sort de la bouche juste un trou vide j’ai tué ça veut rien dire même une limace un hérisson sur la route jamais vrai disparaît dans le blanc c’est difficile à respirer le blanc et tous ces trous qui empêchent avec toutes les fourmis les papillons les limaces les hérissons les serpents les araignées tous blancs maintenant et les murs les arbres la cour blancs la bouche de la maîtresse ouverte toute blanche qui dit tuer passé composé vide ça existe pas j’ai tué même un dragon ou même une sorcière ou la maîtresse parce que ça fait un grand bruit où y a plus rien plus rien que du blanc avec toutes ces aiguilles qui tirent pour sortir qui tirent la peau dehors qui tirent dans les pieds dans les mains les bras la figure le ventre partout ailleurs aussi pour faire du blanc on peut pas crier on peut pas bouger hurler sauter pour se débarrasser des aiguilles on peut pas hurler je veux pas c’est tout blanc autour on peut pas dire j’ai tué ça existe pas j’ai été tuée qu’on dit
*
Ho ucciso non esiste non esiste ho ucciso anche una zanzara o una farfalla non esiste anche una formica non è vero che esiste solo che fa grandi buchi e più niente passa e sono bianca vuota sulla panchina sono bianca più niente in mano negli occhi niente sulle labbra bianca ho ucciso non vuol dire niente anche un ragno un serpente e nei grandi buchi non entra più niente tutto è bianco su bianco non si vede più niente si cammina in un mucchio di bianco nessuno dà la mano non si può neanche gridare non si può gridare non voglio è nulla che esce dalla bocca appena un buco vuoto ho ucciso non vuol dire niente anche una lumaca un riccio sulla strada mai vero sparisce nel bianco è difficile da respirare il bianco e tutti questi buchi che intralciano con tutte le formiche le farfalle le lumache i ricci i serpenti i ragni bianchissimi ora e i muri gli alberi il cortile bianchi la bocca della maestra aperta tutta bianca chi dice uccidere passato prossimo vuoto non esiste ho ucciso anche un drago o anche una strega o la maestra perché questo fa un gran rumore dove non c’è più niente più niente solo bianco con tutti gli aghi che sparano per uscire che tirano la pelle fuori che tirano nei piedi nelle mani le braccia il viso la pancia ovunque anche altrove per fare del bianco non ci si può muovere gridare saltare per sbarazzarsi degli aghi non si può gridare non voglio è tutto bianco attorno non si può dire ho ucciso non esiste sono stata uccisa come si dice
da J’ai tué ça existe pas, Ed. Color Gang, 2010
DISPARITION
Si je laisse les couvertures étalées on verra tout de suite que je suis dessous mais si je les mets en boule alors peut-être que Maman me verra pas de toute façon le lit est défait vais rester là pas bouger respirer tout doucement surtout pas bouger rien dire Non je suis pas prête ça c’est bien égal être en retard pas bouger presque pas respirer non je suis pas dans la salle de bain ni aux toilettes ni dans ma chambre le coup des couvertures ça marche elle a même pas pensé à regarder là Elle m’appelle plus Nanou est vraiment en colère Fait chaud là-dessous mais faut pas que je bouge si je bouge c’est fichu fait de plus en plus chaud bizarre que Maman me trouve pas elle a pas pensé à regarder sous les couvertures je suis si bien cachée que ça ? vraiment on me voit pas du tout Mais enfin je suis là juste à côté elle me sent pas elle sent pas que je suis là tout près sous les couvertures ? presque elle me touche comment elle peut pas sentir que je suis là C’est pas possible elle a pas vu que je suis tout à côté je suis vraiment bien cachée j’aurais pas cru que j’étais si bien cachée il fait vraiment chaud cachée à ce point là Disparue ? on peut disparaître comme ça ? peut-être que j’ai disparu c’est pour ça que Maman peut pas me trouver sous les couvertures il fait chaud et c’est un peu difficile de respirer si j’ai chaud j’ai pas disparu ? Peur ? peur de quoi ? je suis là tout à côté juste cachée sous les couvertures pourquoi on aurait peur ? c’est pas grave d’être cachée sous les couvertures est-ce que je ne suis pas cachée sous les couvertures ? c’est pas la peine d’avoir peur veux pas aller à l’école c’est tout il fait vraiment chaud de plus en plus chaud et c’est de plus en plus difficile de respirer je vais pas pouvoir rester encore longtemps qu’est-ce que je vais prendre quand je vais sortir Qu’est-ce qu’elle fait ? elle a ramassé le couvre lit et me l’a mis dessus elle regarde sous le couvre-lit par terre et pas sous les couvertures ? ça doit pas être si difficile que ça à voir pourtant ? même si je suis pas grosse elle met le couvre lit sur moi et elle me voit pas sous la couverture peut-être qu’elle est magique cette couverture c’est pour ça que Maman me voit pas peut-être Papa et Maman ont une couverture magique sur leur lit alors j’ai vraiment disparu ? peut-être que même si elle soulève la couverture Maman me verra pas ? J’ai chaud et c’est encore plus difficile de respirer avec le couvre-lit pourquoi elle me trouve pas ? et si je sors et qu’elle me voit pas ? je sors ? si Papa vient ça va barder oui mais si on peut plus me voir ? c’est possible que je sois devenue invisible ? Il fait chaud mais si je sors je sais même pas si Maman va me voir peut-être c’est mieux si je reste là je dors encore un peu après Papa va venir et me sauver me sauver de la couverture magique je sais plus comment sortir il fait chaud et noir et c’est difficile de respirer et j’ai disparu
SCOMPARSA
Se lascio le coperte allargate si vedrà subito che sono sotto ma se le appallottolo allora forse mamma non mi vedrà ad ogni modo il letto è disfatto vado resto lì non devo muovermi respirare piano soprattutto non muovermi non dire niente No non sono pronta è proprio lo stesso essere in ritardo non muoversi quasi non respirare no non sono nella sala da bagno né nel water né in camera la faccenda delle coperte funziona non ha pensato neppure a guardare lì Non mi chiama neanche più Nanou è proprio arrabbiata Fa caldo là sotto ma non devo muovermi se mi muovo è la rovina fa sempre più caldo strano che Mamma non mi trovi non ha pensato a guardare sotto le coperte sono così ben nascosta quanto sembra? davvero non mi si vede per niente Ma insomma sono lì proprio accanto lei non mi sente non sente che sono lì vicinissima sotto le coperte? lei quasi mi tocca come può non sentire che sono lì Non è possibile non ha visto che sono proprio accanto sono davvero ben nascosta non avrei creduto di essere così ben nascosta fa caldo davvero nascosta in quel modo Sparita? si può davvero sparire così? forse sono sparita è per questo che mamma non può trovarmi sotto le coperte fa caldo ed è un po’ difficile respirare se ho caldo non sono sparita? Paura? paura di che cosa? sono lì vicinissima appena nascosta sotto le coperte non mi sono nascosta sotto le coperte? non vale la pena aver paura? non è grave essere nascosta sotto le coperte? non vale la pena aver paura non voglio andare a scuola tutto lì fa caldo davvero sempre più caldo ed è sempre più difficile respirare non potrò restare ancora a lungo chissà come busco appena esco Che cosa fa? ha raccattato il copriletto e me lo ha messo sopra guarda sotto il copriletto per terra e non sotto le coperte? eppure non deve essere così difficile da vedere? anche se non sono grossa mette sempre il copriletto sopra di me e lei non mi vede sotto la coperta forse è magica questa coperta è per questo che Mamma non mi vede forse Papa e Mamma hanno una coperta magica sul loro letto allora sono proprio sparita? forse anche se solleva la coperta Mamma non verrà? Ho caldo ed è ancora più difficile respirare con il copriletto perché non mi trova? e se esco e lei non mi vede? esco? se Papa viene mi stronca sì ma se non mi si può più vedere? è possibile che sia diventata invisibile? fa caldo ma se esco so anche che Mamma mi vedrà forse è meglio se resto qui dormo ancora un po’ dopo Papà verrà e mi salverà mi salvo dalla coperta magica non so più come uscirne fa caldo e buio e è difficile respirare e sono sparita
HYGIENE 02
celles qui ont une baignoire chez elles levez le doigt celles qui se lavent tous les jours levez le doigt celles qui se lavent une fois par semaine levez le doigt
celles qui se lavent pas levez le doigt celles qui crachent levez le doigt celles qui puent levez le doigt celles qui sont blanches et roses écartez vous n’avez pas honte de lever le doigt ? aller plus haut la main quelle profondeur la baignoire ? et le lavabo ? les toilettes sur le palier pas d’eau chaude ? levez la main plus haut plus haut la main de quelle couleur le carrelage montrez vos ongles qui a des poux mettez vous à gauche en rang à droite les baignoires les peignoirs en baignoires eau de cologne tu sens le propre ta raie n’est pas droite le savon tu connais ? quelle horreur elle a du chou-fleur derrière les oreilles vous changez de culotte combien de fois par semaine ? chaussettes trouées j’ai une tâche là et là et là rincer frotter levez la main à droite à gauche en avant marche
IGIENE 02
quelle che hanno vasche da bagno in casa alzate la mano quelle che si lavano tutti i giorni alzate la mano quelle che si lavano una volta alla settimana alzate la mano
quelle che non si lavano alzate la mano quelle che sputano alzate la mano quelle che puzzano alzate la mano quelle che sono bianche e rosa fate largo non vi vergognate ad alzare la mano? forza più in alto la mano che profondità la vasca da bagno? e il lavabo? i bagni sul pianerottolo nessuna acqua calda? alzate la mano più in alto più in alto la mano di quale colore le mattonelle fate vedere le unghie chi ha i pidocchi mettetevi a sinistra in fila a destra le vasche gli accappatoi in vasca acqua di colonia profumi di pulito la tua riga non è dritta il sapone lo conosci? che orrore ha del cavolo dietro le orecchie cambia le mutande quante volte alla settimana? calzini bucati ho una macchia qui e qui e qui sciacquare strofinare alzate la mano a destra e a sinistra e avanti march
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Tes mains babillage tes mains poissons tes mains coupe tes mains cisailles tes mains algues tes mains miroirs tes mains prairies tes mains questions tes mains verglas tes mains vertige tes mains exil tes mains marée tes mains herbe folle t’es mains vipères tes mains aiguilles tes mains béquilles tes mains poulpes tes mains scalpel tes mains illusion tes mains tempête tes mains fumée tes mains couteaux tes mains incendie tes mains panier tes mains battoir tes mains cadenas tes mains poubelle tes mains apnée tes mains cabot tes mains ruisseaux tes mains guillotine tes mains faussaire tes mains balançoire tes mains mensonges tes mains cadeaux tes mains fruits tes mains clepsydre tes mains jungle tes mains blâme tes mains colliers tes mains pioches tes mains gifles tes mains banquise tes mains immobiles et le drap blanc
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Le tue mani cicaleccio le tue mani pesci le tue mani taglienti le tue mani cesoie le tue mani alghe le tue mani specchi le tue mani praterie le tue mani domande le tue mani ghiaccio le tue mani vertigine le tue mani esilio le tue mani marea le tue mani erba matta le tue mani vipere le tue mani aghi le tue mani stampelle le tue mani polpi le tue mani scalpello le tue mani illusioni le tue mani tempesta le tue mani fumo le tue mani coltello le tue mani incendio le tue mani canestro le tue mani mestolo le tue mani lucchetto le tue mani pattumiera le tue mani apnea le tue mani cagnaccio le tue mani ruscelli le tue mani ghigliottina le tue mani falsario le tue mani altalena le tue mani menzogne le tue mani regali le tue mani frutti le tue mani clessidra le tue mani giungla le tue mani biasimo le tue mani collane le tue mani zappe le tue mani banchisa le tue mani immobili e il lenzuolo bianco
in Baccanales, n. 48, novembre 2012
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il a neigé encore tu dors rien ne nous attend la maison et toute cette blancheur respirent de ton sommeil … ce qui s'ouvre sous la glace juste recouvert d'un peu de neige on n'en sait rien … une lettre pour toi tu ne m'en dis rien cela vient se poser sur d'autres silences plus anciens parfois on balaye … des flocons comme des soucoupes l'air est à pois on en attrape un il ne fond pas on le dépose délicatement avec les autres on essaie d'observer les cristaux un à un deux momies de coton blanc … tu dessines sur la glace avec une très fine pointe des traits blancs tu t'es piqué goutte de sang tu finis ton dessin à l'encre … parfois les liens qui sont ailleurs nous rattrapent la neige alors seulement blanche … laisser la neige se poser un flocon sur ta main juste voir cela … avec les mots que tu dis j'invente des histoires que je pose sur la neige j'essaie de me désembrouiller de ceux que tu ne dis pas … le verre sur la table porte la trace de tes doigts l'absence se construit tout autour … j'enfile des morceaux de mémoire perles de neige au printemps … il pleut neige jaunie la nouvelle chute recouvre cette trace indélébile … t'aimer accepter d'être boursouflures d'ombres ta peur un corps difforme et monstrueux … il faut bien que je t'oublie de temps en temps pour vraiment regarder la neige … tu étouffes malgré le froid l'illimitée la neige ne résout pas les barreaux … la glace est solide mais le souvenir des choses fragiles est là on a peur de traverser
*
è nevicato ancora dormi nulla ci aspetta la casa e tutto questo biancore respirano del tuo sonno … ciò che s’apre sotto il ghiaccio appena ricoperto d’un po’ di neve non se ne sa niente … una lettera per te non me ne parli ciò viene a posarsi su altri silenzi più antichi talvolta si cancella ... fiocchi come scodelle l'aria svolazza di piselli se ne acchiappa uno non schiacciato lo si depone delicatamente con gli altri si prova ad osservare i cristalli ad uno ad uno due mummie di cotone bianco … disegni sul ghiaccio con finissima punta bianche righe ti sei punta goccia di sangue finisci il tuo disegno con l’inchiostro … talvolta i legami che sono altrove ci raggiungono la neve allora soltanto bianca … lasciare che la neve si posi un fiocco sulla tua mano solo vedere questo … con le parole che dici invento storie che poso sulla neve tento di svincolarmi da quelle che non dici … il bicchiere sulla tavola porta la traccia delle tue dita l’assenza si costruisce tutt’attorno … infilo lembi di memoria perle di neve a primavera … piove neve ingiallita la nuova caduta ricopre questa traccia indelebile … amarti accettare d’essere rigonfiamenti d’ombre la tua paura un corpo deforme e mostruoso … devo pur dimenticarti di tanto in tanto per guardare la neve sul serio … soffochi malgrado il freddo l’illimitata la neve non risolve le sbarre … il ghiaccio è solido ma il ricordo delle cose fragili è qui si ha paura di attraversare
Frammento da Etat de la neige, Ed. Color Gang, 2011
Le contrôleur chez nous les trains passent à toute vitesse ils emportent le paysage
ils le plient et le déplient à leur guise
La jeune fille chez nous les trains volent ils sont suspendus à un fil
L’homme de tous les jours chez nous les trains sont propres et bien entretenus ils arrivent toujours à l’heure
La femme-plomb chez nous les trains sont des chenilles processionnaires qui traversent le continent
Le contrôleur chez nous les trains s’arrêtent pour boire
L’homme perdu chez nous les trains traversent des ponts infinis au-dessus de rivières bouillonnantes
La femme-plomb chez nous les trains font le tour de la cour
L’homme perdu chez nous les trains sont arrêtés sur la grève les rails se perdent dans la mer
La jeune fille chez nous les trains sont parfois sujets au vertige ils s’accrochent aux nuages
L’homme de tous les jours chez nous les trains sont des chaises alignées les unes derrières les autres
L’homme perdu chez nous on saute du train en marche
La jeune fille chez nous les trains sont des rêves
Le contrôleur chez nous les trains sont des refuges nous nous y sentons bien de n’être nulle part
La femme-plomb chez nous les trains sont des fantômes on entend leur souffle dans la nuit leurs halètements nous réveillent
L’homme de tous les jours chez nous les trains ne s’arrêtent jamais on ne sait pas s’il y a des passagers
Il controllore da noi i treni passano a gran velocità portano via il paesaggio lo piegano e lo dispiegano secondo il loro volere
la ragazza da noi i treni volano sono sospesi ad un filo
l’uomo di tutti i giorni da noi i treni sono puliti e ben tenuti arrivano sempre in orario
la donna-piombo da noi i treni sono processionarie che attraversano il continente
Il controllore da noi i treni si fermano per bere
L’uomo perduto da noi i treni traversano ponti infiniti al di sotto di gorgoglianti fiumi
La donna-piombo da noi i treni fanno il giro del cortile
L’uomo perduto da noi i treni sono fermi sul greto
La ragazza da noi i treni sono talvolta soggetti alla vertigine si aggrappano alle nuvole
L’uomo di tutti i giorni da noi i treni sono sedie allineate le une dietro le altre
L’uomo perduto da noi si salta dal treno in cammino
La ragazza da noi i treni sono sogni
Il controllore da noi i treni sono rifugi vi ci stiamo bene poiché di nessun luogo
La donna-piombo da noi i treni sono fantasmi nella notte giunge il respiro il loro ansimare ci sveglia
L’uomo di tutti i giorni da noi i treni non si fermano mai non sappiamo se vi sono passeggeri
Frammento da le train (di prossima pubblicazione)
*
La vie ne s’est aperçue de rien. La vie a fait comme si de rien n’était. La vie s’est déroulée. Elle ne sait plus. C’était sa vie. Une vie normale. Une famille. Qu’est-ce que c’est, une famille ? Un travail. Des amis. Et ce hurlement sombre et continu. Que personne d’autre ne semblait entendre. Et elle, elle avait une insupportable envie qu’ils l’entendent. Qu’ils l’entendent tous. Elle voulait leur faire entrer dans les oreilles. Dans le ventre. Elle les haïssait de ne rien entendre. Est-ce qu’elle ne criait pas assez fort, pourtant ?
Petit à petit, les mots avaient glissé. Comme sur le toboggan de la piscine, quand les enfants glissent dans l’eau avec un grand plouf. Les petits plouf discrets des mots, un à un tombés à l’eau. Noyés. Au milieu des cris de plaisir et des rires. De tous petits plouf, inaudibles pour les autres. Mélangés aux glissades des enfants, à leurs jeux. Mélangés aux bruits de la vie. Bien sonore, la vie. Bien présente. Bien occupée à être normale. Au jour le jour, bien aveugle et bien sourde, la vie. Bien encombrée par toutes les tâches qui font qu’on ne prend pas garde aux portes qui se ferment les unes après les autres, ni aux mots qui glissent et se perdent…
Aujourd’hui, elle a enterré toutes les tâches dans un grand trou. Bien profond. Elle a bien rebouché avec de la terre mais elle n’a pas replanté l’herbe par-dessus. Elle veut que ça se voie, ce trou. Il faut qu’ils voient qu’elle est sans tâches désormais. Elle a enterré les tâches mais on dirait qu’elle a enterré beaucoup d’autres choses avec sans s’en rendre compte. Des choses que, peut-être, ce serait bien de récupérer… mais elle trop fatiguée, maintenant, pour creuser à nouveau, faire des tris. Tant pis. Elle fait avec. Les choses enterrées et les mots qui glissent.
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La vita non si è accorta di niente. La vita ha fatto come se nulla fosse. La vita si è svolta. Non sa più. Era la sua vita. Una vita normale. Una famiglia. Che cos’è, una famiglia? Un lavoro. Degli amici. E questo grido sordo e continuo. che nessun altro sembrava ascoltare. E lei aveva un’insopportabile voglia che la sentissero. Che tutti la sentissero. Lei voleva farli entrare nelle orecchie. Nel ventre. Lei li odiava di non sentire nulla. Tuttavia, non gridava abbastanza forte?
A poco a poco, le parole erano scivolate. Come sul toboggan della piscina, quando i bambini scivolano nell’acqua con un grande splash. Gli splash discreti delle parole, una delle quali da cadere nell’acqua. Annegate. In mezzo alle urla di piacere e delle risate. Piccoli splash inaudibili per gli altri. Mischiati alle scivolate dei bambini, ai loro giochi. Mischiati ai rumori della vita. Molto presente. Molto impegnata a essere normale. Giorno dopo giorno, parecchio cieca e sorda, la vita. Molto impegnata da tutte le incombenze così che non si fa caso alle porte che si chiudono l’una dopo l’altra, né alle parole che scivolano e si disperdono…
Oggi, ha sotterrato tutte le incombenze in un grande buco. Profondissimo. Ha ricoperto perfettamente con della terra ma non ha ripiantato l’erba al di sopra. Vuole che si veda, questo buco. Devono accorgersi che lei è senza incombenze oramai. Ha sepolto le incombenze ma si direbbe che ha sepolto molte altre cose insieme a loro senza rendersene conto. Cose che, forse, sarebbe bene recuperare… ma è troppo stanca, adesso, per scavare di nuovo, fare delle distinzioni. Pazienza. Lei si rassegna. Con le cose sepolte e le parole che scivolano.
Frammenti da Paesaggi intermittenti (di prossima pubblicazione)
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Le train roule dans les prairies. A quelques pas de la voie un ruisseau serpente. Elle a à peine le temps d’apercevoir l’eau rousse, les taches de lumières, les feuilles mortes qui tourbillonnent. La vitesse enroule le tout en une pelote bien serrée Et les truites se retrouvent abandonnées sur l’herbe. Un fauteuil en plastique blanc est abandonné au bord du torrent en équilibre entre les racines d’un sapin et d’un hêtre. Elle se demande quel pêcheur a fait tout ce chemin avec un fauteuil sur la tête pour ne pas poser son cul sur la mousse.
Les gros rochers immobiles s’entrechoquent et cela fait un tel tintamarre qu’elle est obligée de fermer les yeux jusqu’au prochain tunnel.
Les sapins ont des troncs minces, droits, à la pointe parfaitement aiguisée. De quoi embrocher facilement les fesses d’un géant. Mais il n’y a, à l’horizon, aucun géant disposé à venir s’assoir sur cette pelote d’épingles passées au cyanure par les pluies qui viennent des Grands Lacs.
L’eau a recouvert les rochers de mousse brune mais le sable entre les pierres est resté doré. Régulièrement des chercheurs d’or se laissent prendre au piège et finissent bouffé par les écrevisses.
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Il treno fila nelle praterie. Non lontano dai binari serpeggia un ruscello. Lei ha appena il tempo d’intravvedere l’acqua fulva, le macchie di luce, le foglie morte che volteggiano. La velocità avvolge il tutto in una matassa compatta ed ecco le trote sparse sull’erba. Una poltrona di plastica bianca è abbandonata sulla riva del torrente in equilibrio tra le radici d’un abete e d’un faggio. Lei si chiede quale pescatore ha fatto tutta questa strada con una poltrona sulla testa per non posare il suo culo sul muschio.
Le grandi rocce immobili si scontrano e ne deriva un tale baccano che le tocca chiudere gli occhi fino al tunnel successivo.
Gli abeti hanno tronchi sottili, dritti, dalla punta perfettamente acuminata. C’è di che infilzare facilmente le natiche d’un gigante. Ma non vi è, all’orizzonte, nessun gigante disposto a sedersi su questa matassa di spilli immersi nel cianuro dalle piogge che giungono dai Grandi Laghi.
L’acqua ha ricoperto le rocce di scuro muschio ma la sabbia tra le pietre è rimasta dorata. Di solito i cercatori d’oro si lasciano intrappolare e finiscono sbafati dai gamberi.
Frammento per l’antologia Voix Vives, Ed Bruno Doucey, 2013
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