FILI D'AQUILONE
rivista d'immagini, idee e Poesia

Numero 40
ottobre/dicembre 2015

Forza & Debolezza

 

ATTORNO AL SILENZIO
La poesia di Michel Thion

di Viviane Ciampi



Michel Thion è un poeta dal percorso in un certo senso atipico. Dopo studi presto abbandonati, ha esercitato ogni tipo di mestiere: barman, fabbricante di candele, istruttore di judo, informatico, giornalista e quant’altro. Ma è nel campo delle musiche contemporanee che eserciterà, in seguito, l’essenziale della sua carriera creando, nel 1986 un festival di musica contemporanea « Futur / Musique ». Da qui cronista e critico musicale in riviste molto autorevoli in quel settore, tuttavia non abbandona una propensione per la scrittura della poesia che il nostro pratica – in realtà – da sempre, con pudore e lentezza, quasi clandestinamente.

Già. La lentezza. Un’arte di cui egli diventa maestro. Infatti mentre L’AFAA, Ministère des Affaires Étrangères (Ministero degli Affari Esteri) gli confida la delicata direzione di un’opera intitolata « La musique contemporaine en France en 1994 » (La musica contemporanea in Francia nel 1994), continua a scrivere in parallelo brevi testi in prosa che sondano i misteri del linguaggio e che pubblicherà prima nelle riviste e solo dieci anni dopo diventeranno libri, incominciando con l’editore Cheyne. In seguito scriverà libri dove musicologia e poesia saranno sapientemente intrecciati: «ci vogliono quattro sospiri per fare un silenzio». In tutta la sua opera, M.T. sembra parlare all’orecchio del lettore: «Un poeta, parla a un umano per volta, sensibile». E ancora: «Ciascuno di noi, ciascuna di noi, è solo come un’isola».

Spesso nei suoi versi – in cui di tanto in tanto appare una enigmatica presenza femminile – si possono trovare permutamenti di senso e giochi fonetici purtroppo non traducibili in italiano se non con un'infinità di note a piè di pagina che diventerebbero frustranti per il traduttore. Ecco un esempio trovato ne L’enneigement (l’innevamento) dove fiorisce la stella del freddo, dell’assenza di qualcuno. «[…] c’est l’effet mer» che si può tradurre come «è l’effetto mare», in realtà all’orecchio francese si può ascoltare come «c’est l’éphémère», ovvero «è l’effimero». Mistero e bellezza delle lingue!

Ma i versi sono lì, esistono, limpidi, in tutta la loro evidenza, in tutta la loro nudità. E si depositano con discrezione sulla pagina, viaggiando a passo d’uomo, coi pieni e coi vuoti.

Sembrano andare all’incontrario dell’uomo che genera tanto chiasso. La terra sotto i suoi piedi è l’unica stella che lo rischiara da lontano.

Allora un fulmine li conduce come per mano all’orecchio e alla coscienza del lettore. Si consumano lentamente in un silenzio crescente.




*

Ce soir, c’est à toi que je parle

Oui, à toi seul.

Je suis poète, tu sais, et c’est ce que font les poètes. Ils ne parlent pas aux foules.

Non, un poète parle à un seul humain à la fois, sensible. Un seul à la fois même s’il est plusieurs.

Parce qu’on est seul : tu le sais.

Chacun de nous, chacune de nous, est seul comme une île.

Tu es une île, je suis une île, nous sommes seuls, au-delà de l’horizon.

Mais je sais que tu es là.

Je te sais.

Et tu me connais, moi, ton île si proche.

Ou bien tu ne me connais pas mais tu me sais également. Tu sais ma voix.

Je suis, nous sommes, des îles qui échangent, qui voyagent.

En te parlant, je voyage immobile vers toi.

C’est que les îles sont reliées par la mer et la mer est le chemin que nous parcourons tous.

Si tu regardes bien, nous, les humains, en réalité, nous sommes un archipel.

Parenthèse de culture générale : Archipel, n.m. groupe d’îles dans un espace géographique discontinu.

Toi et moi sommes l’archipel d’un possible, le souvenir d’un futur possible.

Quelle est alors cette mer qui nous sépare et nous relie ?

Je vais te dire, c’est l’océan de la langue.

La langue, cet espace discontinu, le lieu des échanges incertains, parcellaires, maladroits, parfois fuyants, parfois brutaux.

C’est notre espace commun, avec ses creux et ses montagnes.

Pleine de vide est la langue. C’est son paradoxe et sa beauté.

« Là où il n’y a rien, lisez que je vous aime », disait Diderot dans une lettre d’amour à Sophie Volland.

Heureuse femme à qui l’on écrivait de telles merveilles.

Je te parle et, ce faisant, je voyage vers toi.

Et dans les creux, dans les riens de la langue, il y a de l’amour et de la détresse, il y a des significations et des ambigüités, il y a des vertiges et des nuits énigmatiques, dans les vides de la langue il y a l’essentiel.

Les paroles sont des vagues, des marées, parfois des tempêtes, le ressac de la pensée.

Et moi je suis une île poète.

De longue date, je cherche ce que nous sommes et j’en sais très peu.

Je sais seulement aujourd’hui que nous sommes des êtres parlant et délibérant, et riant ensemble.

Délibérant, c’est important.

La parole échangée vaut mieux que la parole proférée, même si, au cœur de notre drame d’humain-île, on n’a parfois pas d’autre choix que de crier.

Mais l'homme qui crie sera sans cesse recouvert d'autres cris, car le monde est ainsi fait que toujours un homme crie.

L'homme qui fait silence ne peut être recouvert de silence, et chacun entendra son silence à l'entour.

Et le silence est le cadeau que chacun fait à l’autre pour que les paroles soient vraiment échangées.

Mon silence n’est pas vide, il est empli de ta parole, il est l’espace pour ta pensée.

La délibération est pleine de silences, pour que chacun, chacune, prenne sa part du festin de la parole, pour que les vagues, les ondulations de la parole voguent en paix vers d’autres îles.

Et puis, quand ma mémoire est en ruines, le silence en est l'archéologue.

Un poète offre ce silence-là.

Ici, placer trois points de suspension.

En grec « Poïesis » c’est l’action de faire en fonction d’un savoir.

Que fait-il, un poète, avec son savoir intuitif de la langue ?

Il écrit avec une gomme au lieu d’un crayon.

Il dessine un murmure au cœur du bruit.

Il fait place à sa table, pour un qui lira.

Il chuchote dans la brume.

Il souffle sur les cicatrices.

Il dort du sommeil de l’éveillé.

Dans chaque ville, il habite rue du silence.

Il sait que la nuit n’obscurcit pas le jour, mais qu’elle le prolonge. Plus tard, elle l’annoncera.

Il a la poésie au bord des lèvres

Il joue le blues avec des cordes de pendus sur la guitare du diable.

Il partage le vin de l’obstination.

Il devient lentement transparent.

Il veut l’éveil du sens.

Il écrit des poèmes à retardement.

Il boit le souffle du soleil. Il le regarde en face, en devient aveugle un instant rouge sang, et puis, au moment où la vue revient par bribes, par éclairs sombres, il lutte pour garder les yeux ouverts et il écrit au milieu des larmes.

« Le monde entier est une scène » nous confie Jacques le mélancolique, la scène d’un théâtre d’ombres, la scène primitive de la caverne de Platon. 

Mais dans un théâtre d’ombres, c’est l’ombre qui est importante, c’est l’ombre qui parle.

Je me souviens de Giono :

« Ils bâtissent avec des pierres et ils ne voient pas que chacun de leurs gestes pour poser la pierre dans le mortier est accompagné d'une ombre de geste qui pose une ombre de pierre dans une ombre de mortier. Et c'est la bâtisse d'ombre qui compte ».

Alors je t’écris des poèmes d’ombre.

Pour que ma parole laisse une trace sur l’eau.

Ici, laisser s’installer un silence troublant, interrogatif, peut-être même perplexe.

Trois autres points de suspension.

Poème en jaillissement ou poème en goutte-à-goutte, qu’importe, c’est ce que fait un poète.

Il parle en silence.

Sa parole dessine le silence comme le pinceau d’encre noire dessine la neige.

Je me souviens d’Antonio Tabucchi :

« Vous aussi vous devez parler. C’est pour cela que la nature a fait de nous des créatures humaines. Si vous dites ne serait-ce qu’une fois non, votre nature humaine sera sauve. Si vous restez silencieux vous aurez vous-même rempli votre bouche de terre. Vous ne serez que des oreilles qui écoutent. Or c’est exactement ce qu’on attend de vous. »

Écoute le paradoxe du poète : se taire n’est pas faire silence.

Le poète fabrique du silence quand il parle.

Chacun de nous est une île, un récif de corail blanc et pourpre qui enserre un volcan, peut-être éteint, peut-être… mais ce volcan vient du centre de la Terre et le centre de la Terre est notre commun berceau.

Et si chacun est le barbare de l’autre, n’oublie pas que chacun est d’abord son propre barbare.

Je me souviens d’Henri Michaux, en 1943, mais ce pourrait être aujourd’hui.

« Dedans c’est la fumée, dehors c’est la fureur.

On embauche les flammes pour la destruction des édifices. On embauche la bassesse humaine pour la destruction des fiertés. On embauche la bêtise et la veulerie dans un immense et composite outil. Et travaille dur cet outil, dur et insolemment, par-ci par-là avec des souplesses, puis de nouveau dur et impudent, lassant la résistance et développant un immense imbroglio.

Mais dur pour qui le subit. Et qui ne le subit pas ?

Le travail creuse, le crachat aussi.

Jusqu’où tomberas-tu ?

Jusqu’où fléchiras-tu, peuple méconnaissable ? »

Je te parle à toi seul.

Je t’offre du silence et de la lenteur pour que nous prenions le temps d’y penser.

Pense à ceci, qu’on n’entend pas l’oiseau marcher dans la neige mais au matin on voit bien qu’il est venu.

La danse du silence est le chuchotement de la nostalgie. C'est qu'il faut quatre soupirs pour faire un silence.

Avant de reprendre le chemin de la parole, je voudrais dire aux amis qui nous accueillent ici,

Je vous regarde en silence et je pense à la douceur que nous partageons. Vraiment, notre rencontre a eu lieu au jardin des silences, à l'ombre des larmes murmurantes.

Nos frères les errants, furtifs comme l'ombre d'un regard, ont repris la route.

Le chemin est leur maison.

Ils possèdent l'art subtil du sourire caché,

leur parole est rare, mais ils ont le dire parsemé de lumières changeantes et graves, ils parlent avec la bouche de lumière.

Ils sont notre légèreté, notre abandon au monde.

Et c’est bon de savoir que, lorsque les maisons de pierres se ferment au verrou les unes après les autres, nos frères les errants nous montrent à construire des maisons de vent, ouvertes à chacune et chacun. Et moi, île-poète, je les habite avec ces poèmes d’ombres et de vent que je t’adresse ce soir.

Alors, songes-y, dans ta solitude partagée :

Je te dis que les abysses sont en nous.

Car sans le silence, la parole est une froide ondulation de l'atmosphère.

Car sans le silence, la parole est un meurtre.

( Pour l'anniversaire de la revue Cassandre )


*

Stasera parlo a te.

Sì, a te soltanto.

Sono poeta, lo sai, ed è ciò che fanno i poeti. Non parlano alle folle.

No, un poeta parla a un umano per volta, sensibile.

Ciascuno di noi, ciascuna di noi, è solo come un’isola.

Tu sei un’isola, io sono un’isola, siamo soli al di là dell’orizzonte.

Ma so che sei qui.

Io ti so.

E tu conosci me la tua isola così vicina.

Oppure non mi conosci e mi sai ugualmente. Tu sai la mia voce.

Io sono, noi siamo isole che si scambiano che viaggiano.

Parlandoti, viaggio immobile verso di te.

Fatto sta che queste isole sono riunite dal mare e il mare è il sentiero che tutti

Percorriamo.

Se tu ci fai caso, noi, gli umani siamo un arcipelago.

Parentesi di cultura generale: Arcipelago, n.m. gruppo d’isole in uno spazio geografico discontinuo.

Tu ed io siamo l’arcipelago d’un possibile, il ricordo d’un futuro possibile.

Qual è quindi questo mare che ci separa e ci unisce?

Ti dirò, è l’oceano della tua lingua.

La lingua, questo spazio discontinuo, il luogo degli scambi incerti, parcellari, maldestri, talvolta fuggenti, talvolta brutali.

È il nostro spazio comune, con i suoi vuoti e le sue montagne.

Piena di vuoti è la lingua. È il suo paradosso e la sua bellezza.

«Laddove non c’è niente, legga che l’ amo», diceva Diderot in una lettera d’amore a Sophie Volland.

Felice la donna alla quale si scrivevano cotante meraviglie.

Ti parlo e, così facendo, viaggio verso di te.

E negli incavi, e nei nonnulla della lingua, vi è amore e smarrimento, vi sono significati e ambiguità, vi sono vertigini e notti sibilline, nei vuoti della lingua vi è l’essenziale.

Le parole sono onde, maree, talvolta tempeste, la risacca del pensiero.

E io sono un’isola poeta.

Da tempo, cerco ciò che siamo e ne so ben poco.

So soltanto oggi che siamo esseri parlanti e deliberanti, e che ridiamo insieme.

Deliberanti è importante.

La parola scambiata vale di più della parola proferita, anche se, al cuore del nostro dramma d’umano-isola, non si ha talvolta altra scelta che gridare.

Ma l’uomo che grida sarà ininterrottamente ricoperto da altre grida, poiché il mondo è fatto in tal modo, che sempre un uomo grida.

L’uomo che fa silenzio non può essere ricoperto di silenzio, e ciascuno sentirà il proprio silenzio attorno.

E il silenzio è il regalo che ciascuno fa all’altro affinché le parole siano davvero scambiate.

Il mio silenzio non è vuoto, è riempito della tua parola, è lo spazio per il tuo pensiero.

La discussione è piena di silenzi, affinché ciascuno, ciascuna, faccia la propria parte al banchetto della parola, affinché i flutti, i marosi della parola ondeggino verso altre isole.

E poi, quando la mia memoria è a brandelli, il silenzio ne è l’archeologo.

Un poeta offre quel precipuo silenzio.

Qui inserire tre punti di sospensione.

In greco «Poïesis» è l’azione di fare in funzione di un sapere.

Che cosa fa un poeta, con il suo sapere intuitivo della lingua?

Scrive con una gomma invece di una matita.

Disegna un mormorio nel cuore del chiasso.

Lascia un posto a tavola per colui che leggerà.

Bisbiglia nella nebbia.

Soffia sulle cicatrici.

Dorme col sonno del non dormiente.

In ogni città, abita in via del silenzio.

Sa che la notte non oscura il giorno, anzi lo prolunga. Più tardi,

lo annunzierà.

Vi è la poesia sull’orlo delle labbra.

Suona il blues con corde d’impiccati sulla chitarra del diavolo.

Condivide il vino della cocciutaggine.

Pian piano diventa trasparente.

Vuole il risveglio dei sensi.

Scrive poesie a ritarda mento.

Beve il respiro del sole. Lo guarda di fronte, ne diventa cieco per un istante

rosso sangue, e poi, nel momento in cui la vista a tratti torna, per lampi oscuri,

lotta per tenere gli occhi aperti e scrive in mezzo alle lacrime.

«Il mondo intero è un palcoscenico» ci confida Jacques il melanconico, il

palcoscenico d’un teatro d’ombre, la scena primitiva della caverna di Platone.

Ma nel teatro d’ombre, ciò che conta è l’ombra, è l’ombra che parla.

Mi ricordo di Giono:

«Costruiscono con pietre e non vedono che ciascuno dei loro gesti per posare la pietra nel mortaio è accompagnato da un’ombra di gesto che posa un’ombra di pietra in un’ombra di mortaio. Ed è l’edificio d’ombra che conta».

Allora ti scrivo poesie d’ombra.

Affinché la mia parola lasci una traccia sull’acqua.

Qui, collocare un silenzio inquietante, interrogativo, perplesso persino.

Altri tre punti di sospensione.

Poesia che sorge o poesia in goccia a goccia, che importa ciò che fa un poeta.

Parla in silenzio.

La sua parola disegna il silenzio come il pennello d’inchiostro nero disegna la neve.

Mi ricordo di Antonio Tabucchi:

«Anche voi dovete parlare. È per questo che la natura ha fatto di noi delle umane creature. Se voi dite foss’anche una volta no, la vostra natura umana sarà salva. Se voi rimanete silenziosi avrete riempito la vostra bocca di terra. Non sarete che orecchie che ascoltano. Quindi è proprio quel che ci si aspetta di voi».

Ascolta il paradosso del poeta: tacere non è far silenzio.

Il poeta fabbrica silenzio quando parla.

Ciascuno di noi è un’isola, uno scoglio di corallo bianco e purpureo che racchiude un vulcano, forse spento, forse… ma un vulcano giunge dal centro della Terra e il centro della Terra è la nostra culla comune.

E se qui ognuno è il barbaro dell’altro, non dimenticare che ognuno è prima di tutto il proprio barbaro.

Mi ricordo Henri Michaux, nel 1943, ma potrebbe essere oggi.

«Dentro è il fumo, fuori è il furore.

Si convocano le fiamme per la distruzione degli edifici. Si convoca la viltà umana per la distruzione delle fierezze. Si convoca la stoltezza e la volgarità in uno smisurato composito attrezzo. E sodo lavora questo attrezzo e con insolenza qui e là con delle duttilità poi di nuovo sodo e impudente, sfiancando la resistenza e sviluppando uno sconfinato imbroglio.

Ma duro per chi lo subisce. E chi non lo subisce?

il lavoro scava, lo sputo anche.

Fin dove cadrai?

Fin dove ti piegherai, popolo irriconoscibile?»

Parlo a te soltanto.

Ti offro silenzio e lentezza affinché prendiamo il tempo di pensarci.

Pensa a questo, che non sentiamo l’uccello camminare nella neve ma al mattino

si vede eccome che è venuto.

La danza del silenzio è il bisbiglio della nostalgia. Fatto sta che occorrono

quattro sospiri per fare un silenzio.

Prima di riprendere il cammino della parola, vorrei dire agli amici che ci

accolgono qui, vi guardo in silenzio e penso alla dolcezza che condividiamo. Davvero il nostro incontro ha avuto luogo nel giardino dei silenzi, all’ombra delle lacrime sussurranti.

I nostri fratelli gli erranti, furtivi come l’ombra d’uno sguardo, hanno ripreso la strada.

Il sentiero è la loro casa.

Possiedono la sottile arte del sorriso nascosto,

rara è la loro parola, ma hanno il dire seminato di luci cangianti e gravi, parlano

con bocca di luce.

Sono la nostra leggerezza, il nostro abbandono al mondo.

Ed è bene sapere che, quando le case di pietra si chiudono col lucchetto le une dopo le altre, i nostri fratelli gli erranti c’insegnano a costruire case di vento, aperte a ciascuno e a ciascuna. Ed io, isola-poeta, le abito con queste poesie d’ombra e di vento che ti dedico stasera.

Allora, pensaci, nella tua solitudine condivisa:

Ti dico che gli abissi ci abitano.

Poiché senza il silenzio, la parola è una fredda increspatura dell’atmosfera.

Poiché senza il silenzio, la parola è un omicidio.

(per l'anniversario della rivista Cassandra)


 

 

  je veux dire, ce qu‘écrit le temps

 

 

Elle disparaît,
elle est l’oubli,
reste une trace du passé.

Mais reste-t-il
une trace de l’oubli ?

 

 

Horloge de neige,
Une étoile,
une seconde,

ou peut-être…
un siècle.

 

 

Il y a les voleurs de neige,
des mendiants aveugles,
de vieux renards,

blanchis
par le temps.

 

 

 

voglio dire, ciò che scrive il tempo

 

 

Lei scompare,
lei è l’oblio,
resta una traccia del passato.

Ma resta
una traccia dell’oblio?

 

 

Orologio di neve.
Una stella,
un secondo,

o forse…
un secolo.

 

 

Vi sono i ladri di neve,
mendicanti ciechi,
vecchie volpi,

imbiancate
dal tempo.

 

 

 

il y aurait voyage

 

 

Les hérons blancs
de Chiyo-ni,
silhouettes d’oiseaux pâles,

disent le cri
de la neige.

 

 

Elle est
l’écriture de l’exil,
élégante et hautaine.

 

 

La neige
cicatrice
de la nuit.

 

 

 

vi sarebbe viaggio

 

 

I bianchi aironi
di Chiyo-ni,
sagome di pallidi uccelli,

dicono il grido
della neve.

 

 

Lei è
la scrittura dell’esilio,
elegante e altera.

 

 

La neve
cicatrice
della notte.

 

 

 

il y a l‘écriture du temps

 

 

Une flèche de neige,
et l’archer la regarde,
tous deux immobiles,

enfin…
presque.

 

 

Elle est le temps
et son petit sourire
ironique.

 

 

Elle tombe,
aussi vite
que la pierre devient sable.

 

 

 

vi è la scrittura del tempo

 

 

Una freccia di neve,
e l’arciere la guarda
ambedue immobili,

insomma…
quasi.

 

 

Lei è il tempo
e il suo sorrisino
ironico.

 

 

Lei cade,
così veloce
che la pietra diventa sabbia.


(da L’enneigement, Ed. La rumeur libre, 2014)




Michel Thion
è nato nel 1947 a Issy-les-Moulineaux. Dopo studi erratici e presto abbandonati, esercita diversi mestieri prima d’incontrare, a 33 anni quello che sarebbe diventato il suo lavoro definitivo: L’azione artistica e culturale nel campo della musica contemporanea. Crea nel 1986 il festival «Futurs/Musiques», ha una attività di cronista e critico musicale al settimanale «Révolution» poi a «Monde de la Musique», e a «Lettres Françaises». L'AFAA (Ministère des Affaires Étrangères) gli offre la direzione di un’opera intitolata «la musique contemporaine en France en 1994».
Scrive poesie da 45 anni. Dal 2008 lavora all’associazione «Arts Résonances» creata dalla poetessa Brigitte Baumié, alla traduzione poetica tra il francese e la Langue des Signes Française (LSF), per dare la possibilità alle persone sorde di poter accedere alla letteratura e alla poesia contemporanea. Proprio in questo ambito è uno dei poeti-animatori del Festival «Voix Vives» di Sète. Egli participa a un gruppo di ricerche sui problemi inerenti il laboratoire SFL (Sciences Formelles du Langage) del CNRS – Università Paris VIII.

(Foto di Lino Cannizzaro)


viviane.c@alice.it